Le faux-pas face au CSS a mis à nu les points faibles d'un SG encore en période de rodage malgré ses trois bons premiers résultats. «Il vaut mieux un faux pas dès le début, un coup d'arrêt au départ qu'une mauvaise surprise au milieu du championnat ou à sa fin. L'avantage, c'est que le SG a maintenant largement le temps de corriger les imperfections, de travailler davantage les automatismes et de remédier progressivement aux principales lacunes. La défaite samedi devant le CSS nous a fait, certes, très mal et a été pour nous un coup de frein dur et brutal mais elle a eu le mérite de nous éclairer sur les possibilités réelles du groupe et notamment sur ses limites actuelles. Un tel enseignement majeur est très important et nous devons en tirer les conséquences». L'entraîneur de la «Stayda», Gérard Buscher, surpris par la mauvaise performance des siens et visiblement déçu, les yeux hagards, ne pouvait éviter de faire son mea culpa et celui de ses joueurs, se contenter de parler d'un enseignement positif et oublier les nombreux reproches pour ce douloureux passage à côté de la plaque. Car cette rencontre avec les Sfaxiens de l'entraîneur adjoint Abdelkrim Nafti, très actif sur la ligne de touche, Gérard Buscher l'a très mal entamée et gérée au fil des minutes et n'a pas été de ce fait un bon stratège, pour un duel essentiellement tactique. Quand on joue à domicile et qu'on est recevant, évoluant sur sa pelouse et devant son public, on doit prendre les choses en main, le contrôle du débat et mettre la pression d'entrée sur l'adversaire, quelle que soit sa réputation. Qu'a fait Gérard Buscher ? Il est resté toute une mi-temps à jouer au chat et à la souris avec son vis-à-vis, jouant à l'économie sur la largeur du terrain et prenant un minimum de risques devant. Bref, un round d'observation qui a duré 45 minutes. Le CSS a profité de «ce cadeau inespéré pour ménager ses forces, bien repérer les failles dans le système gabésien et sortir l'artillerie lourde en seconde mi-temps. Il n'a pas attendu longtemps pour être récompensé avec un but signé Firas Chaouat, dès le retour des vestiaires (46'). La responsabilité dans ce but des deux demi, Ahmed Mida-Khaled Melliti, au départ de l'action et de l'axe central Ben Sassi-Abbès, était lourde. Il fallait dès lors changer complètement de stratégie et courir aveuglément derrière le résultat avec tous les risques que cela comportait. Et le principal risque, c'était de prendre un second but qui tuerait pratiquement la partie. Ce but assassin, Kingsley Sokary, ne se fit pas prier pour l'inscrire au grand dam des Gabésiens, médusés par la mauvaise tournure qu'a prise le match. L'entrée de Alaeddine Gmach (un joueur de couloir) et de Khaldoun Mansour (un attaquant de pointe) a secoué le compartiment offensif jusqu'ici somnolent et passif et a permis à Isaka Abuda, un véritable chasseur de but et meilleur joueur du SG durant cette partie perdue, de réduire la marque sur un exploit individuel avec un contrôle de balle au millimètre et une belle frappe limpide et imparable (86e). Mais dans l'autre camp, il y avait aussi deux jeunes loups affamés qui ont malmené à leur guise une défense «vert et blanc» hors sujet. Firas Chaouat au début de l'action sur le flanc droit de Mahmoud qui a remplacé Nefzi (petit slalom, dribble et passe sur un plateau) et Mohamed Walliou N'doye dans la conclusion avec une reprise instantanée à ras de terre qui a complètement déboussolé un gardien pourtant de grande expérience, en l'occurrence Naouara. Un duo sfaxien de choc qui vient à peine d'acquérir sa place de titulaire dans l'équipe seniors «noir et blanc» a eu raison d'un SG bourré de joueurs d'expérience rompus aux dures batailles. Gérard Buscher, abasourdi, cherchera sans doute longtemps pour comprendre ce qui venait de se passer dans un match qu'il redoutait, certes, mais qu'il ne pensait pas se dérouler de cette manière.