Par Abdelhamid Gmati Le remaniement ministériel, décidé il y a une quinzaine de jours, sera annoncé la semaine prochaine, après l'Aïd. Cela voudra dire que Youssef Chahed en aura fini avec les tractations, les marchandages, les pressions, voire les menaces à peine déguisées auxquelles il est soumis ces dernières semaines. Cela voudra dire qu'il a séparé le bon grain de l'ivraie. Et qu'en sortira-t-il ? Un remaniement partiel ou un renouvellement du gouvernement? S'agira-t-il de combler les trois postes ministériels vacants, cause première de ce renouvellement, ou aurons-nous une autre équipe gouvernementale ? Les partis politiques, particulièrement Nida Tounès et Ennahdha, semblent en faire une question primordiale. C'est à celui qui décrochera le plus grand nombre de portefeuilles et parmi les plus importants. Les organisations syndicales (Ugtt et Utica) ne sont pas en reste et exigent des « compétences ». Soit. Mais il est une question que le citoyen lambda se pose mais qui est ignorée par ces intervenants politiques, à savoir : un remaniement, pour quoi faire ? On insiste sur la nécessité de privilégier les compétences au détriment des choix partisans. Mais n'y a-t-il pas des compétences au sein de ces partis et organisations nationales ? Il faudrait peut-être cesser de prendre « les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages ». On s'abstient de dire ce que l'on attend des «compétents». Devront-ils présenter, chacun de son côté, un programme particulier pour résoudre l'un ou plusieurs problèmes qui se posent au pays ? Il y a là une sorte de tromperie. Le gouvernement ne fonctionne pas à plusieurs vitesses. L'équipe gouvernementale doit être solidaire et suivre un programme adopté par consensus. Ce programme a été présenté et détaillé par le chef du gouvernement Youssef Chahed à qui revient toujours le dernier mot. Donc, pas de cacophonie. Ce programme obéit à la feuille de route adoptée par le « Pacte de Carthage » auquel plusieurs parties font référence comme s'il constituait une 2e Constitution. Donc, ces ministres, nouveaux ou anciens, doivent travailler selon des choix bien précis et dans des buts bien précis. Certes, il n'est pas interdit qu'il y ait des propositions. C'est même souhaitable que l'on soit pragmatique et que l'on adopte une démarche plus réaliste, plus fructueuse. Il ne faut pas s‘en cacher : Youssef Chahed, quel que soit son désir « d'indépendance », se doit de tenir compte des forces politiques en présence, particulièrement les partis politiques qui l'ont porté au pouvoir. Et il devra les ménager pour avoir leur soutien devant le Parlement. Mais une chose est certaine : ces politiques peuvent avoir des positions divergentes sur plusieurs questions mais pas sur des sujets d'intérêt national, comme la sécurité, la guerre déclarée contre le terrorisme, la lutte contre la corruption et le commerce parallèle, le redressement de l'économie, le développement régional, la résorption du chômage. On ne le dira jamais assez : les ministres choisis ne seront pas là pour aller « cueillir les pâquerettes ». Ils devront aller au charbon, selon l'expression consacrée. Et la tâche qui les attend n'est pas de tout repos. Les attentes des Tunisiens sont nombreuses et pressantes. On ne leur demande pas d'inventer « le fil à couper le beurre » mais de poursuivre, avec engagement, détermination et vigueur, ce qui a été entamé par Youssef Chahed et son équipe et qui a déjà commencé à donner quelques résultats encourageants. Et d'abord de faire fi des réticences affichées par certains partis concernant la lutte contre la corruption et même la guerre contre l'endoctrinement et la radicalisation des jeunes. Et puis, il faudra bien mettre fin à ces blocages de la production de phosphate et de pétrole. Tout un programme. Mais c'est cela l'après-remaniement.