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Projets de proximité générateurs d'emplois
BIT — Appui aux zones défavorisées
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 05 - 2017

« Il ne saurait y avoir une paix universelle et durable sans justice sociale », ce fut l'idée fondatrice, en 1919, de l'Organisation internationale du travail (OIT), dans le cadre du Traité de Versailles qui a mis fin aux affres de la Première Guerre mondiale. Un siècle déjà, cette idée est encore figée, à quelques exceptions près.
Sous nos cieux, les faits sont têtus ! Dire, toujours, que le pays est un modèle à suivre et que l'Etat peut faire mieux. Ses indicateurs de développement en hausse, ses taux maîtrisés du chômage, d'analphabétisme et de pauvreté, cela n'étant, à vrai dire, qu'un faux-fuyant. L'évidence n'est pas la réalité? Le ver est dans le fruit. Dans les régions, la centralisation tue. Le développement local n'a pas des traces, et chaque gouvernement post-révolution n'a pas eu le courage de le pointer du doigt. Faudrait-il attendre un miracle qui ne viendra jamais ? Ou se laisser faire dans l'arbitraire. C'est bien la vérité qui dérange. Du nord au sud, le syndrome d'épuisement social persiste. Comme si l'horloge du temps était coincée dans un passé lointain, où le destin des régions se décidait dans les cercles fermés du pouvoir. Sans suite, d'ailleurs. Aujourd'hui, l'heure de la démocratie participative sonne fort. Au nom de la constitution, plus jamais d'instructions d'en haut. Toute région aura, désormais, son autonomie de gestion et ses propres choix d'avenir, chacune selon ses spécificités socio- démographiques. Cela dit, ce qui est valable pour certaines zones ne l'est pas pour d'autres.
Sur ce principe, le Bureau international du travail (BIT)-bureau de Tunisie, a lancé, depuis 2012, un programme d'appui au développement des zones défavorisées (AZD), touchant cinq gouvernorats différents, à savoir Gafsa, Siliana, Le Kef, Sidi Bouzid et Kasserine. Financé par l'Union européenne avec 6,5 millions d'euros, il soutient, plutôt, la création d'emplois et l'accompagnement à la réinsertion professionnelle, en complément des dispositifs officiels de l'Etat. Agissante, active sur le terrain, l'équipe du BIT se voit bien engagée à aller jusqu'au bout, pour le bonheur de la population autochtone. Son chef, coordinateur national du projet, M. Jad Haj Boubaker, un bon communicateur, a réussi à s'intégrer auprès des habitants démunis, tantôt compréhensifs tantôt réfractaires. Un tel caractère l'a aidé à les convaincre que le développement local est une affaire interne, une responsabilité partagée. Et que gagner sa vie n'est guère fortuit. Seulement avec le travail que l'on peut jouir des dividendes de la croissance. Pour lui, l'AZD est une expérience pilote qui mérite bien la messe et que les médias nationaux en soient témoins oculaires. Le BIT a tenu, tout récemment, à les accompagner dans un périple long de 800 kilomètres en deux journées. Le besoin en projets et sources de revenu se fait, alors, sentir partout, dans les quatre coins du pays.
