La Tunisie remettra avant le 28 août son 4e rapport sur les droits de l'enfant au Comité de l'ONU des droits de l'enfant basé à Genève, en Suisse. Une absence qui n'a que trop duré puisque notre dernier rapport remonte à 2010, juste avant la révolution. Le premier rapport a été présenté en 1995, le deuxième en 2002 Une consultation a été organisée hier à Tunis sur le contenu de ce rapport périodique de notre pays en présence de M. Mehdi Ben Gharbia, ministre chargé des relations avec la société civile, M. Dimiter Chalev, représentant du bureau du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme en Tunisie, la représentante de l'Unicef en Tunisie, Mme Lila Pieters, ainsi que l'expert et membre du Comité onusien des droits de l'enfant, M.Hatem Kotrane, et plusieurs représentants de la société civile. L'apport de la société civile La présentation de ce rapport est une belle opportunité pour évaluer la situation des droits de l'enfant en Tunisie et l'application par notre pays des protocoles d'accord et des recommandations émanant du comité onusien des droits de l'enfant, a déclaré le chargé des relations avec la société civile M. Ben Gharbia. Il a félicité l'appui des bureaux de l'Unicef et du Hcdh qui vise le renforcement et le développement du système de protection des droits humains en Tunisie en général et des droits de l'enfant spécialement. M. Ben Gharbia a souligné l'importance du rôle de la société civile dans ce cadre. Les ONG sont appelées à soulever les lacunes observées dans ce rapport dans sa version actuelle et apporter leurs contributions avant sa présentation au Comité des droits de l'enfant. M. Ben Gharbia a rappelé les mesures entreprises par l'Etat tunisien en vue de renforcer les droits de l'enfant, citant en particulier la publication en 1995 du Code de la protection de l'enfant et l'article 47 de la nouvelle constitution de 2014 qui stipule que « les droits de l'enfant sur ses parents et sur l'Etat sont la garantie de la dignité, de la santé, des soins, de l'éducation et de l'enseignement » et que « l'Etat se doit de fournir toutes les formes de protection à tous les enfants sans discrimination et selon les intérêts supérieurs de l'enfant ». Il a en outre souligné l'importance de l'adoption en juin dernier de la loi renforçant la protection de la femme et des enfants. M. Dimiter Chalev, représentant du bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme en Tunisie, s'est réjoui du contexte de cette consultation et a évoqué l'importance de l'articel 47 de la constitution tunisienne dans la mesure où il met l'Etat devant ses obligations de protéger les enfants sans discrimination aucune. Il a félicité la Tunisie, seul pays en dehors du Conseil de l'Europe à avoir signé la Convention qui porte sur la protection des enfants contre l'exploitation et les abus sexuels . « On doit aussi féliciter la Tunisie pour son adoption récente de la loi destinée à la protection des femmes et des mineurs, et saluer par la même occasion ses efforts visant à respecter son engagement en soumettant plusieurs rapports devant les instances onusiennes », a-t-il ajouté. M. Chalev a souligné l'importance de la participation de la société civile à l'élaboration de ce rapport et les consultations faites dans ce contexte à Hammamet, Kasserine, au Kef et avec le Parlement de l'enfant à Tunis. L'Unicef affiche sa fierté à l'égard de la Tunisie Lareprésentante de l'Unicef en Tunisie, Mme Lila Pieters, a exprimé sa fierté à l'égard de l'Etat tunisien qui a proclamé l'année 2017, année de l'enfant. Bravo pour la Tunisie qui veut prendre le leadership dans la région pour démontrer qu'elle a des problèmes et des défis à relever. L'Unicef a été très honorée d'être associée à ce processus et agréablement surprise de voir tout ce qui a été fait pour veiller à ce que la voix de l'enfant soit entendue. Les enfants nous ont dit « oui on a un cadre législatif », a précisé Mme Lila, ajoutant que c'est un grand pas en avant contrairement à des pays voisins comme en Libye , mais il faut que l'Etat veille à mettre en place ce cadre législatif car ces mêmes enfants nous ont parlé de beaucoup d'exclusion sociale, de la discrimination qu'ils ressentent en tant qu'enfants. Ils nous ont donné cependant une note d'espoir, vraiment, a-t-elle repris, avant de conclure qu'elle était ravie et que tout le monde doit être fier car l'enfant tunisien parle, et rien n'est plus beau que de donner la parole à un enfant, c'est l'un des fondamentaux de la Convention des droits de l'enfant. Le conseil précieux d'un expert L'expert Hatem Kotrane a mis l'accent dans son intervention sur la nécessité d'appliquer les textes de loi relevant des droits de l'enfant. « Dans notre pays, nos enfants sont rarement entendus », a-t-il commenté. Notre expert n'aura pas le droit de faire partie des membres de la commission des droits de l'enfant lors de la séance de la présentation du rapport de la Tunisie à l'ONU puisqu'il est de nationalité tunisienne, mais il donne toutefois un conseil précieux après sa lecture du rapport, «il faut dire qu'il y a un net recul au niveau des droits de l'enfant dans notre pays , il faut le préciser et expliquer les raisons de ce recul et surtout axer sur les difficultés rencontrées par l'Etat au niveau de la concrétisation du système de la protection des droits de l'homme ». Il est à noter que plusieurs membres des familles d'enfants tunisiens détenus dans les prisons libyennes ont tenu à rencontrer M. Ben Gharbia à cette occasion. Ils ont brandi les photos de leurs enfants à l'intérieur de la salle où se tenait la consultation. A la vue de ces familles, la représentante de l'Unicef les a remerciées et a déclaré : « Il y a des millions d'enfants qui sont dans la détresse, qui sont tués tous les jours, qui n'ont pas le droit de vivre dans la paix, votre message est fort et c'est bien de nous le rappeler ».