C'est l'histoire d'une véritable idylle et d'un amour fusionnel que le petit «Jeannot», devenu grand, voue à son île natale : Djerba la douce. «Jeannot» n'est autre que Jean-Jacques Ciscardi, qui, dans un premier ouvrage, intitulé «La légende vivante de Djerba», raconte son enfance dorée et son adolescence mouvementée truffée d'anecdotes et d'aventures, aussi bien cocasses que dangereuses, qu'il a vécues, durant la période s'étalant de 1945 à 1957 à Djerba et dans le reste du pays : Sfax, Sousse, Tataouine, etc. Dans le second tome portant un titre assez évocateur «Djerba... le temps des regrets», l'auteur boucle la boucle en narrant son départ, à 21 ans, pour la France. Mais cet amoureux fou de l'île des lotophages pourra-t-il résister à l'appel des racines et de la terre natale ? Habité par «son» île, la mémoire chargée de souvenirs impérissables, Jean-Jacques Ciscardi est demeuré, malgré sa nouvelle vie en France, attaché, quasi-lié à Djerba, amarré à ses souvenirs et imprégné par la beauté, l'ambiance, les traditions et les paysages magiques de l'île. Les liens d'amitié qu'il a tissés ainsi que ses anciennes amours et passions tumultueuses, il ne peut, non plus, les oublier. Djerba exerce toujours sur l'auteur son charme et sa magnificence, tout n'est que nostalgie dans son cœur. On comprend, donc, que la période vécue en France, qu'il appelle paradoxalement «Terre d'asile», n'aura été qu'une parenthèse. Pourtant, son séjour en France, entre Paris, les Pyrénées orientales et Port-Vendres sur la côte Vermeille, a été des plus riches et des plus denses. A Paris, il a exercé plusieurs métiers, il a été tour à tour opérateur de cinéma, musicien, auteur-compositeur, chanteur, peintre, collaborateur de l'écrivain M.G. Brown des éditions «Fleuve noir», écrivain de romans policiers et d'espionnage dont quatre publiés. De cabaret en music-hall, traînant sa guitare, il a touché à tous les arts, il a fréquenté le monde de la musique et du cinéma. Il a connu Georges Moustaki, Anouk Aimée, Bernadette Lafont, Jacques Perrin et d'autres. Mais comme il est réellement difficile de percer dans les milieux de la musique et du cinéma à Paris, Jean-Jacques a donc migré de Paris à Collioure (Les Pyrénées), puis à Port-Vendres où il a exploité plusieurs commerces : restaurants, hôtels, discothèques. Mais malgré la réussite, puisqu'il est devenu maire de Port-Vendres, l'appel des racines a été plus fort que tout. Le fils de l'île Rongé par la nostalgie, il a fini, à l'âge de 45 ans, par reprendre racine, avec femme et enfants, dans l'île qui l'a vu naître. «Nous avons beau faire, la terre natale nous habite», nous dit l'auteur en substance. D'ailleurs n'écrit-il pas : «L'enfance et l'adolescence ne peuvent jamais s'oublier surtout lorsqu'elles ont baigné dans un univers doré». Ainsi, dans ce tome 2 aussi autobiographique que le premier, et où tous les faits sont également authentiques, Ciscardi raconte l'âge de la maturité, dont une bonne partie passée en France, ainsi que le retour au bercail. En dépit de la déchirure et de la profonde tristesse qui l'ont envahi, Jean-Jacques ayant dû quitter ses parents et sa sœur demeurés à Port-Vendres, son retour était fortement désiré, car né d'une nostalgie lancinante et d'une tendresse infinie pour son île natale. A preuve : peu importe si dans la villa qu'il a construite lui-même, à Sidi J'mour, avec l'aide de ses enfants et sous la férule d'un maître-maçon, il n'y avait à l'orée des années 80 ni eau ni électricité. Le plus important à ses yeux ce sont les retrouvailles avec l'île, ses paysages et son atmosphère, mais aussi ses anciens amis. En résumé: «Son seul et unique univers : la Tunisie et son île divine, Djerba». L'écrivain narre et raconte, non sans pointe de regrets, l'évolution et le développement urbain connus par l'île, les transformations et changements pas toujours heureux, les travers et comportements bizarres et agressifs de certains habitants de Djerba. L'auteur nous fait vivre son quotidien, les balades en compagnie de sa famille dans l'île et dans plusieurs points du pays, même le désert, décrivant avec force détails les parties de pêche sous-marines aussi bien passionantes que dangereuses. L'auteur ne cache pas non plus l'amour et l'amitié qu'il éprouve pour les Djerbiens authentiques, qu'ils soient des gens du peuple ou des édiles, qui le lui rendent bien en retour. C'est que Jean-Jacques Ciscardi est, et on le décèle à travers ses deux ouvrages autobiographiques, considéré comme une figure emblématique de Djerba : «Le fils de l'île» et un «Djerbien d'adoption» qui, malgré ses origines étrangères, s'est totalement immergé dans l'île, comme un poisson dans l'eau, lui manifestant ainsi un attachement puissant et indéfectible et un amour passionné et incommensurable. Editions : Arabesques Pages : 199 Prix : 16 dinars