Affichant sa satisfaction pour le nombre des électeurs déjà inscrits, indépendamment des résultats de la deuxième période d'inscription entamée hier, l'Isie commence à se préparer à une étape non moins cruciale dans le processus électoral, celle du contrôle du financement de la campagne électorale... Le rythme de la première période d'inscriptions des électeurs, du 23 juin au 22 juillet, a été jugé lent et non satisfaisant par tout le monde. La prolongation de l'opération jusqu'au 29 juillet pour laquelle a opté l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) a suscité davantage de critiques quant au bon déroulement de l'inscription, de l'efficacité de l'Isie mais aussi de sa dépendance des compromis politiques, ce que plusieurs associations observatrices du processus électoral ont relevé. A la fin de cette prolongation des délais d'inscription initiaux, les avis étaient partagés. D'un côté, des partis politiques, autres que ceux qui ne se sont pas exprimés, ont, en grande partie, jugé bonne l'action de l'Isie, qui a elle-même exprimé une certaine satisfaction du nombre réalisé en termes d'électeurs inscrits, plus de cinq millions. De l'autre, des organisations et des associations qui n'ont pas cessé de critiquer l'action de l'Instance, notamment en matière d'indépendance et d'efficacité. En effet, l'association 23_10, formée par d'anciens membres de l'Isie1, a appelé à une séparation entre le registre des listes électorales de 2011 et celui réalisé par l'Isie2, réclamant un audit, par la suite, pour faire ressortir les défaillances du nouveau registre. Selon Sami Ben Slama, président de l'association 23_10, « nous aurons un registre avec deux visions et c'est une question politique et non technique ». Ben Slama met en cause l'indépendance de l'Isie 2 qui selon lui est soumise aux compromis politiques. Par ailleurs, poursuivant sa campagne d'inscription des électeurs, l'Isie a entamé hier une deuxième période d'inscription électorale, qui se poursuivra jusqu'au 26 août. Selon Anouar Ben Hassen, membre du bureau directeur de l'Instance, « on pourrait atteindre les six millions facilement ce qui est très respectable ». Et d'ajouter : « Cela nous garantira un taux de participation important et la réussite des élections dans de bonnes conditions ». L'Isie, qui a lancé dernièrement une série de réunions, notamment avec les présidents des instances régionales, cherche à booster le nombre des électeurs inscrits avant la fin de cette ultime prorogation que permet le calendrier électoral, auquel elle s'attache, en conformité des dispositions de la Constitution. Le week-end dernier elle a opté pour un diagnostic général de son action en présence des directeurs centraux, des présidents des Irie et des coordinateurs au niveau régional. L'Isie va préserver le même dispositif avec les 2.500 agents et plus de 500 bureaux fixes, outre les bureaux dans les grandes surfaces et les mécanismes d'inscription à distance par SMS ou par internet. « Nous allons cibler les 548.000 électeurs qui ont voté en 2011 et qui ne se sont pas inscrits. Pour cela, nous avons mobilisé une équipe qui va identifier ces électeurs dans des registres spéciaux et une campagne de SMSing sera lancée pour les toucher. Aussi, une attention particulière est accordée, cette fois, aux zones rurales. Des équipes mobiles ont été mobilisées pour les solliciter », explique Ben Hassen. Financement : règles et contrôle Sur un autre plan, l'Isie va lancer, dans les prochains jours, une structure dédiée au contrôle du financement de la campagne électorale, lequel fera l'objet d'un arrêté que l'Instance publiera d'ici la fin de la semaine. Cette structure, baptisée « unité de contrôle de la campagne électorale », sera chapeautée par un juge, qui était président d'une Irie lors des élections de 2011. Le bureau central de cette unité sera composé de 10 à 15 personnes. Au niveau de chaque Irie, il y aura un à deux coordinateurs et entre 15 à 20 contrôleurs assermentés. Cette unité sera composée de trois unités secondaires : une consacrée au financement de la campagne électorale, une autre au déroulement de la campagne électorale et une troisième au contrôle des médias de la presse écrite et électronique. L'arrêté que publiera l'Isie, et qui fera l'objet d'une réunion de bureau de l'Instance aujourd'hui même, portera sur toutes les règles qui vont régir le financement de la campagne électorale, précise le membre de l'Instance Anouar Ben Hassen. Il portera, entre autres, sur le contrôle des plafonds des dépenses, ainsi que ceux de l'autofinancement, des financements public et privé, outre l'obligation faite aux partis de désigner un représentant unique pour chaque liste, ainsi que le mode de composition des dossiers concernant les comptes bancaires. Par ailleurs, l'Instance a publié les modèles des tableaux sur la base desquels les candidats à la présidentielle vont collecter le parrainage des membres de l'Assemblée nationale constituante (dix au moins), des présidents des délégations spécifiques (quarante au moins), et enfin de dix mille citoyens électeurs appartenant à au moins dix circonscriptions électorales différentes. Reste à publier l'arrêté concernant les critères de choix des membres des bureaux de vote (71 mille personnes) qui, selon Ben Hassen, seront soumis à des conditions très rigides pour imposer la transparence. Reste toujours d'autres facteurs déterminants pour motiver les indécis, les récalcitants et ceux qui ont perdu toute confiance en notre classe politique dont l'élite continue toujours ses guéguerres.