A une semaine du spectacle du comédien juif d'origine tunisienne Michel Boujneh, prévu le 19 juillet au Musée de Carthage, la polémique se poursuit entre ceux qui appellent au boycott et ceux qui plaident pour son organisation. Lors d'un sit-in observé jeudi en fin de matinée devant le ministère des Affaires culturelles, des dizaines de militants de différents courants politiques et de la société civile ont scandé des slogans contre l'entité israélienne et brandi des drapeaux palestiniens et des banderoles sur lesquelles sont inscrits notamment «Non à la normalisation». Dans une pétition distribuée aux participants, les protestataires ont appelé le ministère et le comité directeur du festival à annuler le spectacle de Michel Boujneh, programmé dans le cadre de la 53e édition du Festival international de Carthage. Les signataires (Front populaire, Mouvement du militantisme national, Mouvement du peuple, le Parti républicain, la Ligue tunisienne pour la tolérance, le Comité national de soutien de la résistance arabe et de la lutte contre la normalisation avec le sionisme, le Forum du dialogue national démocratique, «Ahrar Béja», le Centre d'études Massarat, Réseau «Bab almaghariba», Association «Chebibet Tounès»...) ont souligné leur détermination à faire face à toute tentative de normalisation, dont l'organisation du spectacle de Boujneh «avec tous les moyens légitimes et qui se prêtent», selon le texte de la pétition. Ils ont, dans ce même texte, appelé les citoyens à «manifester pour contrer toute action de normalisation». Dans une déclaration à l'agence TAP, Slaheddine Masri, président de la Ligue tunisienne pour la tolérance, a précisé que «la programmation de Boujneh en Tunisie constitue une forme de normalisation culturelle avec Israël». Il a, dans ce sens, rappelé que «Boujneh a affiché son appartenance à l'entité sioniste et a défendu ses dirigeants, dont Sharon, et a justifié les crimes sionistes commis contre le peuple palestinien», selon ses propos. Et d'ajouter : «La Tunisie a été victime d'attaques sionistes en 1985 à Hammam-Chatt et c'est pour cette raison que nous revendiquons l'annulation du spectacle et l'institution d'une loi qui criminalise toute forme de normalisation avec l'entité sioniste». M. Masri a, par ailleurs, signalé que «des réunions auront lieu entre les organisations antisionistes et l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) pour examiner les formes d'escalade à prendre au cas où le spectacle serait maintenu». Pour rappel, le ministère des Affaires culturelles a, dans un communiqué publié le 5 juillet dernier, réaffirmé son engagement «à ne pas intervenir dans les contenus et les programmations des festivals, tout en se disant prêt à engager des concertations avec les parties concernées à ce sujet». Un sit-in a été observé le vendredi 7 juillet à l'initiative de l'Association des partisans de Palestine au cours duquel les protestataires ont souligné la nécessité de boycotter le spectacle de Michel Boujneh. L'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) avait appelé à annuler ce spectacle pour confirmer le rejet de toute forme de normalisation avec l'entité sioniste et le soutien du peuple palestinien dans sa lutte contre l'occupation israélienne. Toutefois, d'autres composantes de la société civile, des intellectuels et des politiciens ont soutenu l'organisation de ce spectacle, appelant les partis politiques et les composantes de la société civile, et à leur tête l'Ugtt, à mettre la création artistique à l'écart de toute forme d'instrumentalisation.