La shoppingmania ou la maladie du shopping est un phénomène relativement récent dans notre société de consommation. Un phénomène très lié à la gent féminine, comme tout le monde le sait. Les femmes, qui en sont entichées, reconnaissent cette «tendance» dans leur comportement sans complexe. Une «tendance» qui façonne parfois leur comportement et en fait quelquefois des personnages. Voici quelques portraits d'une femme très particulière. La velléitaire Elle fait la joie des vendeuses. Elle est reconnue dès qu'elle franchit le seuil de la boutique. Il est 15h30. Regard vague, sourire crispé et un «bonjour» inaudible du genre «f… moi la paix». Elle se dirige vers le rayon des polos, comme ça au petit bonheur la chance. Elle prend le cintre. Puis elle se dirige vers les jupes. Longue on courte ? Le dilemme cornélien s'installe et dure trois quart d'heures. Finalement, elle opte pour la petite jupe beige courte qu'elle pose sur son bras droit au-dessus du petit pull électrique. Oh ! Elle n'avait pas vu le pantalon pied de poule très classique, mais très bien coupé. Elle fait un dernier tour. Elle regarde toutes sortes de vêtements sur lesquels elle a jeté son dévolu et décide de les essayer en cabine. Là, le drame commence. Lorsqu'elle regarde la cacophonie des couleurs du polo, elle décrète vraiment que c'est trop criard. Idem pour la petite jupe beige. Quelle idée de montrer ses genoux cagneux ! D'autant plus que 120 dinars, c'est trop cher pour une fabrication locale. Enfin, le pied de poule est affreux. Elle sort de la cabine, rend le tout à la vendeuse et l'informe que, finalement, elle ne prend rien. Elle regarde sa montre. Il est 17h56. Encore une après-midi riche et intéressante de plus. La toxico du chiffon On la reconnaît à la façon dont les vendeuses déroulent le tapis rouge devant elle. «Bonjour madame comment allez-vous depuis lundi?». «Bien Bien merci, je viens pour le petit gilet en lin rouge framboise». Une pure merveille dont elle a rêvé depuis deux nuits. Mais il y a une nouvelle robe qui vient juste d'être exposée dans la vitrine. Il la lui faut! Tout de suite. Une rapacité brutale l'envahit et peu importe qu'il faille démolir la vitrine, confectionnée par le décorateur pendant trois heures. Prête à tout pour obtenir le dernier modèle, elle enrôle les vendeuses à coups de «je t'en supplie» et pousse des coudes les autres clientes. C'est pour elle et personne d'autre. On lui promet que dans une semaine on ramènera des monts et merveilles. Bien sûr, la toxico marche à fond. Ressort de la boutique les bras alourdis de sacs en plastique qui débordent non seulement de fringues affolantes mais aussi d'accessoires indispensables à son ego affriolant. Le lendemain, à dix heures pile, elle est devant la boutique. Elle vient acheter la petite chemise aux emmanchures américaines qu'elle a aperçue hier soir. Elle en a rêvé toute la nuit! La compulsive Peu connue du circuit des boutiques de mode, elle apparaît une fois tous les trois mois, la mine généralement triste, mais le regard décidé. Elle vient juste pour acheter un sac en cuir, car le sien bat de l'aile. Elle choisit le sac. Puis arrive le moment de passer à la caisse, et là, c'est la crise! Robe, pantalon, jupe, tee shirt en soie, pull trapèze, tailleur… elle écume soudainement toute la boutique hystérique et frénétique. Vendeuses et gérante, bien entendu, se frottent les mains, jouent au soufflet et font chauffer la braise. Le cœur de notre compulsive bat très fort, elle sait qu'elle fait une grosse bêtise mais cela n'a aucune importance, car on n'a qu'une vie, n'est-ce pas? Alors, elle sort son carnet de chèques et ajoute allègrement les zéros. L'euphorie de repousser les limites du raisonnable lui donne des ailes. Qu'importe les moyens, pourvu qu'on ait l'ivresse !