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« Le développement économique n'est plus la seule solution au chômage »
Entretien avec... Mohamed Ali Deyahi, directeur du bureau de l'Organisation internationale du travail (OIT) à Alger pour les pays du Maghreb
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 10 - 2017

L'ordre du jour était bien chargé d'entretiens de travail non-stop. M. Mohamed Ali Deyahi, nous a, majestueusement, édifiés sur l'appui de son organisation aux stratégies nationales d'emploi dans la région, notamment en Tunisie. L'homme au CV riche d'expérience et de postes-clés qu'il occupait à la tête d'instances d'envergure internationale n'a point hésité à répondre, sans détour, à nos questions sur les interventions de l'OIT, en tant que partenaire aux efforts du développement national.
Vous venez d'organiser, du 26 au 27 du mois écoulé, à Genève, la conférence sur l'emploi des jeunes en Afrique du Nord, dont la tenue fut qualifiée de première. En quoi cela consiste-t-il précisément ?
La rencontre est exceptionnelle de par son organisation pour la première fois à Genève où siège l'OIT, mais aussi de par la participation massive des différentes parties de la sphère du travail, à savoir les ministères des Affaires sociales des Etats membres, le secteur privé, les syndicats et les patronats, ainsi que nos partenaires bailleurs de fonds. Donc, l'exception réside dans son caractère largement représentatif. Mais, il ne s'agit pas des premières assises, car la question de l'emploi des jeunes figure toujours sur l'agenda de l'OIT, depuis sa création en 1919, intimement lié au travail décent. Nous avons tenu plusieurs congrès similaires, ici à Tunis en 2015 et ailleurs, à l'échelle régionale et internationale. D'autant plus que la jeunesse est la catégorie la plus marginalisée des politiques de développement, surtout en Afrique du Nord. En Tunisie, à titre d'exemple, le taux de chômage des jeunes diplômés du supérieur a dépassé 32%, soit plus de 250 mille demandeurs d'emploi. Ce qui a, nécessairement, poussé l'OIT à fournir à ces pays des subventions spécifiques afin d'intégrer ces jeunes dans la vie active.
Comment les gouvernements des pays du Maghreb, plus l'Egypte et le Soudan, réagissent-ils à vos initiatives d'intervention ?
Je crois que ces pays qui passent, certes, par des crises économiques et politiques ont plus besoin d'actions d'appui et d'accompagnement, afin de les aider à concevoir des stratégies d'emploi qui soient mieux orientées vers les catégories cibles. Ces pays à faible niveau de croissance bénéficient le plus des interventions de l'OIT. C'est pourquoi nous avons établi une feuille de route destinée à les soutenir en termes de stratégies et politiques nationales d'emploi. Par principe, notre organisation n'intervient qu'à la demande du pays bénéficiaire. Ces sept pays précités nous ont sollicités de leur propre chef. D'ailleurs, nous nous sommes accordés sur une stratégie d'emploi en Mauritanie, ainsi qu'au Maroc. En Tunisie, une nouvelle politique d'emploi est en cours d'élaboration. Une fois approuvées et finalisées, toutes ces stratégies seront présentées à nos partenaires bailleurs de fonds pour financer leur exécution.
Ladite conférence a été placée sous le signe «mesures exceptionnelles en matière d'emploi des jeunes», qu'entendez-vous par là ?
Vous savez que la croissance d'emplois se mesure, tout naturellement, par le taux accru du développement. Cela s'appelle la solution neutre au problème du chômage. L'autre facteur, aussi déterminant soit-il, consiste à mettre des mécanismes spécifiques d'appui à l'emploi. Cela s'illustre par des politiques actives bien ciblées menées par les pays eux-mêmes, avec le concours de l'OIT, sous forme de programmes d'assistance, de formation ou d'initiative privée. Le développement économique n'est plus la seule solution pouvant absorber le flux massif des chômeurs. L'expérience a déjà montré qu'il faudrait d'autres mesures d'appoint.
Qu'en est-il de l'expérience tunisienne dans ce domaine?
Franchement, la Tunisie a franchi de grands pas au niveau des mesures macroéconomiques et sectorielles, notamment celles liées à la formation professionnelle. Mais, je crois que ces politiques n'ont pas donné leurs fruits. Cela est dû, en partie, à l'absence d'une véritable croissance économique devant aller de pair pour contribuer à la résolution du problème qu'est le chômage. Jusqu'ici, on ne sait pas si l'échec des politiques publiques est responsable de la crise d'emploi ou le corollaire d'autres outils complémentaires inexistants.
