La série de communiqués publiés récemment par divers ordres tunisiens, notamment le Cnomdt et l'OIT, trahit un combat engagé par les organismes chapeautant ces secteurs contre le processus d'équivalence des diplômes universitaires en Tunisie. Leurs prises de positions contre certaines facultés privées inquiètent les étudiants, éternels boucs émissaires du système éducatif tunisien. Laissés pour compte suite à l'orientation universitaire, une grande part d'élèves a recours à des universités à l'étranger notamment dans les pays de l'Europe de l'Est, pour pouvoir poursuivre leurs études supérieures. Offrant un accès facile aux facultés des branches « nobles » spécifiquement les filières médicales, ceux-ci sont devenus la destination adulée du rebut des bacheliers tunisiens aisés dont le rêve est de porter la blouse blanche. D'habitude, les Tunisiens redoutent la valeur des diplômes obtenus dans plusieurs pays de cette région du monde, notamment l'Ukraine et la Roumanie. Une affaire récente, datant du 27 du mois dernier, vient de confirmer ces ouï-dire. Huit professeurs de deux facultés roumaines de médecine sont poursuivis pour avoir aidé des étudiants étrangers à obtenir leurs diplômes en échange de pots-de-vin. Des étudiants tunisiens y sont impliqués. Pourtant, la majorité des demandes d'équivalence de ces diplômes sont généralement satisfaites. Ce qui a tant révolté les médecins qui ont suivi leurs études dans des facultés tunisiennes. Pour eux, c'est une façon de contourner le processus sélectif et rigide de l'orientation universitaire en Tunisie. Un système d'équivalence inique qui, selon les étudiants de médecine en Tunisie, contribue à la dégringolade du niveau du secteur médical jadis renommé pour ses compétences. Une formation complémentaire En termes d'équivalence, la Tunisie est ouverte à tout diplôme étranger tant qu'il est reconnu par le pays où il est délivré. Toutefois, toute équivalence n'est attribuée qu'après une formation complémentaire. Cette formation est stipulée selon une note de cadrage dont la durée varie selon le pays dont provient le diplôme ainsi que la spécialité suivie. Il est convenu, alors, que les diplômés des universités des pays de l'Europe de l'Est suivent une formation complémentaire de deux ans respectivement dans les filières de la médecine, médecine dentaire et de la pharmacie. Cependant, l'intégration de ces derniers dans les facultés tunisiennes avant seulement deux ans de la fin des études dérange les divers ordres des médecins en Tunisie. «Ils sont intégrés à partir de la cinquième année, au moment où on commence à faire nos stages. Réellement, ils passeront ces deux années à ne faire que de la pratique. De surcroît, ils bénéficient d'une indemnité de 900 Dt», réplique un jeune médecin de la faculté de médecine de Tunis, en réponse à ce sujet. «Pour plusieurs d'entre eux, après avoir échoué deux, voire trois fois successivement dans leurs stages, les professeurs finissent par leur en accorder la validation», ajoute-t-elle. Mesures de protectionnisme Une commission d'équivalence sectorielle spécialisée dans les filières médicales examine les dossiers sujets des demandes d'équivalence. Une validation pour l'intégration dans les facultés tunisiennes est accordée à tous ceux qui remplissent les critères exigés. Néanmoins, il n'y a aucun dispositif permettant la vérification de l'authenticité des données présentes dans les dossiers. La reconnaissance du diplôme étranger par le pays où il est octroyé en est le seul gage. Tout de même, la commission est le seul organisme qui procure les accords ainsi que les validations des demandes d'équivalence. Bien que des professeurs de la discipline ainsi qu'un représentant du ministère de la Santé fassent partie de la commission sectorielle médicale et paramédicale, les maints ordres du secteur ne sont pas représentés. Pour les divers ordres dans le secteur médical, il est urgent de prendre des mesures de protectionnisme. D'autre part, pour raison d'un libre droit à l'Enseignement, le ministère de l'enseignement supérieur ne peut envisager aucune restriction envers n'importe quel pays. De toute façon, les dés sont jetés. Les bacheliers nantis tunisiens affluent vers les universités à l'étranger. Toutefois, le ministère de l'Enseignement supérieur travaille en collaboration avec le ministère de la Santé ainsi que les divers ordres du secteur médical dans le but d'établir un concours national d'équivalence. Une solution qui pourrait satisfaire toutes les parties prenantes. Selon l'un des membres du Conseil national de l'ordre des médecins de Tunisie, «le concours national d'équivalence est la devise dans les pays occidentaux ».