Les ravages provoqués par les incendies resteront à jamais gravés dans la mémoire des habitants sinistrés qui ont vu une grande partie de leurs biens partir en fumée. Le début de ce mois d'août a été on ne peut plus éprouvant pour les équipes chargées d'éteindre les nombreux incendies qui se sont déclarés dans plusieurs forêts situées dans la région du nord du pays et dont les origines sont parfois criminelle. Par-delà ces feux qui ont déjà ravagé des milliers d'hectares de pin, de chêne, de chêne-liège et de broussailles, ce sont les grosses frayeurs que la population des zones forestières, affectées par les incendies, a endurées pendant plusieurs jours, la mort dans l'âme Autant dire que le bilan des incendies a été certes lourd pour la végétation et la faune sauvage. Il a eu également des conséquences cauchemardesques pour les habitants, qui demeurent, encore sous le choc et qui sont toujours hantés par la peur du retour des feux, d'autant plus que la météo demeure capricieuse. Aujourd'hui, plusieurs habitants vivent sous tension et ne dorment que d'un œil. Ils sursautent au moindre bruit. Le crépitement des flammes leur fait peur et l'odeur âcre de la fumée réveille désormais en eux de douloureux souvenirs. Une grande partie des biens des habitants détruite Dans les localités de Ouled Helal, El Hambra et Khmayra du côté de Ain Draham tout comme dans les localités affectées par le feu à Fernana en aval de la forêt de Kroumirie plusieurs familles vivent dans l'angoisse. Salah, un homme d'un certain âge, se souvient des péripéties de la fuite des habitants de Sidi Saîd après l'arrivée du feu qui a ravagé leurs habitations et une partie de leurs biens. Laissant derrière eux des poules, des chats, des ovins calcinés... ces hommes et ces femmes ont pris la fuite pour avoir la vie sauve. Le spectacle est désolant du côté des zones sinistrées dans le gouvernorat de Siliana où la forêt de Bargou a brûlé sur une grande étendue. Les tribus de Knaziz et Ouled Said garderont longtemps en mémoire ces incendies géants qui ont encerclé leurs habitations et failli leur détruire qui un logis de fortune, qui une mansarde ou une étable pour le bétail. Mais ce fut plus de peur que de mal grâce à l'action menée par les équipes d'intervention qui ont réussi à éloigner le feu et à le circonscrire. Les habitants se souviendront aussi de cette nuit effrayante qu'ils ont passée dans l'école proche de leurs foyers. Un gardien de forêt nous a expliqué que de nombreux feux sont d'origine criminelle et qu'il a vu, de ses propres yeux, un jeune homme fuir les lieux de son forfait, mais qu'il était difficile de le rattraper. Sentiment d'angoisse et d'insécurité Certains habitants du côté de Forchène, aux confins de la forêt de Ouergha où se sont déclarés cet été près d'une trentaine de feux, auraient décidé de quitter les lieux. Ces derniers sont également menacés par le terrorisme. Ne se sentant plus en sécurité, ils dorment à tour de rôle et veillent, de jour comme de nuit, à leur sécurité en surveillant les parages. Au regard du spectacle de désolation et des traces des incendies encore visibles dans les zones de Aïn Soltane, El Maâden du côté de Ghardimaou, l'on ne peut que comprendre cette angoisse ressentie par les sinistrés. Quand on mesure l'ampleur de la catastrophe et de ses conséquences sur la population l'on comprend pourquoi elle appelle de ses vœux pour que ce genre de catastrophe ne se reproduise plus. Elle appelle, aujourd'hui, à mettre la main sur les auteurs de ces incendies criminels qui ont détruit une partie de ses moyens de subsistance car la forêt est pour elle ce que sont les champs pour les cultivateurs, le lieu d'où elle puise l'effort de survivre à la misère. Ces hommes et ces femmes seront privés pendant longtemps de quiétude et de bonheur et bien longue sera la guérison de la plaie.