La situation alarmante d'une certaine catégorie de l'enfance en Tunisie se caractérise par plusieurs actes de violence, ainsi que par le phénomène du harcèlement entre élèves qui reste peu connu et non médiatisé. Pourtant, selon le rapport annuel de l'enfance de l'année 2016, les amis de l'enfant représentent 2,4% des causes de menace de violence. Un chiffre indicatif, mais qui ne reflète pas la réalité. On a beau voir ce cliché hollywoodien, où des élèves abattent ouvertement un enfant afin de l'humilier, ou une adolescente stigmatisée et menacée par les filles de son école. Cependant, ce n'est guère une fiction. C'est la réalité que vivent 32 % des adolescents américains dans les milieux scolaires. En Tunisie, le harcèlement entre élèves est également une réalité. Cette violence affecte gravement la psychologie de l'enfant. Dans des cas extrêmes, elle pourrait être à l'origine de plusieurs tentatives de suicide. Le cyber-harcèlement : un nouveau phénomène Selon l'Unicef, le harcèlement scolaire entre élèves peut prendre plusieurs formes. D'habitude, on parle de harcèlement physique et psychique. Une nouvelle forme de harcèlement vient s'y ajouter, celle du cyber-harcèlement entre ados. C'est une sorte d'agression psychique qu'inflige un enfant à son camarade de classe en utilisant l'Internet comme moyen de harcèlement. Des messages menaçants via Facebook, des rumeurs propagées sur les réseaux sociaux, des intimidations en échange de révélations intimes, des piratages de comptes des réseaux sociaux sont les sources de menaces les plus fréquentes. En Tunisie, les délégations de protection de l'enfance utilisent le terme violence. Selon les recensements réalisés par le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance, le nombre de signalements d'enfants agressés par leurs amis est passé de 46 en 2013 à 179 en 2016. Tunis et Sfax sont les gouvernorats les plus touchés. Ce sont les grandes villes, là où la diversité sociale est plus importante, qui sont les plus touchées. Néanmoins, dans les diverses statistiques enregistrées par le ministère de tutelle, le cyber-harcèlement n'est pas recensé à part entière. Pourtant, dans les milieux scolaires, des histoires de menaces via les réseaux sociaux, des scandales de cyber-espionnage, ainsi que des piratages de comptes des réseaux sociaux font légion. En France, le pourcentage des adolescents victimes de cyber-violence s'élève à 12,5 alors que dans notre pays le phénomène est toujours non quantifié, en dépit de la récurrence — confirmée — des actes. Des adolescentes stigmatisées Ainsi, il s'est avéré que 74,9% des cas de tentatives de suicide sont enregistrés chez des enfants de sexe féminin. Selon les recensements nationaux, la violence contre les filles s'accentue vers l'adolescence. Pour les pédopsychiatres, la pression morale qu'inflige la société tunisienne à l'adolescente pèse sur sa santé psychique. Récemment, un scandale ayant trait à une adolescente, menacée par son ami qui est du même âge, a été relayé sur les réseaux sociaux. Cette dernière a tenté de se suicider suite au scandale suscité par cette affaire. Un bourrage mental et psychique qui finit par détruire l'enfant. Les pédopsychiatres mettent en garde les parents lors de l'observation d'un changement dans le comportement de leur fille. Du moment où ils constatent chez leur fille un repli sur elle-même, un manque d'appétit ou une humeur mélancolique qui perdure, ils doivent en connaître les causes dans l'immédiat en parlant avec leur progéniture et consulter éventuellement un psychiatre si la situation leur paraît vraiment grave. Un harcèlement à l'école pourrait être la cause d'un mal de vivre de la jeune fille. Toutefois, la société ne prête pas attention à certains comportements anormaux des enfants assimilant cela à des caprices passagers. Mais ceux-ci ont le droit à une santé mentale saine. C'est même le devoir de toute personne de signaler aux autorités tout cas d'abus et de harcèlement.