L'ancien technicien banlieusard affirme avoir prévenu le président du club et le comité directeur que, sans recrutements de qualité, le club allait tout droit vers la catastrophe. «J'étais le premier à prédire la chute, mais je n'étais pas le seul, mon staff était du même avis que moi. Nous avons rapidement fait l'état des lieux. Au bout d'un moment, nous avons remis au président du club un rapport complet. Il fallait recruter six à sept joueurs pour pouvoir se maintenir. L'équipe était mentalement en dessous de ce qu'on demande comme agressivité dans le jeu en première division. C'était très moyen. Nous n'avions pas assez de joueurs de qualité. Le problème, c'est que personne ne nous a écoutés. Les nouveaux dirigeants sont restés sur l'image du club du temps de mon premier passage quand Maher Ben Aïssa était président. On ne peut pas regarder le football avec les yeux de Chimène. Les dirigeants actuels ont oublié qu'avec Ben Aïssa, nous avons mis trois ans à mettre notre projet en place. Avec les nouveaux dirigeants, il fallait tout reconstruire en mettant un nouveau projet sportif en place, chose qui ne s'est pas faite. Malheureusement, quand je suis revenu au club, la première chose dont je me suis rendu compte, c'est que je ne m'entendais pas avec le président. Il n'écoutait pas du tout ce que disait le staff, moi en particulier. Il écoutait la commission technique qui n'avait de technique que le nom. Il n'y avait pas un seul technicien dans la commission, à part monsieur Selmi, mais qui n'assistait pas tout le temps aux réunions à cause de ses engagements. Nous n'avons pas fait les recrutements qu'il fallait, parce qu'il n'y avait pas de projet net. De plus, l'image du club de La Marsa a changé. Les joueurs ne sont plus aussi motivés pour venir au club, comme avant. J'ai arrêté au bout de quatre matches. Je ne pouvais atteindre les objectifs tracés. J'ai préféré arrêter plutôt que de faire une mascarade. Les dirigeants se sont rendu compte au bout d'un moment, car quand je suis parti, il y avait eu quand même un grand malaise. Ils n'ont pas réussi à trouver un coach pendant un mois et demi. Tous les coaches, qui ont refusé de venir, ont vu, comme moi, toutes les faiblesses de l'équipe. Ils ont compris qu'ils ne pouvaient rien faire. Les dirigeants ont commencé à ouvrir les yeux, mais ils ont dû attendre le mercato hivernal. Or, le mercato d'hiver, ce n'est pas le mercato d'été. Le mercato hivernal est fait pour améliorer l'équipe selon des postes ciblés, ou de prêter des joueurs qui manquent de temps de jeu et qui ne figurent forcément pas dans les plans de l'entraîneur. Le mercato hivernal n'est pas fait pour construire l'équipe, d'autant qu'il restait seulement trois voire deux mois de compétition. Quand on fait des recrutements comme l'ont fait les responsables marsois au mois de décembre alors que le championnat allait s'arrêter dans les trois mois suivants, la relégation était inévitable à force de ne pas écouter et de renforcer l'équipe à temps. Avec la formule du play-off et play-out, c'était compliqué. Que des matchs difficiles où il y a peu de football et que des duels. Maintenant que le mal est fait, ce sera très compliqué de remonter. On n'a pas besoin d'être un entraîneur de haut niveau pour le savoir : c'est moins dur de se maintenir que de remonter. Cela va être un marathon. Connaissant les joueurs, bon nombre d'entre eux ne portent pas le label Marsa. Ils n'ont pas l'ASM dans le cœur, car tout simplement ils ne sont pas des enfants du club. Ce sont des professionnels et la plupart vont quitter l'équipe, car reléguée en Ligue 2. Pour remonter, il faut mettre un projet sportif en place, comme je l'ai fait avec Maher Ben Aïssa. Repartir à zéro, avec humilité, tout en sachant écouter le staff technique».