Les agents de la douane déplorent les mauvaises conditions de travail et pointent du doigt la corruption qui mine le secteur A l'appel du bureau national du Syndicat unifié des agents de la douane tunisienne, un rassemblement de protestation a été observé par des officiers et des agents de la douane en exercice dans différents postes du territoire national. Ridha Jaziri, secrétaire général du syndicat unifié des agents de la douane à Sfax, explique ce mouvement par le ras-le-bol des protestataires, en raison des tergiversations, des procrastinations de la direction générale de la douane, perçues par les agents comme étant un signe de reniement, par la direction, de ses engagements pris précédemment à la suite des sit-in observés par ces derniers sur fond de revendications professionnelles mais également de protestations contre toutes les formes de corruption dont les agents paient les frais. La même source indique qu'un autre rassemblement similaire aura lieu le 25 novembre au port de Bizerte. Désengagement par rapport aux accords conclus avec la partie syndicale En matière de revendications, le syndicaliste évoque le désengagement de la direction générale par rapport aux accords conclus avec la partie syndicale, portant sur la restructuration du corps de la douane . La rupture de ces engagements par la direction générale sur ce point est d'autant plus paradoxale et déroutante que c'est sa propre initiative, dans la mesure où le statut actuel n'est plus adapté à la dimension prise par le corps dans son ensemble. Or, en dépit de ses lacunes, la proposition a recueilli l'approbation des trois quarts des agents dans l'espoir que la réforme de l'administration entraîne systématiquement l'amélioration de la situation générale de la profession. «C'est toujours le statu quo, la situation qui prévalait avant la Révolution est toujours la même, souligne Ridha Jaziri. Auparavant, nous étions soumis aux pressions et menaces des membres des deux familles mafieuses. Aujourd'hui, nous sommes encore en proie aux mêmes menaces. Pour la simple raison que les mêmes responsables qui étaient en poste avant la Révolution sont reconduits à leurs fonctions, alors qu'ils sont l'incarnation de la corruption hier et aujourd'hui. Ils sont responsables de la poursuite du pourrissement de la situation caractérisée par la tyrannie, les abus et l'oppression. Mais là où le bât blesse le plus, c'est que ces responsables, sur lesquels pèsent de lourdes suspicions de corruption, ont bénéficié de promotion et de désignation à la tête des directions centrales, au lieu d'être poursuivis en justice. Ainsi dotés de pouvoirs incontrôlés, ils font régner l'arbitraire et clientélisme au sein de leurs administrations respectives. Dans ces conditions, il devient impératif d'appliquer les accords relatifs à la restructuration du corps de la douane à travers la promulgation d'une loi amendant le statut général des douaniers». La deuxième revendication des douaniers concerne l'amélioration de leurs conditions sociales et matérielles qualifiées de dérisoires. «La direction générale fait preuve d'un mépris total vis-à-vis de nos droits aux majorations salariales conformément à l'article 26 du code de la douane lequel stipule que toute augmentation des salaires attribués aux corps actifs et aux agents relevant du ministère des Finances bénéficie également aux agents de la douane qui appartiennent à cette dernière catégorie», a, par ailleurs, ajouté le syndicaliste. Dans le même chapitre, les douaniers réclament la réactualisation de la tarification des heures supplémentaires, quasiment figée depuis une trentaine d'années, en dépit des accords portant sur sa majoration. Idem aussi, selon notre interlocuteur, pour ce qui est de l'état de répartition différée des recettes provenant des contraventions dressées par les agents: «Là non plus, le taux réservé aux agents ne leur est pas régulièrement versé, alors que les hauts responsables empochent des parts conséquentes, et s'engraissent aux dépens des efforts et de la peine des agents. Ce qui est le comble de la corruption!», note le syndicaliste. Des conditions de travail déplorables Ridha Jaziri évoque également les conditions de travail jugées déplorables. A titre et d'exemple, il cite le cas des tenues de travail : «Nous avons reçu les tenues de travail de la saison estivale, à la dernière semaine, tandis que pour les uniformes d'hiver, nous attendons toujours. C'est dire le degré de marginalisation dont notre corps est victime», déplore-t-il. Le secrétaire général du syndicat régional unifié des agents de la douane soulève aussi l'injustice flagrante en matière d'attribution des postes de fonction : «Là, c'est l'exemple type de l'arbitraire et du règne de la partialité et du favoritisme flagrants, selon les critères du dévouement à la personne du directeur général ou bien à certains partis politiques et hommes d'affaires influents», conclut le syndicaliste.