La trêve tombe à pic pour l'ESS et le CA qui pansent leurs plaies comme ils peuvent. La reconstruction se révèle compliquée après le cauchemar continental. La sortie des compétitions africaines a été traumatique aussi bien pour l'Etoile Sportive du Sahel que pour le Club Africain qui s'évertuent à retrouver une identité. Une déroute par (6-2), ça laisse inévitablement des traces car l'ESS n'était opposée ni à l'Ajax du début des années 1970 ni au Barça format Guardiola, mais tout simplement à Al Ahly. Lequel trahira quelques jours plus tard toutes ses limites, à domicile face aux Marocains du Wydad. Certes, un match ne ressemble jamais à un autre, mais de là à prendre six buts d'un seul coup... Après la fronde, la contestation et la remise en question de ce qu'on adorait hier, l'équipe de Ridha Charfeddine tente de reprendre les choses en main. Il fallait bien jeter en pâture des boucs émissaires pour apaiser les tensions et faire taire la colère du public. Et ce furent le directeur exécutif Houcine Jenayah et le directeur sportif Zied Jaziri qui en firent les frais. Leur démission ne résout pourtant rien. Maintenant, on parle du prochain départ de l'entraîneur Hubert Velud, mais on ne trouve pas la solution de rechange, un technicien qui rassure. On a cité les noms du Marocain Walid Regragui, aujourd'hui à la tête du Fath Rabat, de Chiheb Ellili, très proche actuellement d'un retour au Club Africain, d'Ahmed Ajlani, l'enfant du club, de Bertrand Marchand, l'ancien coach étoilé, auteur du triomphe de la Ligue des champions 2007... Mais, finalement, le président étoilé préfère prendre tout son temps, confiant ce dossier au nouvel homme fort de l'ESS, Zoubeir Beya, de retour aux affaires. En effet, l'ancien stratège de l'ESS et de l'équipe nationale a été nommé président de la commission technique consultative. Il a pleins pouvoirs dans tout ce qui concerne les recrutements, dont celui du successeur de Velud. Reste à savoir si, dans les nouveaux équilibres, Houcine Jenayah, jusque-là l'homme fort du club, ne va pas signer un retour qui ne surprendrait pas trop compte tenu du fait qu'il n'a jamais remis de démission officielle à son président. Comme on le constate, tout ce qui touche à la restructuration administrative du club prend le dessus sur les aspects techniques de la crise. D'ailleurs, il serait bête de tout remettre en question. Les joueurs qui ont donné satisfaction il y a quelques semaines sont toujours là. Et ce n'est pas un faux pas aussi «dramatique» et sensationnel soit-il qui va transformer cet effectif en un ramassis de bons à rien. Le président étoilé a choisi la méthode de la concertation et veut prendre le temps de la réflexion. En s'employant à éviter toute précipitation de mauvais aloi, personne ne peut lui reprocher de ne pas faire vite. D'autant plus que le championnat, qui vit sa énième trêve, avance à pas de tortue. La voie tortueuse du rétablissement Au Club Africain, l'élimination à Radès même de la coupe de la Confédération a eu l'effet de faire exploser la marmite. Le mal, pernicieux, couvait. Tous ceux qui ont la mémoire courte, enivrés par les succès de la compétition continentale qui faisaient œuvre de sédatif, voire de cache-misère, furent brutalement rappelés à la dure réalité: le club de Bab Jedid vit au-dessus d'un volcan qui peut gronder à tout moment. Et ce fut Supersport qui allait siffler la fin de la récréation. Du coup, les vieux démons se réveillent. Les langues se délient dans une cacophonie où chacun accuse l'autre. Et c'est un peu le procès de l'ère Slim Riahi qui est instruit. Les cinq ans et demi de gestion du leader de l'Union Patriotique Libre furent sans doute les plus difficiles et controversés de l'histoire du club de Bab Jedid, pas tellement au registre du palmarès et des trophées gagnés (on a vu pire !), mais plutôt à celui de l'image que reflète l'association qui va bientôt fêter un siècle d'existence. Le choc continental a eu dans le cas du club rouge et blanc un effet plus dévastateur que dans celui du club sahélien. En plus de l'entraîneur Marco Simone, parti et qui devrait être remplacé par Chiheb Ellili, c'est l'ensemble du bureau directeur qui jette l'éponge sous l'impulsion de Slim Riahi. Sauf à croire qu'il s'agit d'un autre bluff à mettre au compte de l'homme d'affaires et homme politique, en butte à d'énormes déboires judiciaires, la convocation d'élections pour le 12 novembre devrait signer un tournant dans l'histoire du CA. Les dirigeants encore en place ont clairement indiqué qu'ils n'allaient pas briguer un nouveau mandat. Toutefois, on sait pertinemment que le lourd découvert n'est pas de nature à encourager les candidats à se jeter dans la gueule du loup : 80 millions de dinars, voilà un chiffre effrayant du déficit accusé par le budget. Pourtant, jusqu'à hier, trois noms étaient cités pour briguer la succession de Riahi: Kamel Idir, Marwène Mabrouk et Kamel Neji. On comprend aisément qu'ils ne s'avanceront guère plus loin sans demander au préalable des garanties financières. A bien y réfléchir, la situation du CA paraît bien plus compliquée que celle de l'ESS. Au Parc A, on ne sait pas si l'AG élective du 12 novembre ne sera pas reportée, et si la succession de Riahi est vraiment ouverte. L'assainissement financier ressemble à un véritable tour de force. Le rétablissement de l'équipe fanion de football dépendra dans une large mesure de la stabilité. Les résultats iront en s'améliorant quand on cessera de parler du CA comme d'un malade chronique.