Pris entre le marteau et l'enclume, le ST négocie le mercato hivernal avec plein d'interrogations D'une part, il y a les impératifs de la gestion financière qui rejaillissent sur les grands choix sur ce marché. De l'autre, le projet sportif empêche d'avoir les coudées franches, imposant certaines contraintes. «C'est toute la donne qui risque de pâtir d'un départ massif de joueurs, prévient l'entraîneur Lassaâd Dridi. Je ne suis pas là pour uniquement gérer le quotidien. Enfant du club, je vois plus loin et entends marquer mon passage. Depuis vingt ans, le Stade vit les mêmes problèmes, je crois que nous avons là l'opportunité d'opérer une profonde restructuration. Toutes les catégories s'entraînent sur une même pelouse. On peut rester un grand club sans forcément être riche. Mais il faut à cet effet former des joueurs de qualité pour les vendre plus tard. A l'image d'un Ajax Amsterdam, on peut être un club formateur, tout en jouant pour les titres. Ceci ne contredit pas cela. Le ST n'a pas un président richissime capable d'éponger toutes les dettes. Anouar Haddad et son bureau font de leur mieux, personne ne peut douter un seul instant de cela. Mais il faut une solide Académie des jeunes capable d'assurer un retour d'argent : la qualité du produit doit primer. Cela n'est guère utopique quand on sait que le club a ses grands dirigeants, capables de tracer une stratégie pour le futur, celle de s'investir à fond au niveau des jeunes. Le vivier est là, inépuisable. Les quartiers environnants grouillent de jeunes talents. D'ailleurs, nous disposons aujourd'hui d'une génération talentueuse : onze joueurs de l'équipe première viennent de nos équipes élites et juniors. Si chaque nouveau président s'amuse à débarquer avec un nouvel effectif construit sur la base des recrutements, on ne s'en sortira plus. Jadis, du temps de la présidence de Jalel Ben Aïssa, des fonds très importants furent drainés, et cela a permis de prendre des joueurs et de gagner des titres : Coupe de Tunisie, Coupe arabe, Coupe de la Ligue... Partout dans le monde, il y a des clubs formateurs et d'autres qui jouent pour les titres. En fait, les gens ne retiennent que les résultats, oubliant le fait que le ST dispose de très peu de ressources». Le technicien stadiste craint aujourd'hui que l'effectif soit vidé par un nombre considérable de partants à ce mercato, crise financière oblige. Il trouve qu'un ou deux partants ne bouleverseraient pas trop le travail effectué : «Notre joueur le plus prisé à l'heure actuelle reste le jeune demi offensif Elyès Jelassi, quelqu'un capable de faire la différence, observe-t-il. Je sais qu'on parle le plus souvent de Karim Awadhi, le stabilisateur de l'équipe, celui qui assure un certain équilibre. Mais il faut savoir que sa clause libératoire est de l'ordre de 150 mille euros. Et cela risque de rebuter et de faire réfléchir beaucoup de clubs du pays». Jerbi, Jaziri, Louati et Dramé En contrepartie, le coach «rouge et vert» s'emploie à protéger ses jeunes pousses lancées dans le grand bain par ses propres soins. Et avoue vouloir renforcer son compartiment offensif où le Ghanéen Thierry-Ernest Anang ne parvient pas à s'imposer. Il a coché sur son calepin les noms de quelques avants-centres, demandant à ses dirigeants d'en recruter au moins un : Seif Jerbi, Lassaâd Jaziri, Houssam Louati, Dramé Michailou, ce dernier évoluant actuellement dans le championnat saoudien, au club Al-Najrane : «Il y a deux mois, ce même club d'Al-Najrane m'avait fait une proposition pour aller le coacher», révèle-t-il. «Nous avons eu la chance de réussir des recrutements ciblés la saison dernière : Awadhi, Abdi, Abbès, Marzouki, Kasraoui... Cela a continué cette année avec un excellent gardien, Kaïs Amdouni. Et cela nous a d'une certaine façon aidés à tenir le coup et à jouer un rôle intéressant», rappelle-t-il. Bref, au tournant du marché qui s'ouvre, une interrogation lancinante revient sur toutes les langues du côté du Bardo : faut-il sacrifier le projet sportif sur l'autel du nécessaire équilibre budgétaire et rigoureuse gestion financière ? Dridi était qualifié Dimanche dernier, l'Etoile Sportive du Sahel a formulé une réserve de qualification à l'encontre du défenseur central du ST Emir Dridi qu'elle soupçonne de n'avoir pas purgé la totalité d'une suspension remontant à la fin de la saison dernière. «Dridi se trouve au contraire dans une posture disciplinaire cent pour cent régulière, assure le secrétaire général stadiste, Ayatollah Hlaïem. La gestion de ce volet ne peut souffrir aucune omission, un logiciel nous permettant d'avoir à jour tout ce qui concerne les cartons jaunes et rouges, les suspensions à purger...», relève-t-il.