Le bras de fer ressurgit entre la Siape et la société civile qui lui reproche de vouloir poursuivre son activité polluante. Après la visite du chef du gouvernement à Sfax, dont découlèrent nombre de décisions portant, notamment, sur le démantèlement des unités polluantes de la Société d'acide phosphorique et d'engrais (Siape), on croyait que la page des contestations de la société civile était définitivement tournée. Or, ne voilà-t-il pas qu'elle ressurgit avec plus d'acuité suite à la publication, par le Groupe chimique tunisien (GCT) de la publication d'un avis d'appel d'offres ayant pour objet la fourniture d'un laveur de gaz en SVR, pour l'atelier TSP de l'usine de Sfax du Groupe chimique tunisien. En effet, montant sur ses grands chevaux, la société civile n'hésite pas à fustiger ce qu'elle qualifie de désaveu par la Siape de ses engagements officiels précédents. «Au lieu de lancer un appel d'offres portant sur le démantèlement des unités polluantes conformément aux décisions annoncées publiquement par le chef du gouvernement, et d'arrêter la production du TSP, (Triple super phosphate), produit reconnu polluant par tous les organismes compétents, la Société d'acide phosphorique et d'engrais s'arroge le droit de passer outre la volonté unanime de l'opinion publique et aux décisions officielles», tempête le collectif environnement et développement qui réunit une cinquantaine d'associations. Le directeur de la Siape réagit aux accusations Réagissant aux propos qualifiant le TSP de produit polluant, Samir Taktak, directeur régional de la Siape, s'inscrit en faux contre cette accusation : «Nous sommes en train de produire du TSP avec de l'acide phosphorique concentré amené de Skhira. Grâce à ce procédé, nous obtenons un produit non polluant, comme l'attestent les analyses faites par un laboratoire agréé». Et de poursuivre : «Le meilleur moyen de trancher sur cette question, c'est le recours à l'Anpe, au jugement duquel nous sommes disposés à nous plier. Et puis, la question essentielle est de savoir si les détracteurs de la Siape en veulent à la pollution ou à l'existence même de l'usine ou à la pollution, car en filigrane de ces dénigrements et de ces offensives sans répit, il y a d'importants enjeux économiques dont ces parties comptent tirer profit. Oui pour le démantèlement des unités polluantes. Non pour la disparition de la Siape, amie de l'environnement. D'ailleurs, nous tenons à réitérer tous nos engagements précédents relatifs à la réhabilitation du site de la société, et aux autres projets de démantèlement des unités polluantes, de mise en place d'un centre de recherche et de création d'un centre d'analyses non destructives qui va rayonner sur toute la région». La production du TSP se poursuit Pour sa part, le collectif Environnement et développement à Sfax considère que la vérité est tout autre. Outre la décision émanant du chef du gouvernement au sujet du démantèlement des unités polluantes de la Siape, un accord commun conclu le 24 avril entre les ministres des Collectivités locales, de l'Environnement et de l'Energie et des mines stipule la cessation de la production du TSP à la fin de l'épuisement du stock existant. D'autre part, le Groupement chimique tunisien s'était précédemment engagé à arrêter la production du TSP avant la fin de 2017, étant considéré comme un produit polluant. Or, la publication de l'avis d'appel d'offres concernant l'acquisition d'un laveur de gaz signifie bel et bien que la production du TSP va se poursuivre jusqu'en 2018, ce qui dénote la mauvaise foi indiscutable des responsables du GCT, a affirmé le Dr Anouar Abdelkéfi, du collectif Environnement et développement à Sfax, qui enchaîne : «Le TSP est un produit polluant de l'aveu même des responsables du groupe, que ce soit dans leurs déclarations verbales ou même dans l'un de leurs rapports de synthèse où c'est consigné par écrit. La preuve, d'ailleurs, c'est qu'ils avaient pris la décision de remplacer ce produit par un autre moins polluant, en l'occurrence, le SSP, mais qu'ils n'ont pas été en mesure de déposer un brevet d'invention. Donc,ils ont changé de fusil d'épaule, soutenant que le TSP n'est pas polluant, faute de pouvoir produire du SSP». En tout état de cause et en attendant que l'écheveau soit peut-être démêlé aujourd'hui lors de la réunion au ministère de l'Energie, l'échange d'accusations de mauvaise foi et de manipulation gagnent en intensité. Attendons voir...