Par Bady BEN NACEUR L'investissement artistique et intellectuel, — à travers des fonds considérables — pour la Cité de la culture de Tunis, ne doit pas laisser pour compte le «toilettage» de la capitale, afin qu'elle retrouve progressivement ses lettres de noblesse, surtout dans le centre-ville. Des artistes, qui regrettent qu'il n'y ait pas ou plus d'espaces d'exposition, nous ont demandé d'intervenir auprès des responsables de tutelle — ce que nous faisons à travers la rubrique de ce jour — pour la réouverture de la galerie de l'Information, au profit des seuls artistes plasticiens, surtout ceux qui ne fréquentent pas la banlieue nord, espaces tenus essentiellement par des privés plutôt rigoureux dans leurs choix. Cette galerie était, autrefois, très populaire — des années soixante au début des années quatre-vingt-dix — parce qu'elle était avenante et très «disputée» par des artistes plasticiens d'envergure (ou qui faisaient même leurs premières armes) et qui, plus est, servait de «mostra» (du verbe «montrer») aux grandes foules passantes, à longueur de journée. De plus, les expositions étaient gratuites et la commission d'achat y passait souvent pour découvrir des œuvres intéressantes et les acquérir pour le ministère de tutelle. Plusieurs artistes de notoriété aujourd'hui, doivent leur réputation à cet espace. Des groupes aussi: Ecole de Tunis, Groupes soixante-dix-quatre-vingt... et même des artistes étrangers, des ambassadeurs, comme le célèbre Brésilien, Joao Frank Da Costa, le Français Henri Cueco, etc. Ceci, pour le passé, mais qu'en est-il aujourd'hui? L'appellation de la galerie de «l'Information» située sur la grande avenue Habib Bourguiba, jouxtant la Cathédrale de Tunis (pour ceux qui ne le savent pas), n'a plus de raison d'être (l'appellation). Car il n'existe plus de ministère de l'Information. Le bâtiment de trois étages qui abrite ladite galerie a changé d'appellation (ministère de la Femme et de la Famille)... Il faut savoir, cependant, qu'à l'avènement de l'Indépendance, les grandes administrations tunisiennes et les ministères se mettaient en place progressivement et qu'il existait, pour les moins prioritaires, des secrétariats. Notamment le secrétariat d'Etat à la culture et à l'information. Le sieur Béchir Ben Yahmed, bien avant la fondation de son hebdomaire Jeune Afrique, à Paris, en était le patron. Suivi en cela par Si Chedly Klibi, ministre de la Culture (enfin), et tous les ministres qui se sont succédé, jusqu'à ce jour, dans l'actuel ministère du côté de la Kasbah. Et c'est la raison pour laquelle cette galerie spacieuse et avenante a toujours été courtisée par les artistes plasticiens comme par d'autres manifestations liées à des expositions littéraires, théâtrales et cinématographiques (lors des JCC et JTC), éducationnelles, de la Défense, de l'Economie et même de propagande politique, sans oublier le Tourisme et l'Artisanat, la Santé... Galerie polyvalente, elle a fini par être abandonnée à son triste sort et la nouvelle génération d'artistes la demande pour d'éventuelles expositions pour animer la grande avenue. Encore faut-il savoir à qui s'adresser : au ministère de la Culture, à la mairie de Tunis ou à une autre instance ? Encore faut-il aussi faire un bon toilettage à cette galerie : revoir les vitres des baies vitrées et les baguettes d'aluminium, les murs en crépi blanc, les spots, etc. Et il existe bien des lieux de la ville, comme dans d'autres villes, qui devraient être d'utilité publique pour la culture et les arts (théâtres de poche, cinémas, cafés-concerts, etc.) et qui, une fois acquis, devraient être dûment restaurés et animés pour le bonheur des générations montantes.