Les réseaux de mendicité sont de plus en plus organisés, ce qui explique que le phénomène a pris de l'ampleur, ces dernières années. Avec l'avènement de la saison chaude, qui coïncide avec la fin de l'année scolaire, et particulièrement durant le mois de ramadan, depuis toujours, la mendicité connaît une véritable recrudescence au niveau du nombre de «mendiants» qui hantent les rues et avenues passantes, les alentours des marchés, des mosquées et surtout des grandes surfaces. Et comme le ramadan de cette année coïncide justement avec la fin de l'année scolaire, des «parents» opportunistes en diable, faisant fi de tout ce qui pourrait heurter ou choquer à vie leurs enfants, leur demandent (ou les obligent) de venir à la rescousse pour augmenter le «chiffre d'affaires familial». C'est que pour certaines familles spécialisées en mendicité professionnelle, tout le monde met la main à la pâte. A la sortie d'une grande surface de l'Ariana, depuis le jour de l'ouverture, est apparu un mendiant qui occupe toujours le même endroit. Les premiers jours, il présentait une blessure qui semblait infectée au niveau de la cheville. Apparemment, il semblait réellement souffrir et par voie de conséquence s'attirait pitié, compassion et mansuétude de la part de tous ceux qui quittaient le magasin ou qui passaient dans les parages. Deux ans après, il est toujours à la même place et porte toujours la même blessure qui ne s'est jamais cicatrisée. Comment fait-il pour vivre avec cette plaie ouverte ? Comment ne s'est-elle pas véritablement infectée ? Cela tient de l'invraisemblable ! Devant une mosquée, un autre mendiant, en guenilles, se poste régulièrement devant la sortie principale, et tous les vendredis, il fait la manche. Connaissant parfaitement les heures des prières, il se précipite sur son vélo pour regagner la mosquée qui est à quelques centaines de mètres de là, à l'effet de poursuivre sa ...quête. L'après-midi vous le trouverez, propre et bien habillé, attablé dans un café avec une «chicha» qu'il semble affectionner particulièrement. Sa journée était terminée et il ne se privait pas de loisirs. Au croisement d'El Menzah 6, juste au niveau du feu rouge, tous les matins, une dame engoncée dans un curieux accoutrement qui ne laisse entrevoir que ses yeux et ses mains, est déposée par son motocycliste de mari ( ?). Elle reste là sous la pluie ou le soleil implacable et n'est recueillie par la même personne, que vers la fin de la journée. Sa façon de «travailler» a quand même évolué, puisqu'elle vous offre des paquets de mouchoirs en contrepartie de ce qu'on lui donne. Cela a été rapporté par beaucoup de médias : des familles «louent» leurs bébés à la journée pour apitoyer davantage les passants. Ces bébés, sous l'effet de somnifères, passent une journée entière exposés au soleil. Personne ne connaît les conséquences de ce traitement inqualifiable et une enquête pourrait révéler bien des surprises. Pour la dernière, un ...employé qui, le vendredi, prend sa.... voiture et va se poster du côté de la mosquée de Nabeul ou d'Hammamet. C'est une façon comme une autre d'arrondir ses fins de mois ! Tous ces exemples signifient, tout d'abord, que la mendicité est un phénomène en pleine expansion. Elle l'est parce qu'elle n'est plus pratiquée par ceux qui sont dans le besoin, véritablement nécessiteux, mais aussi par de faux mendiants qui trouvent qu'elle leur assure, sans effort aucun, des rentrées conséquentes, supérieures à celles obtenues par tout autre travail. Un libraire nous a assuré qu'il échangeait, quotidiennement, les pièces récoltées par ces mendiants contre des billets et la «recette» est ...tentante. Assez pour pousser ces gens à continuer, sans se soucier de rien. Ils sont peut-être dans le besoin, mais les exemples donnés poussent à l'amalgame. L'abus et la mauvaise foi n'ont pourtant rien à voir avec le besoin de subsister à tout prix. Il faudrait convenir qu'il est délicat, voire difficile de soulever ce problème, mais on ne peut s'abstenir de se poser bien des questions à propos d'une situation qui donne une très mauvaise idée du pays. Et il paraît que la saison sera bonne cette année. Il faudrait s'y préparer pour essayer de porter assistance à ceux qui sont véritablement dans le besoin (et bien des associations de bienfaisance agissent dans ce secteur) et faire la chasse à ceux qui s'y adonnent non pas par besoin, mais pour le gain facile et par paresse. Et comme on ne peut...codifier la mendicité, il faudrait, au moins, que les parties intéressées fassent la part des choses et s'occupent d'urgence de la présence de tous ces gamins et gamines, de tous les âges, exposés à tous les dangers, qui écument les rues, se font insistants au point d' être gênants et envahisseurs. Voila une «profession» qui s'organise et dont il faudrait s'occuper. Quant aux vrais nécessiteux, il est urgent de se soucier d'eux pour éviter les dérives et, surtout, protéger ceux qui en besoin d'égards : les enfants.