Au moment où la Tunisie panse ses blessures à la suite de l'attentat terroriste du Bardo, les partis politiques se vident, de jour en jour, de plusieurs de leurs responsables, y compris les fondateurs. Iyad Dahmani quitte Al Joumhouri, Boujemaâ R'mili divorce d'avec la politique. On attend la suite Que se passe-t-il au sein de nos partis politiques, qu'ils soient au pouvoir, dans l'opposition ou participant, à titre honorifique, au gouvernement d'union nationale ? La question s'impose au regard de la vague de démissions qui ravagent ces derniers jours plusieurs d'entre eux, à l'instar d'Al Joumhouri, de Machrou Tounès et du parti «la Tunisie d'abord» et des menaces d'expulsion brandies par les responsables de Nida Tounès contre leurs députés qui rejoindront le front parlementaire en cours de constitution «pour faire face, comme le disent ses initiateurs, à la mainmise exercée par Ennahdha et Nida Tounès sur le Parlement dans la mesure où ces deux partis font ce qu'ils veulent au palais du Bardo». Samedi 4 novembre, Iyad Dahmani, ministre-porte parole du gouvernement et représentant d'Al Joumhouri au gouvernement d'union nationale, a annoncé qu'il démissionnait du parti, décision que Issam Chebbi, secrétaire général d'Al Joumhouri, a refusé de commenter, annonçant une conférence de presse qui se tiendra aujourd'hui dans le but d'expliciter pourquoi Dahmani a décidé de quitter le parti et peut-être si Al Joumhouri va se retirer du gouvernement d'union nationale ou s'il compte y rester même si Dahmani n'est plus membre de la direction du parti. Hier, au Montazeh Bir Belhassen, Issam Chebbi a rencontré les militants de son parti pour leur dire pourquoi ce dernier a peur pour le processus démocratique. «Pour nous, il existe une pression très forte sur le gouvernement de la part des lobbies de Nida Tounès et de leurs alliés, dont en particulier Ennahdha». Et pour être plus clair, il affirme : «Al Joumhouri fait partie du gouvernement Youssef Chahed et non du gouvernement de Hafedh Caïd Essebsi ou de Borhène Bsaïess». Donc et sans être un grand observateur au fait des secrets, on peut comprendre que Issam Chebbi conditionne le soutien de son parti au gouvernement d'union nationale tout en se préservant le droit de critiquer ses choix quand il le veut à la condition que Youssef Chahed se libère publiquement de la pression qu'exerce sur lui Hafedh Caïd Essebsi et que Borhène Bsaïess comprenne qu'il n'est pas le messie que les Tunisiens attendent pour qu'il leur balise la voie menant au paradis. Sauf que Borhène Bsaïess n'entend pas les choses comme Issam Chebbi ou Ons Hattab et considère que son poste de directeur des affaires politiques au sein de Nida Tounès lui donne le pouvoir de diriger le parti avec une main de fer et de menacer d'expulsion ceux et celles qui ne sont pas disciplinés et qui n'appliquent pas les ordres de la direction. Et c'est Ons Hattab, Mme Femme au sein de Nida Tounès, qui est en point de mire ces derniers jours. «Qu'elle choisisse son camp, clame Bsaïess. Ou elle reste parmi nous ou elle rejoint ce qu'ils appellent le front parlementaire et quitte le parti. Il n'est pas possible d'être à la fois au sein de Nida Tounès et de s'activer au sein d'une structure qui a pour objectif principal de saper tous les projets de loi que soutient notre parti». Mohsen Marzouk compte ses amis Et les démissions, voire l'abandon de la scène politique définitivement, de toucher également Machrou Tounès et le parti «La Tunisie d'abord», tous deux transfuges du parti-mère Nida Tounès. Jeudi 2 novembre, Mehdi Abdeljaoued, membre du bureau exécutif de Machrou Tounès, annonce qu'il quitte le parti «pour absence de bonne gestion organisationnelle, manque de clarté au niveau de l'échelle des fonctions et dans la prise de décisions politiques ainsi que son attitude non sérieuse envers les militants du parti». En plus clair, Mehdi Abdeljaoued qui a quitté, auparavant, Nida tounès pour «crise au niveau de la direction du parti et déviation du parti de ses objectifs tracés», a découvert que Mohsen Marzouk pratique la même politique que Hafedh Caïd Essebsi. Sa démission vient s'ajouter à celle de Chokri Ben Abda qui poursuit Mohsen Marzouk devant la justice lui demandant de révéler les comptes du parti et aussi les démissionnaires relevant de quelques coordinations régionales (on parle de 150 militants et cadres à Monastir) mécontentes de la gestion du parti et de ses positions politiques «auxquelles Mohsen Marzouk n'associe personne». Du côté du parti «la Tunisie d'abord», piloté par Ridha Belhaj, Abdelaziz Kotti et Khemaies Ksila, c'est à une nouvelle forme de scission qu'on assiste. Boujemaâ R'mili, l'universitaire qui a été de toutes les batailles démocratiques du temps de Bourguiba et de Ben Ali et l'un de la bande des douze qui ont créé Nida Tounès a annoncé qu'il se retirait définitivement de la vie politique. Il justifie sa décision par le fait qu'il a perdu tout goût à la politique et que «la Tunisie d'abord» n'est pas l'espace où il peut «apporter un plus à la Tunisie». En attendant que Abdellatif Mekki, Mohamed Ben Salem ou Abdelhamid Jelassi comprennent qu'Ennahdha ne périclitera pas au cas où ils décideraient de partir, l'on se demande où va nous mener cette série de démissions quotidiennes qui est appelée à s'intensifier davantage le jour où les derniers fidèles à Slim Riahi vont s'apercevoir qu'ils n'ont plus rien à tirer de l'ancien président de Nadi Achaâb.