La campagne de déplacement de quelque 700 vendeurs des principales artères de Tunis n'aurait pas pu être menée avec autant de brio si elle n'avait pas été préparée à l'avance A la fin des années 1990, le maire de Tunis, Mohamed Ali Bouleymane, parvenait à délocaliser les marchands de la rue Zarkoun vers ce qu'on appelle, aujourd'hui, le Souk Moncef Bey. Cet espace commercial à cheval entre les circuits organisés et le secteur informel profite à plusieurs centaines de commerçants. Parmi ces derniers, certains sont devenus, carrément, des millionnaires, voire des milliardaires non déclarés, grâce à la vente de marchandises de provenance (parfois) douteuse. Cette «prospérité» suscite, bien sûr, des jalousies et pousse à commettre l'irréparable. Les incendies de ce souk en 2008, 2012 et 2015 (le mystère reste insoluble) en disent long sur les luttes souterraines que pourraient se livrer des bandes pour le contrôle des intérêts et des profits à tirer du commerce dans ce circuit. Commerçants millionnaires Ce qui se passe, actuellement, dans la capitale et dans d'autres villes du pays s'inscrit dans le cadre d'une reprise en main des affaires et vers le rétablissement de l'Etat de droit. En effet, des actions vigoureuses sont menées partout par le gouvernorat de Tunis pour démanteler, entre autres, les étals anarchiques et recaser les vendeurs dans des endroits aménagés à cet effet. L'opération coup de poing n'aurait pas été aussi aisée si elle n'avait pas été précédée d'une action efficace contre des contrebandiers et des individus corrompus. L'intervention contre les gros bonnets a, relativement, contribué à baliser la route devant les efforts d'application de la loi. En tapant fort sur ces « gros poissons », l'Etat a donné l'exemple aux autres. Il n'y aura plus d'impunité. Aussi, ces vendeurs ont-ils été contraints à ne plus opposer de résistance. Pour les habitants du Grand-Tunis, et particulièrement la capitale, les résultats sont nets et sans bavures. La campagne de déplacement de quelque 700 vendeurs des principales artères de Tunis n'aurait pas pu être menée avec autant de brio si elle n'avait pas été préparée à l'avance dans ses moindres détails. Des discussions difficiles avec des interlocuteurs récalcitrants ont été nécessaires. Au bout de plusieurs mois d'efforts de la part du gouvernorat de Tunis, avec à sa tête le dynamique gouverneur Amor Mansour, un compromis a pu être dégagé. On peut le constater, aujourd'hui, la capitale a retrouvé son calme et sa quiétude du début des années 80. Les rues ont été rendues aux piétons et aux véhicules. On peut, désormais, circuler sans crainte d'être importuné par ces gens qui occupaient indûment et impunément les espaces publics. Le gouvernorat de Tunis a tout fait pour accéder à l'essentiel des demandes des commerçants. Les places qui leur ont été concédées dans les cinq espaces répartis au centre-ville ont fait l'objet d'accord avec leurs représentants reconnus. Si, pour le moment, on assiste à quelques mouvements de protestation au niveau d'El Kherba (du côté de Bab Jazira), le climat général est au beau fixe. Les forces de l'ordre tiennent les choses en main et contrôlent la situation. Les prétextes invoqués par les contestataires ne tiennent pas. En effet, ils invoquent l'absence, par exemple, des structures sanitaires sur les lieux de travail. Pourtant, ils oublient que lorsqu'ils occupaient les rues de la capitale, ils ne disposaient pas de ces installations. Toujours est-il que les autorités ne vont pas s'arrêter en si bon chemin. Il y aura, sûrement, d'autres mesures pour faciliter les conditions de travail de ces marchands. L'ouverture probable de deux autres nouveaux espaces n'est pas exclue. D'ailleurs, on pense qu'après un mois de leur installation dans les différents espaces aménagés, ces commerçants ne peuvent pas évaluer les conséquences de ce transfert. Mais, d'ores et déjà, l'exemple des commerçants de Boumendil est édifiant. Ces gens gagnent bien leur vie et ce sont les clients, eux-mêmes, qui viennent à eux. Il en sera de même pour les nouveaux occupants des cinq espaces réservés par la ville de Tunis. Il reste, néanmoins, à appliquer la loi à tous ceux qui ne veulent pas s'y appliquer. Les propriétaires des boutiques, qui n'avaient pas cessé de se plaindre de leur sort à cause de ce fléau des étals anarchiques, ne doivent pas en faire de même et occuper l'espace cédé par les vendeurs ambulants. La loi est la même pour tous. En la respectant, on facilite le travail des différents commerces d'autant que l'impression qui prévaut chez tous les propriétaires de locaux commerciaux est à l'optimisme. Pourvu que l'ordre prime.