Forums de réflexion à l'appui
Mais, pour ce faire, il a fallu tâter le terrain, scruter les besoins et les attentes des uns et des autres. Tout en fonction de leur réel potentiel, afin qu'un projet proposé ne soit nullement parachuté ou infondé. « L'idée a dû surgir de nous-mêmes, grâce à des forums de réflexion organisés pour l'occasion, avec du sérieux et du franc-parler », lance une Kasserinoise, une des jeunes filles rurales qui, encadrées et formées par le BIT, viennent de monter une « fromagerie artisanale » à Sbeitla. Un micro-projet établi sous forme d'une « Société mutuelle des services agricoles (Smsa) », El Athar, localité reculée de la région. Cette initiative entrepreneuriale à vocation agricole sera généralisée à d'autres zones d'intervention. Réunies en groupement féminin homogène et solidaire, les bénéficiaires se sont déclarées satisfaites, animées d'une ambition légitime : élargir le projet, diversifier ses produits laitiers et faire en sorte que l'offre puisse répondre à la demande. « Les commandes paraissent aussi grandes qu'on n'arrive pas, au départ, à les couvrir », se félicitent-elles. Chez elles, on a dégusté divers produits bio (mozzarella, sicilien...) dont la formation en agroalimentaire à la cité El Khadhra à Tunis leur a fourni la bonne recette. Cela s'appelle valorisation des compétences locales pour créer de nouveaux postes d'emploi dans la région. A quoi s'en tient essentiellement le BIT-Tunisie, selon M. Haj Boubaker, misant sur la durabilité des projets et le maintien des sources de revenu.
« Cette prise de conscience de ce qu'on peut faire à partir de soi-même est de nature à provoquer le besoin et le désir d'agir, comme vecteur de créativité porteur de solutions aux problèmes identifiés», a-t-on appris de Dr Belgacem Zitouni, formateur et expert international en matière de développement local. Un concept nouveau qui rompt avec la centralisation du pouvoir et permet de hisser le citoyen à un acteur principal dans la gestion des affaires locales. Avec un esprit de groupe, suivant une approche participative. De même pour Thala, localité au cachet architectural colonial, ses carrières sont réputées pour leur pierre marbrière. Un gisement dont les fruits d'exploitation, aussi abusifs soient-ils, ne rentrent pas dans les caisses de la région. Un tel trafic clandestin saute aux yeux des habitants qui n'ont point hésité à dénoncer ce manque à gagner. L'intervention du BIT semble renverser la vapeur : « Un premier test de faisabilité de production de pavés de roche a été lancé, début 2014, avec deux vieux tailleurs, pour faire travailler un an plus tard une cinquantaine de personnes, formées sur le tas », lit-on dans son rapport annuel, avril 2015. A quelques encablures du village, un mont massif des pierres en bloc surplombe la « Dachra », un faubourg aux habitations éparpillées, vivant dans la misère.
Mais, un tel potentiel substantiel est gravement abandonné, faute de mieux prospère un marché mafieux. Sur le site, des engins sont en pleine action et des ouvriers travaillent d'arrache-pied. « J'ai déjà une idée sur ce métier. Je l'exerçais à l'étranger depuis des années », nous a révélé un septuagénaire, natif de la région, dont le savoir-faire l'impose en chef d'ouvriers. « Tailler une pierre de marbre, c'est un art en soi », se targue-t-il. Il y a un hic, reconnaît-il, la demande dépasse de loin l'offre. Car, avec un effectif assez réduit, l'on n'arrive toujours pas à répondre aux besoins locaux. A défaut des garanties de protection (couverture sociale et sanitaire), se plaint-il, on ne voit pas des jeunes motivés à y travailler. « A ce niveau, les autorités locales devraient nous aider », interpelle-t-il. Sur la même lancée, le rapport du BIT édifie sur une réalité : « La viabilité de cette nouvelle filière, hautement génératrice d'emplois, dépendra du développement de son marché ».
