La fondation «Djerba développement durable» verra le jour le 5 août prochain à Djerba. En voici un avant-goût Sur l'île de Djerba on voit des constructions avec de la pierre rouge provenant de Dar Chaâbane à Nabeul. D'autres édifices notamment commerciaux se sont même offert des façades en verre suscitant la moquerie des étrangers qui ont du mal à en comprendre la ou les raisons. Pourquoi introduire les façades en verre dans un pays baigné de soleil ! Réponse: à Djerba on ne construit pas intelligent, on construit pour en mettre plein les yeux et puis il faut croire que le goût des propriétaires s'est carrément «clochardisé» et la municipalité laisse toujours faire. C'est à croire qu'il faut créer des «brigades pour le bon goût». Et ce n'est qu'un côté de ce que cette île magnifique est en train de subir comme assauts sans parler bien entendu des problèmes environnementaux et des atteintes au patrimoine qui se font au quotidien. C'est pour faire front à ce genre d'assauts parmi tant d'autres que la fondation «Djerba développement durable» est née : il s'agit bien d'une fondation et pas d'une association comme il y en a à profusion sans synergie aucune. Une plateforme moderne La sauvegarde et la mise en valeur de l'île de Lotophages est l'objectif principal de cette fondation qui a choisi pour nom «Djerba 3D», les trois «D» étant par référence à «Djerba Développement Durable». Pour la réalisation de cet objectif, la fondation a préféré sortir de l'image figée des structures connues et de brasser large en touchant à tous les domaines qui constituent des axes majeurs de l'île, à savoir l'art la culture, la sauvegarde du patrimoine mais aussi l'économie, l'environnement et tout ce qui contribue à préserver les richesses de cette île pour les générations futures, à savoir le développement durable. Pour cela, la fondation s'est donné pour but de fédérer des hommes et des femmes amoureux de cette île,de son histoire, de son charme, de sa magie ou de son air «si doux qu'il empêche de mourir», comme l'écrivait Gustave Faubert. Rassembler et fédérer ces hommes et ces femmes, peut-être dans une dernière tentative de sauver l'île, au sein d'une structure représentative, innovatrice et performante. Cette nouvelle fondation semble s'être donné les moyens pour concrétiser ses objectifs et contribuer à créer une dynamique certaine en intéressant aussi bien les artistes que les acteurs financiers et les défenseurs de l'environnement. A notre sens, il est bien temps qu'une structure de ce genre voie le jour en rassemblant autour d'elle l'élite et les forces financières de cette île aussi bien en Tunisie qu'à l'étranger parce que l'expérience à démontré jusque-là que la bonne volonté seule de quelques individus est insuffisante, que sans la création d'un vrai réseau qui pèse de tout son poids dans toutes les instances, Djerba restera abandonnée à son sort et ressemblera un jour à n'importe quel quartier glauque d'une banlieue. Point de départ La rencontre, qui aura lieu au Parc Djerba explorer le 5 août prochain, servira de point de départ à cette plateforme qui tente de relever des défis jusque-là insurmontables. Un rendez-vous donné aux Djerbiens mais aussi à tous les amoureux de l'île pour participer au lancement de cette première fondation que voit l'île de Djerba qui n'abandonne pas son combat pour être inscrite au Patrimoine mondial protégé par l'Unesco. Une fondation qui aura sa «Maison» sur un terrain offert par un «enfant de l'île» et qui abritera aussi bien les locaux de «Djerba 3D» que plusieurs activités culturelles sur toute l'année. La fondation souhaite également inscrire Djerba dans le «Green Project», une initiative responsable qui préserve la faune et la flore de l'île tout en œuvrant pour sa modernité. «Djerba doit devenir un modèle de modernité tout en s'inspirant des savoir-faire et des traditions ancestrales pour qu'elle reste une île jardin, un musée à ciel ouvert entouré de mer et de palmiers», écrivent les fondateurs. La sauvegarde et la mise en valeur de Djerba dans ce projet passent aussi par un fonds d'investissement pour le financement des grands projets, des associations, des groupes de chercheurs et des collectifs. Au programme de la soirée du lancement le 5 août à partir de 20h00, nous assisterons à la présentation de la fondation par son président Mohamed Ben Jemaa, des interventions du Doyen Fadhel Moussa sur «le particularisme des îles entre constitution et législation», de Ghazi Ghrairi, ambassadeur-représentant permanent de la Tunisie auprès de l'Unesco, sur «le projet d'inscription de Djerba au patrimoine mondial de l'Unesco», de l'architecte Sami Mimita, le neveu de Ajmi Mimita sur «Djerba modèle d'architecture durable : cas de la maison de la Fondation», et Mahfoudh Barouni, chef d'entreprise, sur «le modèle financier de la fondation pour le développement durable de Djerba». Notre vœu est que cette initiative ne soit pas seulement une énième tentative vaine pour sauver l'île et qu'elle trouve sa vitesse de croisière et pèse de tout son poids dans les instances de décisions pour sauver les meubles, pour au moins dessiner des lignes de développement durable infranchissables par des équations inconnues. Nous sommes, à peu près, certains que les insulaires seront unis cette fois loin de tout ego surdimensionné et de toute querelle de clocher. L'avenir nous le dira. Bon vent.