Les familles habitant à proximité des foyers ont été évacuées et la situation est actuellement sous contrôle C'est une catastrophe inédite dans le gouvernorat de Jendouba où des incendies concomitants ont ravagé pendant quatre jours la prestigieuse forêt de la Kroumirie et d'autres forêts de la région. Au moins une quinzaine d'incendies ont été recensés dans ce gouvernorat où, selon les services de la Protection civile, plusieurs centaines d'hectares de forêts de pins d'Alep résineux, de chênes-lièges et d'arbres typiques de la flore régionale sont partis en fumée. Autant dire alors qu'il s'agit pratiquement de l'une des calamités naturelles les plus virulentes qui ait balayé les forêts du Nord-Ouest où également plusieurs feux ont été enregistrés dans la région du Kef, particulièrement dans la forêt de Ouergha où une centaine d'hectares de couvert végétal ont été aussi détruits par les flammes. Hier, le feu était toujours virulent dans certains foyers forestiers, y compris près de la frontière tuniso-algérienne où des équipes ont été mobilisées pour venir en aide à la population menacée par le feu dans la localité de Hamra, près de Babouche, dans la délégation de Aïn Draham où 200 ha de forêt dense sont partis en fumée, à la grande stupeur des habitants qui, la mort dans l'âme, contemplaient, l'air inquiet, le spectacle de désolation qui s'est abattu sur eux lors de cet été particulièrement chaud et éprouvant pour tout le monde. Hier encore, les services de la Protection civile, de l'armée et des forêts ont été aussi mobilisés du côté des douars de Hlailia et Azaizia à Aïn Draham pour empêcher la progression du feu vers les agglomérations rurales où la population a été rassurée, à la faveur du stationnement d'équipes permanentes à l'entrée des agglomérations pour intervenir en cas de besoin, mais le directeur de la Protection civile, Mounir Riabi, s'est dit confiant quant à la capacité de ses hommes de maîtriser la situation dans ces hauts lieux où les citoyens ont assité à des spectacles grandeur nature, à cause des immenses incendies qui ont pris d'assaut la végétation luxuriante de Aïn Draham, Fernana, Ghardimaou, Balta Bouaouène et Bousalem, détruisant tout sur leur passage, d'autant que les reliefs souvent escarpés ont été tellement difficiles d'accès que les équipes d'intervention assistaient de loin au spectacle, les yeux rivés sur le feu que rien n'arrêtait. Mais ce qui a remonté un peu le moral des équipes d'intervention, c'est la mobilisation générale décrétée par le gouvernement qui a donné l'ordre de tout mettre en place pour éteindre ces sinistres dont l'origine est toujours inconnue, même si les autorités n'excluent pas les causes accidentelles. La piste criminelle demeure elle aussi envisageable. Aucun bilan définitif n'a été établi, jusqu'à hier après-midi, sur les pertes enregistrées au niveau du couvert végétal, mais l'on évoque plusieurs centaines d'hectares de forêt qui ont été littéralement ravagés par le feu, d'autant plus que de nouveaux incendies se sont déclarés, hier matin, près de Aïn Draham, notamment dans la localité de Mrij à côté du complexe sportif de la ville. A Aïn Draham et à Fernana, on déplore la destruction de 23 habitations. Mais la situation semblait hier, selon le colonel de la Protection civile, sous contrôle et un appel a été lancé à la population pour évacuer les lieux en cas de catastrophe. Aucune perte en vies humaines n'a été heureusement enregistrée dans le gouvernorat de Jendouba lors des trois derniers jours. A noter aussi que cinq autres incendies se sont déclarés hier dans le gouvernorat de Béja, notamment dans les délégations de Béja et surtout de Nefza (Jbel Slah, Oued El Maâden, Jbel Gmar). Les services de la Protection civile ont réussi à maîtriser certains d'entre eux très rapidement, évitant ainsi la survenue de nouvelles catastrophes écologiques. Le gouverneur de la région a déclaré que certains de ces feux seraient suspects et probablement d'origine criminelle, appelant à l'ouverture d'une enquête à ce niveau. Cela dit, les efforts se poursuivent toujours entre ubacs et adrets pour maîtriser les feux de forêt et protéger le patrimoine naturel national, notamment dans ces hauts lieux où les paysages sont à couper le souffle. Les unités militaires évacuent les habitants Les unités militaires ont évacué dès lundi soir les familles victimes des incendies qui ravagent depuis deux jours les zones forestières d'Aïn Draham et Tabarka. Selon un communiqué rendu public hier par le ministère de la Défense nationale, les unités militaires sont intervenues dans les zones de Khammeria, Mouaissia et Ibrahimia de la délégation d'Aïn Draham pour évacuer les habitants au lycée de Hammam Bourguiba. D'autres formations militaires se sont déployées dans les localités de Msid à Béja et de Sejnane à Bizerte pour encadrer les habitants de ces deux régions et parer à toute menace, lit-on dans le même communiqué. Des renforts militaires ont été dépêchés hier matin dans les zones sinistrées et deux avions militaires ont été mobilisés pour venir à bout des incendies. Le ministre de la Défense nationale et le ministre de l'Intérieur devront se rendre dans les zones sinistrées pour suivre l'évolution de la situation. Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a chargé le ministre de la Défense nationale et le ministre de l'Intérieur de se rendre sur les lieux pour suivre l'évolution de la situation. Il a également donné ses instructions pour mobiliser tous les moyens nécessaires afin de circonscrire les incendies et prêter main-forte aux habitants des zones forestières sinistrées, a déclaré lundi soir le responsable de presse et de communication auprès du chef du gouvernement, Mofdi Mseddi, à l'agence TAP. Composée de représentants des ministères de la Défense, de l'Intérieur, de la Santé, de l'Agriculture et de l'Equipement et de l'Habitat, une cellule de coordination a été mise en place au palais du gouvernement pour organiser les opérations de lutte contre les incendies qui se sont déclarés dans le gouvernorat de Jendouba, a-t-il annoncé. Même si les incendies n'ont pas fait de victimes, la menace plane toujours sur les concentrations d'habitations, a indiqué le directeur régional de la Protection civile, Mounir Riabi, au correspondant de l'agence TAP. Quelque 165.000 personnes habitent les forêts du gouvernorat de Jendouba qui s'étendent sur environ 120.000 hectares, alors que la superficie des forêts ravagées par les incendies est estimée à 300 hectares. Des incendies dans la délégation de Sejnane Par ailleurs, le colonel Khemais Ben Ali, directeur de la Protection civile à Bizerte, a indiqué, hier, que des renforts de matériel ont été déployés afin de maîtriser les deux incendies qui se sont déclarés, lundi, à Zilia et Jebel Hdada de la délégation de Sejnane (gouvernorat de Bizerte). Ces renforts consistent en dix camions de pompiers, ainsi que la mobilisation des services forestiers et de la garde nationale, a-t-il ajouté. Le colonel Ben Ali a fait remarquer à la TAP que la commission régionale de lutte contre les catastrophes naturelles a tenu une réunion permanente pour se tenir prête à toute nouvelle évolution des incendies, eu égard à la canicule que connaît la région. Selon la même source, les efforts se sont poursuivis pour contrôler le feu après avoir fait appel à l'armée, sachant qu'aucun blessé ni dégât au niveau des habitations n'ont été enregistrés.