A Sidi Bouzid, le partenariat public-privé incarne l'engagement à aller de l'avant. Cela a donné lieu à un marché municipal construit et aménagé par de petites entreprises locales. L'idée issue des forums de pensée fait que les petits commerçants, autrefois vendeurs à la sauvette brillant par leurs étalages anarchiques, y trouvent place. Une façon de les intégrer dans l'économie formelle, tout en rompant avec l'emploi précaire. Ce fut, souvenons-nous, l'étincelle qui mit, un certain 17 décembre 2010, le pays à feu et à sang. Un tel projet a été, en partie, financé par des fonds de l'Etat à hauteur de 800 mille dinars. Pour le BIT, l'expérience est première, de par le recours à des travaux à haute intensité de main-d'œuvre locale (Himo) et à la valorisation des matériaux propres à la région. Et le marché municipal est en cours d'achèvement dont la construction a fait appel à une technique traditionnelle des voûtes en plein cintre et croisées. Aux alentours, le pavage de roche pour la voirie et certaines rues adjacentes en est également une composante importante. Mais, il y a toujours des contestataires : «L'esquisse du projet n'a suffisamment pas répondu à ce qui a été attendu », s'écrie un jeune marchand protestant contre l'exiguïté des locaux à l'intérieur du marché. « Sans parler du raccordement à l'électricité qui demeure inachevé, son état fait parfois défaut », riposte un autre, se plaignant du coût du loyer qui lui semble peu élevé par rapport à la marge bénéficiaire. Pour les acteurs intervenants, de tels reproches n'ont pas aucune raison. « Dans tous les marchés municipaux, il y a du minimum à payer en contrepartie des services rendus. Sinon, qu'entend-on par gestion commune des affaires locales. », une telle réponse n'a pas pu convaincre les mécontents. D'autres projets sont en cours de réalisation : une cité artisanale jouxtant une salle polyvalente bois d'olivier.
Apprentissage au pouvoir local
Ce même projet est transplanté à Gafsa : un marché municipal à la Cité Essourour, identique à celui créé à Sidi Bouzid. Et avec la même technique architecturale. Selon le BIT, le projet est de vouloir atténuer, un tant soit peu, l'impact du chômage sur la paix sociale dans la région, à même d'y impulser une certaine dynamique économique. Outre la carrière de « Souinia » à Sidi Aïch, le BIT a mis le cap sur la valorisation des produits locaux spécifiques à chaque zone d'intervention. Il a beaucoup aidé un groupe des jeunes filles rurales à s'installer pour leur propre compte, en créant « la conserverie de l'Aguila ». Une sorte de « Société mutuelle des services agricoles » (Smsa), où la transformation des fruits et légumes a bien abouti. Sur le stand qui nous a été présenté, des jus, de la confiture et autres. A ses débuts, cette activité peine à se faire connaître dans son environnement local et national. Mais, le BIT n'a pas lésiné sur les moyens aux fins de lui faciliter les circuits de promotion, à travers une participation aux différentes manifestations d'exposition (salons, foires...). « Nos ambitions nous dépassent, mais elles ne sont pas impossibles», espèrent-elles.
De même au Kef, le pont de Douar Ousseltia a été réalisé dans le cadre d'une convention de collaboration avec l'Odesypano (Office de développement sylvopastoral du nord-ouest) qui a pris en charge les travaux d'aménagement de la piste menant au village. Un tel ouvrage a pu désenclaver la localité et rendre accessibles les différentes prestations sociales et de santé. La production laitière et l'aviculture ont aussi trouvé leur compte. A Tajerouine, le forum d'échange, déroulé sous les bons auspices du BIT, a débouché sur une priorité : la valorisation des plantes aromatiques et médicinales. La distillation se fait, alors, d'une manière peu développée. La formation des femmes et l'acquisition des équipements nécessaires sont de nature à faire valoir l'idée du projet. Tendance à se démarquer par la préparation des produits variés : « Ici, on distille particulièrement le romarin et le myrte, d'où on extrait aussi les huiles essentielles. Tout est destiné à la vente», précise l'une des membres de l'association promotrice de ce projet. Le BIT s'est engagé à lui créer une plus-value, il l'accompagne jusque dans les foires agricoles tenues dans la capitale. Une initiation à la commercialisation et au marketing du marché.
Pour M. Jad Haj Boubaker, coordinateur national du projet, donner appui aux zones défavorisées, c'est aussi garantir aux projets locaux rentabilité et pérennité. « C'est leur suivi qui importe le plus », souligne-t-il. L'essentiel est de voir ces régions prendre leur destin en main, surtout qu'on s'apprête à engager l'étape du pouvoir local, avec une approche citoyenne participative.


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