La Cnam préservera, dans tous les cas de figure, le système du «médecin de famille» et défendra les intérêts de ses affiliés, alors que la crise touche les caisses, les partenaires et les fournisseurs. Les chiffres sont effrayants! La situation financière des caisses sociales ne fait que s'aggraver et la Caisse nationale d'assurance maladie, (Cnam), se trouve aujourd'hui en très grande difficulté avec des retards de remboursement récurrents des pharmaciens d'officine. Ces derniers viennent — lundi dernier — de suspendre leur convention sectorielle avec la Cnam, qui leur doit quelque 45 à 50 millions de dinars, et cela concerne notamment la filière du «médecin de famille», ou système tiers payant. Ainsi les affiliés de la Cnam sont obligés de payer l'intégralité des médicaments. D'après, Younes Ben Nejma, porte-parole de ladite Caisse, le retard de remboursement des arriérés dus aux pharmaciens est engendré par d'autres retards accusés par la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) et la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (Cnrps) à honorer leurs engagements financiers envers la Cnam. «Leurs versements sont en train de se faire avec des retards de transferts. Il y a quelque 1.740 millions de dinars que doivent les deux caisses à la Cnam. La solution pour cette situation est que les pharmaciens patientent davantage jusqu'à ce que des solutions radicales soient trouvées. Nous considérons que les pharmaciens d'officine sont nos partenaires et nous comptons sur leur compréhension pour dépasser ces temps difficiles d'autant plus qu'ils savent les causes des retards de paiement», nous a déclaré hier le porte-parole de la Cnam, Younes Ben Nejma. Bulletins de soins acceptés En réponse à l'urgence d'intervention pour répondre aux besoins des affiliés de la Cnam qui sont actuellement obligés de payer la totalité des médicaments, Ben Nejma a affirmé que la Caisse attache une grande importance à ses affiliés et défendra leurs intérêts, eux qui sont «la colonne vertébrale de la réforme de l'assurance maladie», selon ses dires. Il a, à l'occasion, indiqué que la Cnam préservera le système du médecin de famille. «On est à la deuxième journée de suspension de la convention avec la Caisse par les pharmaciens et nous avons, en premier lieu, informé nos centres régionaux et locaux qu'ils doivent accepter les bulletins de soins des affiliés. C'est décidé comme procédure de remboursement jusqu'à ce que les choses reprennent leur cours normal. Nous sommes, dans ce sens, en train de coordonner avec les autorités financières et sociales afin de discuter les propositions qui sont sur la table des négociations. Des négociations et des solutions qui, d'après le secrétaire général du syndicat des pharmaciens d'officine, Rached Gar Ali, n'existent pas. Ce dernier a affirmé que les responsables de la Cnam sont devant une situation «impossible» et que la caisse n'a pas de ressources financières pour faire face à cette crise qui dure depuis quelque temps. D'ailleurs, l'on rappelle la dernière suspension du même syndicat de la convention sectorielle avec les deux secteurs public et privé au mois de juin 2014. «Nous avons quelque 800 pharmaciens qui risquent, d'ici quelques semaines, de faire faillite et d'autres peuvent tenir le coup un mois ou deux ! Nous craignons que les pharmaciens soient privés de délivrance de médicaments de la part des grossistes des médicaments qui, eux aussi, peinent avec une marge de gain très minime, de 0,5 à 1%», s'est alarmé le secrétaire général du syndicat des pharmaciens. Situation impossible ! Rached Gar Ali s'est montré étonné de «la seule proposition qui a émané de la Cnam et qui est d'attendre». Et d'ajouter : «Nous avions recommandé aux responsables de la caisse de divulguer toutes les vérités autour de la situation financière et autres de la caisse pour que l'opinion publique soit au fait de ce qui se passe. La solution est entre les mains du gouvernement qui est dans l'obligation de verser 600 millions de dinars à la Cnam. Pour la loi de finances 2017, on prévoit un projet de loi qui stipule que l'Etat verserait directement à la Cnam les 6,75% de l'assurance maladie et le 0,5% des accidents. Le problème est que la Cnam n'a aucun mécanisme de collecte des cotisations et il n'y a qu'une solution à cela: c'est que l'Etat verse directement ces cotisations». En 2013, le déficit de la Cnrps était évalué à 199 millions de dinars. En 2014, il a grimpé à 285 millions de dinars. Pour 2015, il est prévu que le déficit se creuse davantage pour atteindre 431 millions de dinars. En 2015, son déficit se chiffrait à 45 millions de dinars chaque jour. Et alors que la loi de finances 2016 avait prévu un déficit plus grave atteignant 528 millions de dinars, les chiffres de 2017 seront pires encore ! «Cependant, a-t-il précisé, la Cnam a un budget de 10.400 millions de dinars en 2016 et en 2015, elle avait réalisé un excédent de 100 millions de dinars d'un point de vue comptable, mais sans pourtant les encaisser puisqu'elle n'a pas reçu la totalité de ces versements; «elle a reçu des miettes !», a-t-il ajouté. Déséquilibres persistants Parlant des déséquilibres financiers des caisses, Gar Ali a indiqué que la situation est plus critique pour la Cnss avec une cotisation du secteur privé plus importante et avec une masse salariale plus grande. Les trois caisses ont besoin de 2 mille millions de dinars pour finir l'année en cours, outre les 6 mille millions de dinars pour clôturer le budget de l'année 2016. Idem pour les pensions de retraite qui n'ont vu venir aucune décision durant les douze dernières années. La situation dépasse le déséquilibre des caisses, puisque des partenaires de cette sphère assurance maladie et soins sont touchés, à l'instar de la Pharmacie centrale qui a des dettes de 450 millions de dinars, elle qui doit aux cliniques la somme de 110 millions de dinars. La complexité de cette situation laisse présager d'autres mouvements de la part d'autres corps de métiers de la famille santé à l'image des médecins dont le conseil national aura des réunions les 22 et 23 courant...