Attaque surprise de l'Etat sioniste contre l'Egypte, la Syrie et la Jordanie qui lui permit, en l'espace de six jours, d'étendre son contrôle sur tout le Sinaï, la bande de Gaza, la Cisjordanie, Al Qods-Est et le plateau du Golan Le mot est chargé d'amertume. «Nakça», en arabe veut, en effet dire rechute et déception. Un vocable qui résume un événement marquant de l'histoire contemporaine du monde arabe. Evénement qui remonte aujourd'hui à un demi-siècle (5 juin 1967-5 juin 2017) et que les annales appellent, «guerre des Six-Jours» et qualifient de troisième guerre israélo-arabe, après celle de 1949 et l'agression franco-britannique et israélienne contre l'Egypte (Canal de Suez), en 1956. Evénement que l'on pourrait qualifier d'humiliation ou blessure narcissique, car venu donner un coup dur à près de 15 ans d'enthousiasme des peuples arabes, né grâce au panarabisme socialiste à caractère révolutionnaire, rêveur pour ne pas dire utopique et triomphaliste. Soutenu à tous les niveaux par un Occident qui avait façonné à sa manière le Proche-Orient, depuis le début du XXe siècle, et par une propagande faisant toujours de lui une victime de ses «voisins», l'Etat sioniste agressait le 5 juin 1967, trois parmi eux ainsi et pour la énième fois le peuple palestinien désarmé, et encore sans Etat. Une guerre éclair Ce jour-là, il déclencha une attaque surprise, rapide et massive contre l'Egypte, la Syrie et la Jordanie qui lui permit, en l'espace de six jours (130 heures exactement) et en défiant les décisions internationales de cessez-le feu, d'étendre son contrôle sur toute la presqu'île du Sinaï (Egypte), la bande de Gaza (administrée par l'Egypte), la Cisjordanie et Al Qods-Est (administrés par la Jordanie) et le plateau du Golan en Syrie. Qualifiée de foudroyante et de «guerre éclair», l'attaque surprise permit à l'armée sioniste de détruire au sol l'aviation égyptienne (309 des 340 appareils) et prendre ainsi un sérieux et décisif avantage sur le terrain, et de causer des pertes sérieuses à la Syrie et à la Jordanie. Quant aux pertes sionistes, elles étaient insignifiantes par rapport à celles de ses victimes. Soit 19 appareils seulement abattus et 760 soldats seulement morts aux combats, contre près de 20.000 Arabes entre militaires et civils. Sur les deux autres fronts, les sionistes ne trouvèrent aussi aucune difficulté à devenir maîtres de la situation et n'acceptèrent le cessez-le-feu exigé par Washington et Moscou qu'après avoir conquis des territoires étendus et stratégiques qui vont lui permettre de devenir encore plus arrogant et belliqueux et d'asseoir son idéologie expansionniste. Début avril, des hostilités avec la Syrie, liée par un traité de défense mutuelle à l'Egypte, ont été montées de toutes pièces par les sionistes. Et le 7 avril, les sionistes attaquèrent la Syrie et réussirent à détruire plusieurs avions syriens de combat et survoler d'une manière provocante Damas, la capitale syrienne. Agissements qui poussèrent les pays arabes à protester auprès des grandes puissances et à se préparer à prendre des mesures de rétorsion contre l'Etat sioniste. Côté arabe, la mobilisation médiatique contre l'Etat sioniste battait son plein, surtout après le défilé militaire impressionnant de l'armée sioniste, le 14 mai à Al Qods, à l'occasion de l'anniversaire de la création dudit Etat (1948) alors que la cité sainte était une zone démilitarisée, selon le droit international. Et aussi suite aux campagnes voulant convaincre l'opinion mondiale que l'Etat sioniste était réellement menacé par ses «voisins» arabes, ce qui n'était pas le cas. Prétendant agir en prévision d'une attaque imminente de la part de ses «voisins», surtout l'Egypte, et aussi suite à des escarmouches avec l'armée syrienne, l'Etat sioniste prit, alors, les devants alors même que l'Egypte et ses alliés arabes reçurent de sévères mises en garde de la part des grandes puissances les dissuadant d'attaquer ce dernier. L'Egypte avait, par ailleurs, déclaré le 29 mai, dans le cadre d'une réunion du Conseil de sécurité qu'elle n'avait aucune intention d'attaquer l'Etat sioniste. Parmi les alibis évoqués par les sionistes pour justifier leurs agissements belliqueux, citons le déploiement de forces égyptiennes dans le Sinaï après le départ des casques bleus. Stationnés aux frontières entre l'Egypte et l'Etat sioniste, les forces onusiennes ont été rappelées le 17 mai sur demande de l'Egypte. Celle-ci exigeait avant cela que les Casques bleus devaient aussi être stationnés de l'autre côté, ce que les sionistes avaient toujours refusé. Moins d'une semaine après, l'Egypte procéda au blocage de l'accès du détroit de Tiran (mer Rouge) aux navires sionistes. Ce que l'Etat sioniste considéra comme un acte belliqueux (Casus belli). Un vrai cyclone Au Caire, le régime autoritariste de la Révolution du 22 juillet 1952 conduit par le raïs Jamel Abdennasser, chantre du panarabisme socialiste révolutionnaire, est fortement secoué par l'issue de l'attaque, et des têtes tombèrent, surtout parmi l'état-major des armées. Le Maréchal Abdel Hakim Amer, vice-chef suprême des forces armées, fut ainsi démis de ses fonctions, chose qu'il n'accepta pas et se vit ainsi assigné à résidence surveillée (il se suicidera le 13 septembre 1967, selon la version officielle) pour incompétence et surtout pour ses initiatives désastreuses. Ayant toujours eu une attitude chargée de rivalité envers Abdennasser, il prit, en effet, des décisions qui se sont avérées très graves sans en informer le raïs. Ce dernier décida de son côté de démissionner de ses fonctions et ne reprit le commandement du pays que le 11 juin après de grandes manifestations populaires de soutien l'appelant à réviser sa décision. Sans un jour de retard, Abdennasser et ses collaborateurs entamèrent les réformes au niveau des forces armées et procédèrent à la reconstruction de leurs capacités. Ce qui leur permit de remporter quelques mois plus tard des victoires suite à de petits combats contre l'armée sioniste. L'effort se poursuivit pour aboutir en octobre 1973 à la revanche spectaculaire contre cette dernière. Tout le monde arabe s'est retrouvé traumatisé par cet épisode violent et humiliant mais se convainquit davantage que la lutte pour la libération de tous les territoires arabes, y compris la Palestine, est une cause des plus vitales pour lui, et qu'il n'existe aucune solution juste en dehors de la résistance armée. Et ses alliés du tiers-monde dont le Groupe des 77 et le Mouvement des non-alignés ne manquèrent pas de se solidariser avec lui. La réponse internationale entamée au sein des Nations unies le 17 juillet aboutit à l'adoption en novembre, à l'unanimité de la Résolution n°242 du Conseil de sécurité, qui ordonne entre autres le retrait des forces armées sionistes des territoires occupés lors dudit conflit. Une décision tout de suite acceptée par l'Egypte. L'Etat sioniste continue lui et jusqu'à aujourd'hui de l'ignorer ainsi que la plupart des résolutions onusiennes. Auparavant, les pays arabes tinrent, en août à Khartoum (Soudan), un sommet qui confirma l'esprit de résistance face aux sionistes, surtout en reformulant envers eux les trois fameux «non». Non à la réconciliation, non à la négociation et non à la reconnaissance. Foued ALLANI