Par M'hamed JAIBI L'enjeu de la récente controverse engagée au sein des sphères de décision du Nida Tounès officiel, c'est le contrôle du groupe parlementaire, lequel a vu se multiplier récemment les exclusions, démissions et départs vers d'autres horizons. Un «Comité de coordination» sans noms Alors que Hafedh Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi voulaient institutionnaliser leur alliance par le biais d'un «Comité de coordination» (sans noms dévoilés) qui contrôlerait les mouvements, le vote et les options des députés de l'ensemble des deux groupes parlementaires comme s'il s'agissait d'un seul et même groupe, donnant ainsi à leur alliance, en ces temps d'incertitude, un aspect opérationnel pouvant peser dans ses rapports avec le gouvernement d'union nationale, les 21 coordinateurs régionaux de Nida sont venus rappeler l'état de crise profonde que vivent les structures de Nida Tounès et adresser aux nombreux mécontents marginalisés par Hafedh Caïd Essebsi le cri de ralliement qu'ils attendaient. Même si leur marginalisation a, en fait, été menée par ces mêmes coordinateurs régionaux choisis et maintenus par HCE, et qui l'ont hissé, par leur allégeance inconditionnelle, au rang qui est aujourd'hui le sien. Un «Comité politique» aux contours incertains Mais, en convoquant pour aujourd'hui dimanche 11 juin une réunion extraordinaire du Comité politique élargi, les 21 se heurtent à des clauses de procédure et à une réalité complexe quant à la véritable composition du Comité politique issu dudit «congrès de Sousse», déjà en lui-même si controversé. Car ce comité a été remodelé une première fois, puis a vu Ridha Belhaj quitter sa présidence, avant que ne soient enregistrées les démissions de ceux qui vont former le «Comité de sauvetage» (Boujemâa Rmili, Faouzi Elloumi, Abdelaziz Kotti, Faouzi Mâaouia, etc.). Sans compter les récentes cooptations de Borhène Bsaïess, Samir Laâbidi et consorts. Sans oublier que la réunion annoncée n'a ni convocation officielle, ni lieu, ni horaire. Des pressions et déjà deux mises en cause Quoi qu'il en soit, l'initiative des 21 coordinateurs régionaux de Nida Tounès est de nature à conduire les initiateurs du «Comité de coordination» à calmer le jeu pour garder le contrôle de leur majorité parlementaire. Mais les réseaux sociaux rapportent des «pressions» qu'on aurait exercées sur certains d'entre eux. Avec une seule défection, celle de Raouf Rekik (Nabeul 1) et une mise en cause, celle de la dame ayant signé au nom de la coordination de Tunis 1 alors qu'elle ne serait que vice-coordinatrice. Par contre, le coordinateur régional de La Manouba, un vieux militant du mouvement national très proche de Hafedh Caîd Essebsi, tient bon. Les dissidents et les «21», même combat ? Avec la crise diplomatique qui frappe le Qatar et les accusations diverses pointant du doigt la Tunisie comme lieu de transit de sommes fabuleuses destinées au terrorisme, de nombreuses voix se remettent à demander des comptes aux anciens dirigeants de l'époque de la Troïka et à critiquer l'alliance contractée par Nida Tounès avec Ennahdha. Mais les forces contestataires au sein de Nida ou à sa marge restent dans une certaine expectative. Ainsi, malgré la proximité des critiques violentes adressées par les «21» à la direction officielle du parti, par rapport aux leurs propres, ni le groupe des «57», ni le «groupe de sauvetage de Nida», ni encore le nouveau groupe parlementaire des 7 ex-nidaïstes n'ont exprimé de positions officielles. Seuls Mohsen Marzouk et son parti Machroû Tounès se sont exprimés pour critiquer vivement cette curiosité du «Comité de coordination». Tout le monde attend la suite des événements et se demande quelle sera l'attitude de Béji Caïd Essebsi et le comportement futur du groupe parlementaire. Lequel est agité par une fronde, jusque-là inefficace, menée par Tahar Battikh contre Sofiène Toubal.