Par Foued ALLANI L'encre coulait d'habitude à flots à l'occasion de la commémoration du 44e anniversaire de la Naksa, la rechute. Guerre déclenchée par l'Etat d'Israël et au cours de laquelle il a attaqué, dès le 5 juin 1967 et durant six jours, les pays arabes limitrophes leur imposant une défaite militaire et l'occupation de plusieurs territoires, le Sinaï, restitué à l'Egypte en 1982, la Cisjordanie, Al Qods-Est, la bande de Gaza, évacuée en 2005, mais sous blocus et le Golan syrien toujours occupé (Tel-Aviv prétend l'avoir annexé, ainsi qu'Al Qods-Est). Hier, le sang a coulé plus que l'encre. Des civils sans armes, dont une femme et un enfant sont tombés en martyrs sous les balles de l'armée israélienne en essayant d'accéder au Golan du côté syrien. Une action qui n'avait de portée autre que celle symbolique, rappeler au monde entier que le Golan appartient à la Syrie. Clamer haut et fort qu'Israël en s'obstinant à ne pas vouloir le restituer ne fait que confirmer son statut de force d'occupation et d'agression toujours en porte-à-faux avec la légalité internationale et ne se souciant guère de la paix. Cela explique sans doute pourquoi l'Etat d'Israël a réagi de la sorte car les vérités ont toujours la force de déstabiliser ceux qui veulent les estomper. Tirer hier sur les civils, acte érigé par Israël en politique d'Etat et qu'il vient d'ajouter sans gloire aucune à la longue liste des crimes qu'il ne cesse de commettre depuis sa création en 1948 et même bien avant, était tout simplement gratuit. Il ne peut avoir qu'un seul nom : terrorisme A voir de plus près, la Naksa était en fait une opération similaire, dans le principe, à celles conduites par les sionistes contre les paisibles villageois palestiniens attaqués souvent la nuit par surprise et massacrés froidement, sans aucune pitié même pour les femmes, les enfants et les vieillards. Objectif : semer la terreur, provoquer des exodes massifs et confisquer de nouveaux territoires. Bref attaquer rapidement, causer le maximum de pertes à «l'ennemi» et au moment où il s'y attend le moins . L'attaque de juin 1967 était dirigée cette fois-ci non contre des villageois mais contre les pays voisins et son auteur a profité de sa situation d'Etat hyperarmé et hyperprotégé par l'Occident pour marquer sa suprématie sur le terrain. Il a également profité du sous-développement politique, économique, social et technologique des pays voisins agressés et a voulu leur porter un coup fatal surtout sur le plan psychologique. Il a surtout profité de l'inconscience (pour ne pas dire la bêtise) des gouvernements arabes concernés, plus préoccupés de démagogie que de réels programmes de modernisation de leurs pays respectifs. Gouvernants qui, sous l'emprise d'un orgueil pathologique et injustifié, croyaient pouvoir facilement, le moment venu, en découdre avec l'Etat sioniste. La Naksa a provoqué dès son avènement une blessure narcissique et surtout une crise au sein des sociétés arabes. Remise en question des choix politiques et idéologiques, montée en puissance de mouvements radicaux au sein de la jeunesse y compris ceux à tendance islamiste, etc. Ce n'est qu'avec la guerre d'Octobre 1973 et les avantages acquis par les armées arabes qui l'ont conduite que la blessure a pu un tant soit peu se cicatriser. Les arabes ne comptent plus aujourd'hui sur les conflits armés pour régler leur conflit avec Israël. Ils se sont tournés et depuis plusieurs années vers la voie de la légalités internationale et ont offert à Israël la paix à condition bien sûr que celui-ci accepte de se conformer à cette légalité internationale, d'ailleurs à l'origine de sa création. Chose qui semble encore aujourd'hui utopique à cause de la complaisance et du laxisme des puissances occidentales.