L'agression peut prendre diverses formes. Cela peut commencer par des injures au cours de disputes et passer par la suite aux actes engendrant coups et blessures. La violence psychologique peut prendre des proportions considérables susceptibles de détruire l'équilibre de la victime. Siwar, 34 ans, mère de deux enfants en bas âge, est depuis les fêtes de l'Aïd chez ses parents. Son mari la menace de divorce si elle s'obstine à regagner le domicile conjugal. Le jour de l'Aïd, il l'a maltraitée devant sa famille venue lui rendre visite. «Il ne rate aucune occasion pour m'humilier et me rabaisser en utilisant des mots blessants», raconte-t-elle. Souvent, avant de passer à l'acte, la violence est d'ordre psychologique ou moral. Une violence non identifiable Il est difficile d'évaluer réellement ce genre d'attaque. «Lorsque je me plains auprès de ses parents ou des miens des humiliations qu'il me fait subir, on me dit souvent que j'exagère, que je suis susceptible et que je dois m'estimer heureuse qu'il ne me tabasse pas», se désole Siwar. La violence psychologique est aussi dangereuse, voire plus, que la violence physique. Elle peut détruire une personne et la pousser elle-même à l'acte en frappant ses enfants ou en se suicidant. Siwar avoue que pour se venger, elle maltraite, à son tour, ses gosses en leur assénant des claques lorsqu'elle est à bout de nerfs. Contrairement à la violence physique qui laisse des marques sur le corps, la violence morale n'est pas identifiable. Il n'existe pas de preuve pouvant mesurer l'impact de cette violence sur une personne. «Parfois, un regard tue lorsqu'il est méprisant», souligne Siwar, dont l'époux n'arrête pas de lui faire des remarques méprisantes devant des amis ou devant une caisse de supermarché. Des conséquences dramatiques «Ma femme m'a toujours donné l'impression que je suis un bon à rien, et ce, malgré tous les efforts que je fournis pour satisfaire ses demandes», confie Raouf, la quarantaine et père d'une fille de 15 ans dont il dit n'avoir aucune autorité sur elle. Au début, il y a eu des blâmes, qui au fil des jours deviennent de plus en plus persistants. «J'appréhendais de rentrer à la maison pour ne pas subir les remarques désobligeantes de ma femme. J'essaie de tempérer ses ardeurs pour éviter les esclandres», révèle-t-il, par ailleurs. Ne pouvant trouver une issue à la relation avec sa femme, Raouf, qui était au bord de la dépression, a dû se confier, discrètement, sans le dire à sa femme, à un psychologue qui essaie de lui redonner confiance. Une thérapie à laquelle il tient pour préserver son couple. La violence psychologique peut menacer une personne dans son équilibre mental. Sans infliger le moindre coup, mais rien qu'avec des regards dédaigneux, les paroles blessantes, voire parfois l'indifférence pouvant entraîner des conséquences dramatiques sur la santé psychique de la victime et la pousser à commettre des actes irrépressibles. Le docteur Marie-France Hirigoyen, psychiatre et psychanalyste, explique, quant à elle, dans son livre «Harcèlement moral», que c'est bien avant la première gifle, dans les mots, que la violence prend racine... «La difficulté à repérer les violences psychologiques vient de ce que la limite en est imprécise. Un même acte peut prendre des significations différentes suivant le contexte. S'il est possible d'évaluer les aspects physiques de la violence, il est en revanche beaucoup plus difficile de mesurer ce que ressent une victime de violence psychologique», explique-t-elle.