Le photographe marche sur les pas de son ami (comme il le note) en entamant, en février 2016, une sorte de pèlerinage, cheminant dans les ruelles de la médina de Marrakech. «Les Carnets de Marrakech et de Tanger» du photographe tunisien Jellel Gasteli est visible jusqu'au 11 juin prochain à l'Institut français de Tunis. Une exposition des photographies (en numérique) de Jellel Gasteli inspirées des carnets inédits du poète et philosophe Abdelwahab Meddeb dédiés aux villes de Marrakech et de Tanger. Inaugurée le 25 mai dernier, l'exposition, inspirée des carnets inédits du poète et philosophe Abdelwahab Meddeb, invite le public à découvrir (ou plutôt vivre !) ses notes de voyages dédiées aux villes de Marrakech et de Tanger, à travers les clichés de son ami Jellel Gasteli. La galerie de l'IFT abrite, à l'occasion, une sélection de tirages grand format issus des déambulations du photographe dans les ruelles des deux villes marocaines. Elle présente également une partie des carnets manuscrits d'Abdelwahab Meddeb, ainsi que deux ouvrages sur lesquels les deux auteurs ont collaboré ensemble. L'idée du travail photographique a germé, en hiver 2015, en découvrant avec l'épouse de l'auteur Amina Meddeb, des carnets manuscrits inédits sur Marrakech, Tanger, Fès, Tunis, Le Caire, Jérusalem, dans lesquels il consignait ses impressions de voyage. « La précision des descriptions ciselées en quelques phrases notées à la volée, sans ponctuation, portraits rapides, fulgurance des émotions, urgence de l'écriture sur le vif, précision du trait », ont inspiré Gasteli qui a dû sûrement, à la lecture de ses notes, se projeter dans ses lieux...pour y extraire des fragments de murs, des peintures ocres délavées, des dialogues entres surfaces... (Comme on peut le voir dans ses saisissants clichés). Des récits imagés qui racontent la matière et qui l'ont renvoyé à des artistes admirés, à l'instar de Rothko, Klee ou Basquiat, et intimement côtoyés, comme Fouad Bellamine ou Amel Bennys. «Nous dessinons l'idée d'un projet qu'Abdelwahab aurait apprécié faire avec moi, son ami photographe, comme nous avons déjà eu l'occasion de le faire de son vivant», note Gasteli. Et c'est autour de Marrakech et de Tanger, villes que Abdelwahab Meddeb affectionnait particulièrement que revient la primeur de la mise en lumière de ses carnets manuscrits. Un projet nourri de réminiscences, des collaborations antérieures...Le photographe marche dans les pas de son ami (comme il le note) en entamant, en février 2016, une sorte de pèlerinage, cheminant dans les ruelles de la médina de Marrakech « dans une attitude de maître à disciple, lentement, au rythme de sa diction et du timbre de sa voix lorsqu'il lisait à voix haute », souligne-t-il. Jellel Gasteli est né en 1958 à Tunis. Après avoir vécu et travaillé entre Tunis et Paris, il vit actuellement en Tunisie. Il est régulièrement l'invité d'institutions publiques et participe à des événements culturels consacrés aux artistes africains, comme entre autres, l'exposition « Regard des photographes arabes contemporains » à l'Institut du Monde arabe en 2006, les Rencontres de Bamako en 2007, la seconde biennale des rencontres Picha à Lubumbashi en 2010, l'exposition « The Divine Comedy : Heaven, Hell, Purgatory revisited by Contemporary African Artists » au Museum Für Moderne Kunst à Francfort en 2014, la Biennale de Dakar en 2016 et l'exposition « Afrique Capitales » à la Gare Saint-Sauveur de Lille en 2017. Ses œuvres font partie de collections publiques, comme le Fonds National d'Art contemporain (Paris), l'Institut du Monde arabe (Paris), la Maison européenne de la photographie (Paris), le Solomon R. Guggenheim (New-York), le Museum Kunst Palast (Düsseldorf), la Sindika Dokolo Collection (Luanda), le ministère tunisien de la Culture (Tunis)... Ses principales publications sont : Il Fiore Sbocciato aux éditions AF Bari (2001) ; Série Blanche co-édition aux éditions Eric Koehler, Alesco et Agnès. B (1997). En Tunisie, aux éditions Eric Kœhler ; Blanches Traverses du Passé aux éditions Fata Morgana (1991) ; Tanger Vues Choisies aux éditions Eric Kœhler.