L'exploitation des hydrocarbures incarne l'un des dossiers les plus polémiques ces dernières années. Des soulèvements sociaux ont pris parfois des tournures graves, à l'instar de ceux d'El-Kamour. Ils contestent l'attribution des licences d'exploitation ou le contenu des accords de recherche. Des députés revendiquent la réouverture des affaires suspectes L'Assemblée des représentants du peuple passe la vitesse supérieure en organisant des séances publiques tous les jours de la semaine en cours. Contrairement au calendrier habituel des sessions parlementaires, ce n'est pas mardi que la première plénière est tenue mais lundi. Au-delà de ces particularités, les mauvaises habitudes ont repris le dessus. Hier, la séance a commencé en retard de deux heures. C'est un record. Hier encore, un député de Nida Tounès a rejoint un autre bloc. Ainsi, la répartition des trois premiers groupes de l'hémicycle attribue 69 sièges à Ennahdha, 58 sont occupés par Nida Tounès, le bloc El Horra de Machrou Tounès vient d'être renforcé par une nouvelle adhésion. Il compte désormais 24 parlementaires. Quatre points sont à l'ordre du jour : projet de loi 56/2017 relatif au permis de prospection des hydrocarbures, dit permis «Nefzaoua» ; un autre texte de loi similaire, permis «Douiret» ; élection des membres de l'instance d'accès à l'information et, enfin, examen de la proposition de loi relative au règlement intérieur de l'Assemblée des représentants du peuple. Ce dernier point a été avancé suite à un vote pour être examiné en troisième lieu. Sous la présidence de Mohamed Ennaceur, en présence de 120 élus, de la ministre de l'Energie, Hela Cheikh Rouhou, et des membres de son cabinet, la séance démarre par une note de colère. L'Assemblée des représentants du peuple a tenu à exprimer une solidarité indéfectible à l'endroit du peuple palestinien qui ploie sous le joug de la colonisation depuis 1948. Tour à tour, les présidents des blocs parlementaires ont protesté vivement contre la fermeture de la mosquée Al Aqsa, à la suite de l'attaque à l'arme à feu de trois policiers israéliens, survenue vendredi dernier, dont deux ont décédé des suites de leurs blessures. Depuis l'an 2000, c'est la première fois que l'esplanade est fermée, personne n'a le droit d'y accéder même pas les personnes âgées. « Marionnettes des sociétés étrangères » L'exploitation des hydrocarbures incarne l'un des dossiers les plus polémiques ces dernières années. Des soulèvements sociaux qui ont pris parfois des tournures graves à l'instar de ceux du Kamour, contestent l'attribution des licences d'exploitation ou le contenu des accords de recherche, et revendiquent de la transparence et la « nécessaire redistribution de la rente pétrolière », si tant est qu'il puisse exister une rente. Le propos du débat général et allé dans ce sens. Des parlementaires, à l'instar de Samia Abbou, n'ont pas ménagé leurs mots pour assimiler la convention de prospection à « une mascarade qui tente de manipuler le contenu des accords de recherche ». Chafik Ayadi a contesté, lui, les attributions « aux grandes entreprises étrangères qui accaparent toujours la part de lion ». Zouhair Maghzaoui, évoquant les manifestants du Sud du pays qui revendiquent davantage de transparence dans l'octroi des autorisations d'exploitation, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère, conseillant aux ministres de l'Energie, autant qu'ils sont, de préserver la souveraineté nationale et de refuser d'être les « marionnettes des sociétés étrangères ». Même son de cloche chez Adnène Hajji qui revendique, lui, la réouverture des affaires suspectes, et conseille à l'Etat « d'étendre sa souveraineté sur ces dossiers ». Soulef Ksontini demande, quant à elle, la réalisation d'audits des factures relatives aux contrats de prospection des hydrocarbures. Au cours de sa brève intervention, la ministre de l'Energie a tenté de lever les suspicions, précisant que chaque permis de recherche est soumis à l'Assemblée pour validation, que tous les documents relatifs à chaque accord de coopération dans le domaine de l'énergie, ainsi que les PV des séances avec les partenaires sont actés et seront fournis à leur demande aux parlementaires. Finalement, le projet de loi a été voté avec 109 voix, 12 absentions et 10 contre. Comme quoi la majorité parlementaire est parfois une bonne chose.