Le Nord-Ouest est la région la plus touchée par le chômage, Ghardimaou et Fernana sont les délégations dont l'indice de développement est le plus faible dans le pays Près de 620 mille chômeurs, soit 15% de la population active, les chiffres du taux de chômage en Tunisie sont effrayants. Ce taux atteint 12,4% chez les hommes contre 22,2% chez les femmes. C'est dire que la réduction du chômage surtout relatif aux jeunes est un sujet brûlant et un enjeu majeur qui préoccupe aussi bien les gouvernants que les gouvernés, il est le défi des années à venir et sera au centre des débats de la Conférence Nationale sur l'emploi (29 mars). Peu de jours avant cette conférence tant attendue, l‘Organisation Internationale du Travail (OIT) a procédé au lancement d'un cycle de rencontres visant à mettre en œuvre une série de projets dans les trois gouvernorats du Nord-Ouest, Béja, Jendouba, Siliana auxquels s'ajoutera le gouvernorat du Kef. Depuis 2012, l'OIT Tunis accorde son appui technique et financier dans le cadre de différents programmes pour la promotion de l'emploi, ce qui répond en somme aux axes stratégiques fondamentaux de l'Organisation qui sont la promotion de l'emploi décent pour tous, la consolidation du dialogue social entre les partenaires sociaux et les institutions en charge du monde du travail, à savoir les mandants du Bureau International du Travail (BIT), le renforcement de la protection sociale ainsi que la mise en place des normes internationales du travail pour tous et notamment pour les jeunes dont le taux de chômage a de quoi inquiéter, le chiffre donne froid au dos, il atteint les 28,6%. Dans cette perspective, le projet appelé Pejtun (Emplois décents pour la jeunesse tunisienne) est mis en place grâce à l'appui financier du Royaume du Danemark à travers son département de coopération de développement (Danida) de façon à créer des emplois pour les jeunes dans la région du Nord-Ouest. Il s'agit de 52 mille bénéficiaires dans le cadre de projets dont 1.200 créations d'emplois et 50 mille jeunes qui vont profiter d'une amélioration des services de l'Agence nationale pour l'emploi et le travail indépendant. 1.200 emplois à la carte Dans ce cadre, l'OIT a identifié des filières économiques prometteuses qui constituent des niches d'investissements potentielles, notamment la valorisation des produits de la filière de l'apiculture biologique de haute qualité dans les gouvernorats de Béja et de Jendouba et la filière de l'élevage de poulets de ferme dans le gouvernorat de Siliana. Ces programmes d'actions sont confiés à des organisations non gouvernementales (ONG) nationales qui ont la responsabilité de la mise en œuvre de la chaîne des valeurs choisies et sélectionnées par les Comités Locaux de Suivi (CLS) dans chacune des trois régions sous la présidence des gouverneurs. Après une sélection des dossiers, le choix a été porté sur le Centre d'Entrepreneuriat et de développement endogène (Cede), ONG riche d'une longue expérience en la matière, pour exécuter le plan d'action à Béja, dans les délégations de Amdoun, Nefza, Thibar, Testour et Teboursouk. A Jendouba, Taysir-Conseil, animée par une équipe jeune et dynamique, pilotera le projet dans les délégations de Fernana, Ghardimaou, Aïn Draham et Tabarka. Ayant participé le vendredi 18 mars à la réunion au siège du gouvernorat de Jendouba, M. Ameur Ben Sassi, délégué de Ghardimaou, nous confie : «Le Nord-Ouest est la région la plus touchée par le chômage, Ghardimaou et Fernana sont les délégations dont l'indice de développement est le plus faible dans le pays, aussi ce projet Pejtun vient à propos pour servir d'exemple dans la politique d'aide des économies locales... Le projet d'apiculture biologique est, à mon avis, le meilleur choix pour la région, connue pour sa richesse en essences forestières et en ressources halieutiques». A Siliana, c'est l'association El Wifak Bargou, qui jouit d'une renommée appréciable dans le pilotage de projets, qui se charge de l'exécution du projet dans les délégations de Bourouis, Siliana-Nord, Siliana-Sud, Errouhia et Bargou. Neuf ateliers préparatoires de réflexion ont eu lieu au niveau national pour lequel le projet Pejtun, dans sa dynamique relative à la stratégie de l'emploi, apporte toute son expertise, son appui technique et ses ressources disponibles. Les CLS présidés par les gouverneurs ont lancé ces différents programmes d'action qui devraient aboutir à la création de 1.200 emplois pour les jeunes femmes et hommes en situation de précarité dans les délégations choisies, ce qui fait écho à l'appui du Bureau International du Travail (BIT), dans le contexte du dialogue national de l'emploi. Lundi 21 mars, à Siliana, le gouverneur, M. Slim Tissaoui, présidant la rencontre, nous indique «Nous veillerons à appliquer scrupuleusement le Plan d'action relatif au projet Pejtun qui s'appuie sur une forte implication des autorités régionales, telles que l'Ugtt, l'Utica, les associations et les bénéficiaires des délégations sélectionnées pour l'emploi des jeunes dans la région; la filière d'élevage de poulets fermiers, qui comprend la formation technique, l'élevage, la gestion, la création de sociétés et la commercialisation et qui bénéficie d'un don (545 mille dinars), est à notre sens le meilleur choix pour la région, par ailleurs la parité hommes/femmes, la tranche d'âge (entre 18 et 34 ans) recommandés par l'OIT seront observées et chaque bénéficiaire va travailler en respectant le plan d'action défini par le CLS.». Ce à quoi M. Michel Grégoire, conseiller technique principal du projet BIT/Pejtun, ajoute dans son allocution : «Il est aisé de comprendre tout l'intérêt qu'accorde le gouvernement au développement du capital humain afin que la communauté en situation de précarité sorte du cercle vicieux qui exclut les jeunes de toute participation à la croissance économique pour parvenir au cercle vertueux dans lequel la qualité et la disponibilité de la formation pour les femmes et les hommes stimuleraient l'innovation, l'investissement, le progrès technique, le développement des entreprises, la diversification et la compétitivité, afin d'accélérer la création d'emplois en plus grand nombre et de meilleure qualité ainsi que pour renforcer la cohésion sociale au service d'une économie solidaire et inclusive».