Les retards enregistrés au niveau du délai de remboursement des pharmaciens d'officine par la Cnam se sont accentués, passant de 14 jours à cinq semaines puis à douze semaines, ce qui n'a pas facilité la tâche des pharmaciens, dont plusieurs n'ont pas été payés depuis le mois de mai dernier La crise par laquelle passe la Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam) ne fait que perdurer en raison du déficit galopant des caisses de sécurité sociale (Cnss et Cnrps) qui est passé de 40 MDT en 2010 à 772 MDT en 2017, selon les dernières déclarations de Kamel Meddouri, directeur général de la sécurité sociale au ministère des Affaires sociales. Cette crise a impacté négativement le secteur des pharmaciens d'officine qui connaît d'énormes difficultés malgré les concessions faites par ces derniers en 2016 pour désamorcer un tant soit peu cette crise. La relation entre les deux parties risque d'empirer dans les jours à venir dans le cas où les solutions tarderaient à venir. Récurrents retards de remboursement Les retards enregistrés au niveau du délai de remboursement des pharmaciens d'officine par la Cnam ne font que s'accentuer de plus en plus, nous explique Ali Farhat, le secrétaire général adjoint du Syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie (Spot). Il rappelle que malgré l'opposition de ses adhérents, le Spot n'a pas hésité à faire un pas vers la Cnam à la fin de l'année 2016 après avoir eu connaissance de l'injection, par l'Etat, de 700 millions de dinars dans les caisses de la Cnam, ce qui était de nature à apaiser un peu la crise par laquelle passait cette dernière. Mais le délai du remboursement s'est prolongé encore plus. Il est passé de 14 jours à cinq semaines puis à douze semaines, ce qui n'a pas facilité la tâche des pharmaciens, dont plusieurs n'ont pas été payés depuis le mois de mai dernier. Ça donne une idée sur le calvaire vécu par les officines. Selon l'article 42 de la convention sectorielle des pharmaciens d'officine, « la caisse procède au paiement intégral du pharmacien dans un délai maximum de 7 jours, à compter de la date de réception du décompte ». Utopique, quand on voit la situation actuelle des officines, souligne le représentant du Spot. La clef sous la porte Cette situation a impacté négativement la situation financière de certains pharmaciens d'officine qui n'avaient de solution que de recourir à des prêts bancaires pour affronter cette situation et pouvoir ainsi payer les fournisseurs. Actuellement, les pharmaciens sont devenus dépendants de la Cnam. Une situation insupportable qui a poussé l'un des pharmaciens à vendre sa propre voiture et d'autres officines de nuit, dans les régions surtout, à mettre la clef sous la porte. D'autres pharmaciens qui sont en difficulté financière ont été obligés d'opter pour une autre solution qui consiste à refuser le remboursement des assurés de la filière privé (médecin de famille) et de poursuivre le travail normalement avec les deux autres filières (publique et système de remboursement). Ces pharmacies se trouvent surtout dans les régions (Bejà, Ksar Hellal) mais aussi dans le Grand-Tunis (Hammam-lif) Il est vrai que leur nombre n'est pas encore important, mais il risque d'augmenter si la crise perdure encore. La solution dans la réforme des caisses sociales Cette situation a eu des incidences désastreuses sur plusieurs pharmaciens d'officine au point que certains sont devenus insolvables, ce qui a poussé d'ailleurs des banques à prendre contact directement avec le syndicat d'officine et le Conseil de l'ordre. Du jamais vu, selon les dires du secrétaire général adjoint du Spot. La commission nationale du syndicat, constituée de neuf membres du bureau national et des sections régionales, se réunira cette semaine et entrera en contact avec la Cnam en vue d'aborder la question de ce retard qui perdure et qui ne fait qu'aggraver encore plus la situation des pharmaciens d'officine, a fait observer Ali Farhat, rappelant l'existence d'une commission de suivi au sein du Syndicat qui organise des réunions mensuelles pour évaluer la situation. Il va sans dire qu'on s'impatiente de plus en plus, même du côté de la Cnam, dans l'attente d'une réforme qui ne fera que du bien aux caisses de sécurité sociale, du moins à court terme. Selon Saleh Hmidet, porte-parole de la Cnam, l'impact de la réforme éventuelle de la sécurité sociale en Tunisie et en l'occurrence la révision des régimes de retraite et d'assurance-maladie, ne peut être que positif sur le système dans sa globalité et beaucoup plus sur la Cnam qui bénéficiera inéluctablement, et par ricochet, de l'avantage de régularisation de la procédure du versement direct des cotisations de la branche assurance maladie et accidents du travail et maladies professionnelles au titre des assurés sociaux des deux secteurs public et privé sans pour autant passer par les deux caisses d'affiliation respectives. Le système de cotisation actuel (système par répartition) a, malheureusement, scellé le sort de la Cnam à la Cnss et la Cnrps, conclut M.Hmidet.