Néjib Ghommidh, l'ancienne gloire de l'épopée de 1978 qui connaît parfaitement les problèmes du Club Africain du fait qu'il a côtoyé Slim Riahi pour un certain temps, se trouve bien placé pour nous parler de la crise qui sévit au club de Bab Jedid. «La crise par laquelle passe actuellement le Club Africain est loin d'être une crise de résultat ou une crise appelée à voir le bout du tunnel très prochainement. Pas du tout car il s'agit d'une crise beaucoup plus compliquée. Ce qui se passe au CA ressemble comme deux gouttes d'eau à ce qu'endure la Tunisie tout entière depuis bientôt sept ans. On navigue à vue et rien n'est clair. On est même à deux doigts du chaos tellement rien ne va plus. D'abord, je suis à la fois étonné et consterné d'entendre dire que le CA accuse un déficit budgétaire de l'ordre de 70 ou 80 millions de dinars ?! C'est du jamais vu au CA qui était toujours connu pour sa bonne gestion malgré l'existence de difficultés de trésorerie comme tous les clubs tunisiens même chez les plus nantis parmi eux. C'est vraiment écœurant ! Je pense, sans rancune pour personne, que l'origine du mal au sein de notre association, c'est le fait que le président Slim Riahi n'est pas disposé à déléguer certains de ses pouvoirs à des enfants du club capables d'une gestion parfaite susceptible de conduire à surmonter tous les problèmes. On ne peut pas gérer une association de la carrure du CA par des décisions unilatérales, surtout quand on ne connaît pas parfaitement la réalité des choses et les dessous des problèmes. Car du coup, on va ainsi inéluctablement vers l'improvisation et les erreurs aux séquelles graves. Et c'est bien le cas du CA aujourd'hui. En témoignent par exemple le licenciement de Chiheb Ellili, un entraîneur qui a fait ses preuves, la cession de plusieurs joueurs importants dans l'effectif et le recrutement hasardeux de l'entraîneur italien Simone et de quelques joueurs incapables de donner le plus à notre club. Tout cela n'aurait jamais eu lieu si l'on avait œuvré à cibler les choix et les décisions d'une manière collégiale avec la participation des sages et des gens expérimentés dont notre association regorge. Sincèrement, je suis convaincu que si on ne repense pas la gestion administrative, technique et financière le plus rapidement possible en faisant participer les enfants du CA à l'impérative réforme qui s'impose, il y a lieu de craindre le pire».