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Tunisie - 2013, Bilan et dépôt de bilan
Publié dans Business News le 14 - 11 - 2013

Faire le bilan économique de la Tunisie durant l'année 2013 est un exercice fort délicat. Il s'agit, en effet, d'une année tumultueuse au niveau politique et marquée par une montée du terrorisme qui a impacté lourdement le rythme de vie des Tunisiens, l'activité économique et financière et les relations extérieures du pays.
On va essayer de suivre une démarche basée sur une vision globale des principaux indicateurs de l'économie nationale en mettant en relief leur évolution liée surtout aux données conjoncturelles relatives aux grands équilibres des finances publiques, à la croissance et à la situation sur le marché financier, mais aussi à des données qui synthétisent le niveau de vie des ménages et enfin aux données économiques d'ensemble.
Le Fonds Monétaire International a résumé son appréciation de l'état général du pays dans son rapport de l'année 2013, sur «les perspectives de l'économie mondiale» publié au mois d'octobre dernier. Ses experts estiment que l'évolution de la situation politique et sécuritaire en Tunisie continue de peser sur les perspectives économiques et de ralentir le rythme des réformes budgétaires, financières et structurelles. Compte tenu de cette estimation, parler même d'un bilan structuré de l'activité économique de la Tunisie à la fin de l'exercice en cours n'a pas un grand sens au vu d'une visibilité assez floue et d'un contexte caractérisé par une carte très complexe des risques menaçant le pays.
Dans ce cadre et parallèlement à la présentation du budget de l'Etat au titre de l'année 2014, le projet d'une loi de finances complémentaire sera soumis avant la fin de l'année à l'Assemblée nationale constituante ce qui dénote l'impossibilité pour le gouvernement du bouclage budgétaire de l'année 2013 conformément, du moins, aux lignes et «objectifs» annoncés. La loi de finances complémentaire vient dans une situation de baisse attendue des rentrées fiscales vu le ralentissement de l'activité des principaux secteurs productifs contre un accroissement soutenu des dépenses de gestion de l'administration qui ont augmenté jusqu'à la fin du mois de septembre 2013 de 19% par rapport aux neuf premiers mois de l'année 2012 et ce, outre les besoins supplémentaires pour l'injection de ressources financières additionnelles nettes de l'ordre de 400 MD.
Ainsi, l'année 2013 peut être considérée comme l'année de tous les records : des emprunts publics qui atteindront environ 6110 millions de dinars, un déficit budgétaire de l'ordre de 6,8% du PIB, une balance commerciale extérieure d'un solde négatif de 9893 millions de dinars rien qu'à la fin du mois d'octobre 2013, un taux d'inflation galopante qui a frôlé les 6,5%, une insuffisance de liquidité bancaire de 4392 millions de dinars au terme du même mois et un taux d'intérêt directeur en accroissement continu atteignant 4,75% actuellement sans évoquer la situation du cours du dinar qui laisse à désirer par rapport aux principales devises étrangères et les pertes engendrées par la vague terroriste estimées à 4 milliards de dinars en raison du repli des investissements directs étrangers, de la baisse conséquente des recettes touristiques et de la dégradation des mouvements du commerce extérieur.
Bien évidemment, ce sont les contribuables toutes catégories confondues, qui ont payé et paieront l'addition très salée de tous les déficits ce qui se traduit par un constat clair : la dégradation de plus en plus soutenue de leur pouvoir d'achat qui a régressé de 10,6% ans tout au long des deux dernières années, une pression fiscale qui pénalise toute initiative et pèse lourd sur leurs activités (21%), la situation exceptionnellement lamentable de l'environnement dans lequel vivent aujourd'hui les Tunisiens (plus de 800 mille tonnes d'ordures non traitées). Partant de l'ensemble de ces constats, le bilan des «réalisations» passe outre toute interprétation et c'est pour cela qu'on peut évoquer, carrément, un dépôt de bilan.
Plusieurs questions se posent quant à l'avenir : notre pays est-il capable de s'en sortir ? Comment l'économie tunisienne pourra-t-elle résister au cas où les crises multidimensionnelles que nous vivons, actuellement, continueraient à sévir et prendre de l'ampleur? Et enfin, que doit-on faire pour sauver l'économie nationale du moins à court terme des risques qui planent sur elle ? Sûrement aux grands maux, les grands remèdes, et c'est à cet effet que la Tunisie a encore de la chance pour éviter le point de non retour en dépit des multiples signaux qui indiquent l'imminence de son apparition.
Le premier pas serait un bon diagnostic du risque économique considéré aujourd'hui comme risque central qu'il faut accepter, quantifier et essayer de le couvrir, mais ceci passe par des efforts importants à déployer notamment au niveau de la politique monétaire et de la régulation du système financier sur lequel apparaissent des signes de tensions éventuellement problématiques.
La deuxième étape est de rétablir, à travers un réajustement efficient du mode de gouvernance des finances publiques, l'équilibre au niveau des piliers et fondamentaux de l'économie nationale. Ceci se fait au moyen de la création d'un climat d'affaires sain, l'administration rigoureuse des dépenses de fonctionnement en mettant de l'ordre au niveau de l'organisation des différents départements de l'Etat et du traitement adéquat des dossiers brûlants à l'instar de la gestion des biens et sociétés confisqués qui souffrent actuellement du délabrement et qui présentent des opportunités fort importantes pour réanimer l'économie nationale.
La troisième étape est nécessairement une meilleure prise en charge de notre jeunesse désespérée, démotivée et dégoûtée pour ré-ancrer en elle les valeurs du travail, de l'initiative et de l'ouverture. A ce niveau, ce sont de gros projets à lancer pour réanimer les secteurs les plus recruteurs et une refonte de la micro-finance qui peuvent insérer ce capital humain gaspillé et qui risque de basculer, à tout jamais, dans l'obscurantisme, le fatalisme et l'absurde.
Certes, les dégâts sont énormes et les risques qui planent sur la Tunisie, notamment sur le plan institutionnel et économique, sont de taille, mais c'est de la conviction des acteurs éclairés et progressistes de la scène politique et économique que le salut de la Tunisie dépend de la redynamisation des relations économiques bilatérales entre le pays et ses partenaires stratégiques en réinstallant la confiance des investisseurs étrangers pour rester en Tunisie et investir davantage dans les créneaux rapporteurs et à haute valeur ajoutée et de la lutte contre le sous-emploi, la précarité et l'appauvrissement de la société.
Le bilan économique de 2013 est loin d'être rassurant et tous les secteurs d'activité mettront du temps à retrouver leur rythme normal, mais la Tunisie a tous les atouts pour surpasser les dangers et les risques qui la guettent. La volonté des Tunisiens et des Tunisiennes aura encore le dernier mot.
*Spécialiste en gestion des risques financiers


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