Les municipales auront lieu le 25 mars 2018. L'Isie reprendra l'opération d'inscription et aura besoin de cinq nouveaux milliards pour étoffer le registre électoral de ceux qui le boudent, à tort ou à raison Maintenant, c'est officiel : les élections municipales sont reportées au 25 mars 2018. C'est Anouar Ben Hassen, vice-président de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie), qui l'a annoncé, hier, vers 16h00, à l'issue d'une réunion qui a groupé les membres du conseil de direction de l'Instance avec les représentants des partis politiques, des présidences de la République et du gouvernement et aussi de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Et Anouar Ben Hassen, qui s'est contenté jusqu'à aujourd'hui de souligner que l'Isie se place à l'écart des tiraillements politiques qui ont fini par imposer le report des municipales et qu'elle agit comme une instance indépendante ne recevant d'ordre de personne, a fini par sortir ce qu'il a, lui et ses collègues, sur le cœur pour faire «assumer la responsabilité à ceux qui ont manigancé pour que le rendez-vous initial du 17 décembre 2017 soit rejeté». «C'est un coup porté contre l'Isie, contre sa crédibilité et contre les compétences qui y exercent», fait-il remarquer. «Et même si l'Isie fonctionnait depuis le 25 juillet dernier amputée d'un président et de deux autres membres, elle a accompli ses tâches dans les normes et elle n'assume aucune responsabilité dans le report des élections municipales. Les postes vacants à pourvoir sont une fausse affaire. Prétendre que l'Isie est dans l'obligation de se doter d'un président pour qu'il puisse signer les factures et les salaires des agents de l'Instance n'a aucun fondement juridique dans la mesure où les 2.500 agents qui ont participé à la campagne d'enregistrement des électeurs ont été payés dans les délais et leurs ordres de paiement sont légaux», martèle Anouar Ben Hassen pour «lever toutes les équivoques et répondre à ceux qui se sont érigés en gardiens zélés du règlement intérieur de l'Isie qu'on nous accuse injustement d'avoir transgressé». Anouar Ben Hassen revient, d'autre part, au renouvellement du tiers de la composition du Conseil de direction de l'Isie devant intervenir à la mi-septembre et reconnaît que l'ARP a effectivement envoyé une correspondance à l'Isie lui demandant de faire parvenir la liste des membres qui sont concernés par l'opération de renouvellement, c'est-à-dire ceux qui quitteront l'Isie. Seulement, «nous n'avons pas encore répondu à la lettre de l'ARP et même si ces trois membres ne sont pas remplacés à temps, ils peuvent continuer à exercer leurs tâches jusqu'à ce que leurs remplaçants soient élus par le Parlement». Les propos d'Anouar Ben Hassen sont clairs: l'Isie peut organiser les municipales avec un vice-président qui gère les affaires courantes, amputée de trois membres démissionnaires non remplacés par le Parlement et avec le concours de trois autres membres dont le mandat a expiré et dont le Parlement ne connaît pas l'identité. C'est une approche que beaucoup d'observateurs, d'analystes et de politiciens considèrent comme singulière ou du moins sans précédent dans l'histoire des instances analogues. Anouar Ben Hassen semble oublier que les partis politiques tunisiens, en particulier Ennahdha et Nida Tounès, sont aux aguets quant à la composition des instances indépendantes dont en premier lieu l'Isie. Certes, l'Isie, l'IVD ou l'Instance de prévention contre la torture en attendant la création officielle de l'Instance anticorruption sont indépendantes, agissent comme bon leur semble et vont jusqu'à fixer elles-mêmes leurs budgets et les salaires de leurs membres et de leurs agents». Il reste tout de même que ces instances et les membres qui les gèrent entretiennent des rapports étroits avec les partis politiques les plus influents sur la scène politique nationale, qu'ils soient au pouvoir, dans l'opposition représentée au Parlement ou même avec les partis qui n'ont pas un seul siège au palais du Bardo, voire avec certaines associations de la société civile ayant réussi à s'implanter jusque dans les régions les plus éloignées du pays. Aujourd'hui que les dés sont jetés, l'on se demande combien coûtera à l'Etat l'opération report des élections municipales quand on sait que les 2.500 agents d'inscription ayant opéré en juin et juillet derniers ont valu à la trésorerie publique la somme de 5 millions de dinars pour un résultat très modeste, l'inscription de 500.000 nouveaux électeurs sur un potentiel de 3.500.000 citoyens à inscrire.