Ce sont les ressources qui manquent, avec des entrées fiscales déjà critiques et freinées par un pouvoir d'achat en dégradation continue et une valeur du dinar de plus en plus faible. L'attente sera grande pour la rentrée économique, avec au menu un débat intense sur le budget économique et la loi de finances 2018 d'un côté et une ouverture exceptionnelle sur l'Afrique avec l'adhésion annoncée aux principaux rassemblements économiques du continent, doublée de l'organisation à Tunis des Rencontres Africa 2017, de l'autre. En outre, la nomination d'une nouvelle figure à la tête du ministère des Finances, dans le cadre d'un remaniement qui s'annonce plutôt politique, serait en mesure d'apporter quelques réponses ou du moins annoncer la couleur quant aux choix conjoncturels d'une crise qui perdure et qui ne cesse de s'aggraver d'une année à l'autre. Sur le plan structurel, le gouvernement d'union nationale continuera de faire face à un double défi non moins important : rétablir les équilibres financiers du pays et continuer à lutter contre la corruption, deux dossiers qui devraient continuer à être gérés en parallèle avec les aspects conjoncturels susmentionnés. Quels atouts ? Pour le premier dossier, relatif à la loi de finances 2018, la Tunisie n'a pas de grandes marges de manœuvre. Les attentes en matière de développement, d'emploi et de croissance nécessitent la mobilisation de ressources supplémentaires. Or, justement, ce sont ces ressources qui manquent, avec des entrées fiscales déjà critiques et freinées par un pouvoir d'achat en dégradation continue et une valeur du dinar de plus en plus faible. Bien au contraire, les salariés seraient en passe d'exiger de nouvelles augmentations pour y faire face, avec possibilité de regain de tensions et risques sociaux. A ce niveau, le gouvernement jouerait probablement la carte de la réforme du système de compensation, un dossier trop délicat. Sinon, il serait contraint de foncer davantage sur la piste de l'équité fiscale. Mais, à ce niveau, la résistance de plusieurs corps de métiers s'annonce féroce... Pour le deuxième chantier, relatif à l'Afrique, la Tunisie semble en possession de grands atouts que ce soit au niveau des négociations ou de l'activité. Avec un solde déjà bien placé en matière de compétitivité et d'intégration dans l'économie mondiale, la Tunisie devrait trouver de nouvelles opportunités sur un marché africain en pleine expansion. Mais ici, c'est le secteur privé qui devrait s'impliquer davantage pour tirer le meilleur parti de ce chantier, au bénéfice aussi bien de la balance commerciale que des demandeurs d'emploi. Enfin, pour tout ce qui est structurel, il dépendrait largement de la gestion des réformes convenues, mais aussi de la gestion des tensions conjoncturelles. Aussi, est-il vrai qu'une amélioration des conditions climatiques serait en mesure d'apaiser la pression sur la balance alimentaire, devenue elle-même source de préoccupation supplémentaires ces dernières années à cause de la sécheresse.