«Les voix de l'opéra de Tunis» a ouvert, le 8 octobre, le bal de la 16e édition de l'Octobre musical de Carthage. Des mois de travail et de répétitions acharnées ont précédé l'événement, attendu avec beaucoup de curiosité autant par les professionnels de la musique que par les mélomanes. Entendre de jeunes voix tunisiennes interpréter les grands airs de l'opéra, c'est une nouveauté, une innovation même. «Les 50 heures de musique» qui ont eu lieu en juin dernier à Hammamet comme couronnement de près de deux ans de stages et de formation et en même temps prélude au 8 octobre, avaient été d'ailleurs qualifiées d'«événement de bon augure». C'est à ce moment-là qu'ont été présentés les futurs jeunes artistes de l'Opéra de Tunis et qu'ont été annoncés les lauréats du concours national de chant lyrique (voir notre édition du 01-07-2010). Ce projet, qui a nécessité les efforts conjugués de compétences tunisiennes et étrangères spécialisées en chant et musique classique, est porté par l'Unité de gestion par objectifs de la Cité de la culture, dirigée par Mohamed Zine El Abidine. A travers «Les voix de l'opéra de Tunis», l'ouverture de l'Octobre musical de Carthage célèbre également l'Année internationale de la jeunesse et la Journée mondiale de la musique (1er octobre). Pour l'occasion, l'Acropolium de Carthage a mis sa tenue des grandes soirées. Caméras et lumières attendaient les invités pour ajouter du charme à l'atmosphère. Les voix de l'opéra de Tunis ont fait le reste, l'essentiel. Tout un programme attendait le public venu nombreux. La première partie de la soirée a permis de nous introduire le chœur de l'Opéra de Tunis, dirigé par Véronique Meurice, dont le travail a bénéficié de l'assistance de Hana Sémati. Le chœur est composé d'une dizaine de jeunes voix qui se sont lancées dans une interprétation magistrale d'airs d'opéra célèbres dans le monde. Parmi ces voix, Henda Ben Chaabène, Yosra Zekri et Haithem Hadhiri, les trois lauréats du concours national de chant lyrique, ont meublé par des solos la deuxième partie de la soirée et ont fait preuve d'un talent très prometteur, au niveau tant de la technique que des capacités vocales. De quoi nous faire oublier les problèmes de son et d'organisation, rapidement dépassés au profit de l'enthousiasme face à la venue de ce genre de musique qui vient enrichir la culture tunisienne, et donner aussi une idée de ce que sera la vocation diverse de la Cité de la culture. De la même façon qu'on a eu le temps et les moyens de faire germer de telles graines de sopranos et de baryton, on en aura sûrement, dans le futur, pour mieux maitriser l'organisation de tels événements et s'inscrire dans la rigoureuse tradition de l'opéra. C'est en forgeant... Un travail mûri Ces jeunes voix qui témoignent d'un long travail mûri afin de les rendre dignes de constituer la première promotion de l'Opéra de Tunis ont été recrutées dans les instituts de musique tunisiens, comme celui de Tunis et de Sousse. Nous pouvons dire que l'opéra a changé le cours de leur vie et de leurs jeunes carrières. De fait, nous en avons déjà vu certaines évoluer sur des terrains très différents. Tel est le cas de Yosra Zekri qui a débuté dans la version maghrébine de la Star Academy, diffusée en 2007 sur Nessma TV. Ou encore d'Elyes Bouchoucha, claviériste et chanteur, depuis plusieurs années, du groupe de musique Metal tunisien Myrath. Il joue aussi depuis peu avec la troupe qui anime le show Ness Nessma. Il en est également de même pour la jeune Emna Jaziri, que l'on a pu voir dans le dernier spectacle de Fahdel Jaziri, «Hadhra 2010». Il sont désormais porteurs de l'espoir de l'Opéra de Tunis qui ne s'est pas contenté, le 8 octobre, de nous présenter son chœur : en effet, la troisième et dernière partie de la soirée a été conduite par l'Ensemble orchestral de Tunisie, dirigé par Rachid Koubâa, qui a joué «La serva padrona», un double intermezzo composé en 1733 par l'italien Giovanni Pergolesi. Les rôles d'Uberto (le maître) et Serpina (la servante) ont été merveilleusement interprétés par Haithem Hadhiri et Yosra Zekri, qui se sont vu en fin de soirée, avec Henda Ben Chaabène, remettre leurs prix de lauréats du concours de chant lyrique des mains de M. Abderraouf Basti, le ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine.