Par Abdelhamid Gmati On s'est félicités des résultats des épreuves du baccalauréat qui ont révélé la qualité de plusieurs jeunes élèves (filles et garçons). Mais on a été étonnés, voire choqués, d'apprendre que 7.000 élèves ont eu un zéro dans l'examen de la langue française et 5.000 autres dans celui de la langue anglaise. On peut bien comprendre qu'un élève ne soit pas « doué » pour les langues et normalement, il aurait eu une mauvaise note. Mais un zéro ? A quoi ont donc servi les dix années d'apprentissage des langues ? Est-ce la faute aux élèves ? Ou aux enseignants, trop absorbés par les grèves pour s'occuper des connaissances de leurs élèves ? Quoi qu'il en soit, une professeure de langue arabe a affirmé l'existence d'une grande confusion cette année dans l'épreuve arabe section sciences lors de la session principale du baccalauréat 2017 : les questions étaient présentées d'une manière confuse et inexacte mettant les élèves devant plusieurs possibilités, ce qui a causé une confusion et a eu un impact direct ou indirect ayant affecté leurs notes. Ont-ils eu de mauvaises notes ou des zéros ? Mais on constate que ces zéros ne se comptent pas seulement dans l'enseignement. Certains automobilistes méritent des zéros de conduite. D'après l'Office national de la sécurité routière, on a enregistré, entre le 27 mai et le 20 juillet, 806 accidents ayant engendré 223 morts et 1.397 blessés, la plupart occasionnés par des erreurs de conduite (excès de vitesse, dépassements inconsidérés, inattention...). Que dire des députés qui ignorent la fête de la République ? Mardi dernier, une cérémonie a été organisée pour les élus de la nation, en présence du président de la République, Béji Caïd Essebsi, du président de l'ARP, Mohamed Ennaceur, et du chef du gouvernement, Youssef Chahed, ainsi que de certains membres du gouvernement et de plusieurs autres convives. Selon un fonctionnaire de l'ARP, seuls 47 députés ont daigné être présents. Pourtant, Mohamed Ennaceur avait invité les 217 élus. «Une honte», estime un ancien parlementaire. En admettant qu'il y ait des députés qui n'aiment pas la République (c'est pourtant grâce à ce régime qu'ils sont là), ils devraient se rendre compte qu'ils ne représentent pas seulement leur personne mais ceux qui les ont élus et ceux-là sont attachés à la République. Un zéro de conduite bien mérité. Jeudi dernier, lors de la plénière à l'ARP, le ministre des Finances par intérim, Fadhel Abdelkefi, a dû subir les attaques et l'insolence de certains députés, l'accusant ainsi que d'autres membres du gouvernement «d'escroquerie, de corruption et de compromettre l'avenir du pays». Parmi eux, l'inénarrable Samia Abbou, devenue coutumière de cet exercice de manque de respect injurieux. Là, le ministre ne s'est pas laissé faire et a répliqué. «Il n'y a pas plus facile que l'insolence, je pourrais aussi m'y mettre». Et il a invité les députés «incapables de servir l'intérêt du pays à aider, au moins, en gardant le silence». Et pan sur le bec ! Dans une interview accordée à la chaîne qatarie, qui ne rate aucune occasion pour dénigrer la Tunisie, l'ex-président Moncef Marzouki est revenu sur l'attaque de l'ambassade américaine, le 14 septembre 2012, critiquant l'armée et les forces de sécurité et s'attribuant le beau rôle. Immédiatement, il a été démenti par l'ex-ministre de la Défense, Abdelkrim Zbidi, par l'ex-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Touhami Abdouli, et par l'ex-chef d'état-major des armées, Rachid Ammar. Celui-ci estime même que Marzouki est indigne du titre d'«ex-président» et de chef suprême des forces armées et demande que ces titres lui soient retirés. Et les avocats Abdessattar Massaoudi et Mohamed Ben Brahim se réfèrent aux articles 61 (trois) et 60 (quatre) du code pénal qui incriminent Moncef Marzouki de violation du secret défense et du droit de réserve qui le liait. Et par conséquent, il devient passible de passer devant le tribunal militaire. Arrêtons là les frais, car des zéros de conduite, il y en a à profusion. Certains plus graves que d'autres dans leurs conséquences. Cela fait partie de ce climat délétère qui permet à tous de faire et de dire n'importe quoi.