Avez-vous l'intention d'appuyer des politiques à même de favoriser dans des pays comme la Tunisie les conditions d'emploi décent ?
Certainement. Nous sommes en train de préparer une stratégie de promotion d'emploi qui sera discutée ultérieurement, voire dans les semaines à venir. Elle se focalisera sur la création d'une certaine croissance économique équilibrée censée réduire, autant que possible, le taux du chômage. L'essentiel est d'encourager ces pays, dont notamment la Tunisie, à promouvoir leurs échanges commerciaux sur le plan tant régional qu'international. C'est ce qu'on appelle des politiques génératrices de croissance moyenne. D'un autre côté, il s'agira de politiques actives d'emploi. De toute façon, l'OIT ne ménagera aucun effort pour être aux côtés de ces pays partenaires dans la conception de ces stratégies et leur mise en œuvre. Certes, l'objectif est d'aider à parer aux difficultés liées à l'emploi des jeunes.
L'OIT est présente sous nos cieux depuis des années, quel bilan peut-on dresser aujourd'hui?
Nous avons à notre actif une dizaine de programmes spécifiques en Tunisie, couvrant neuf régions intérieures. Notre organisation est le seul partenaire qui n'a pas quitté le pays pendant la révolution, malgré les circonstances politiques difficiles qu'a vécues le pays à l'époque. De même, nos projets dans les régions furent poursuivis, dont 90% relatifs à la formation des jeunes et à leur accompagnement à travers des moyens d'appui à l'emploi et de création de microprojets. Nos interventions actuelles visent également à les aider à monter des entreprises propres aux spécificités de chaque région (agricole, industrielle ou touristique), et ce, en étroite coordination avec le ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi. Cela rentre dans le cadre de notre domaine de compétence lié à l'économie sociale solidaire.
Avez-vous une feuille de route d'avenir spécifique à la Tunisie?
Bonne question. On l'établit en fonction des demandes pour répondre aux besoins d'urgence du pays en actions dans des domaines déterminés. Il importe d'avoir une telle vision d'intervention, conformément à la stratégie nationale d'emploi qui devrait s'attaquer aux difficultés institutionnelles et structurelles posées à l'échelle des secteurs. Soit la reconversion de compétences, la création de petites et moyennes entreprises, la formation professionnelle, à la lumière des besoins futurs du marché du travail, l'intégration de la femme dans la vie active. Autant de programmes d'intervention qui forment les axes fédérateurs de la prochaine stratégie d'emploi en Tunisie.
Selon vous, quelles sont les préoccupations que partagent ces jeunes dans ces zones d'intervention?
Premièrement, l'accès à l'information. Deuxièmement, la demande ne correspond pas souvent aux offres d'emploi. Et là, il y a certes un dilemme : la formation n'a rien à voir avec les besoins du marché. D'où la nécessité de fournir à ces jeunes un complément de formation. Troisième difficulté, et non des moindres, l'obsession du secteur privé pour l'expérience professionnelle comme exigence de recrutement. Que les patrons d'entreprises se rendent compte que l'expérience est un acquis a postériori, fruit d'années de travail. Quatrièmement, l'autofinancement demeure aussi un obstacle principal à toute initiative privée. Au démarrage, les jeunes promoteurs se sont ainsi trouvés confrontés à des formalités administratives et bancaires assez lourdes (garanties des crédits), ce qui tue dans l'œuf leurs idées. Et dire que ces jeunes, frustrés, n'ont plus confiance dans leur pays ! Ce sentiment de marginalisation nourrit chez eux l'aventure meurtrière de l'émigration clandestine, ils y voient la solution-miracle au chômage et à la misère. Seul un modèle de développement intégré pourvoyeur d'emplois et de prospérité pourra inverser la tendance.
Votre programme d'appui aux zones défavorisées (AZD) mené en Tunisie, sous les auspices du BIT (Bureau international du travail), touche à sa fin. Y aura-t-il d'autres actions similaires ?
Oui, bien entendu. Ce programme AZD se poursuivra, autrement, dans cinq autres régions du pays et avec des fonds européens estimés à 10 millions d'euros pour financer une série de projets générateurs de main-œuvre. Ce mécanisme d'appui, faut-il le noter, s'étalera sur les cinq années avenir, soit de 2018 à 2022. L'objectif est d'améliorer les conditions de vie dans les régions, tout en assurant l'accompagnement nécessaire des jeunes promoteurs.


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