La Méditerranée concentre près de 8 % de la consommation d'énergie primaire dans le monde. A l'horizon 2040, cette situation devrait encore s'accentuer sous le double effet d'une forte croissance démographique et économique La demande en matière d'énergie ne cesse d'augmenter dans notre pays qui est appelé à combler au plus vite le déficit entre l'offre et la demande et se tourner vers d'autres sources d'énergie. La Tunisie demeure un pays mal exploré, a tenu à souligner Mohamed Ali Khlil, directeur général du département de la stratégie relevant du ministère de l'Energie, des Mines et des Energies renouvelables, lors d'un symposium autour de la sécurité énergétique en Méditerranée, organisé à Tunis ce samedi 25 novembre, par le Centre des études méditerranéennes et internationales, en collaboration avec la fondation Konrad Adenauer. Les défis et les enjeux Le choix de ce thème signifie qu'il y a constat de menace pour l'approvisionnement en énergie avec un double aspect. Le premier a trait à l'épuisement des ressources dans une région où persistent beaucoup de disparités en termes de disponibilité énergétique. Le second provient des groupes qui contrôlent aujourd'hui des réserves importantes de pétrole en Libye ainsi que des groupes armés qui contrôlent des parties du Sahel africain et menacent donc la partie sud de l'Afrique du Nord. Ceci pourrait porter atteinte à la disponibilité des réserves pétrolières, explique Ahmed Driss, président du Centre des études méditerranéennes et internationales. «Aujourd'hui, on est contraint de penser comment parer à ces menaces, ce qui revient à dire comment produire et investir plus dans l'énergie renouvelable et se préparer pour demain, ajoute-t-il. La participation de l'énergie renouvelable est toujours minime dans notre consommation, faute d'avoir pensé aux moyens pour faire progresser ce type d'énergie. Aussi faut-il œuvrer à mettre en place une coopération inter-étatique pour parer à des menaces réelles qui pourraient porter atteinte à la continuité d'approvisionnement de l'énergie», préconise-t-il. Selon l'Organisation mondiale de l'énergie, la Méditerranée concentre près de 7% de la population et 8 % de la consommation d'énergie primaire dans le monde. A l'horizon 2040, cette situation devrait encore s'accentuer sous le double effet d'une forte croissance démographique et économique. La nouvelle donne énergétique à l'échelle internationale amène les décideurs politiques à se tourner davantage vers d'autres sources énergétiques. Une étude sera présentée en 2018 sur le gaz de schiste Certaines parties ont tenté dans un passé de répandre des rumeurs non fondées en menant des campagnes visant à leurrer l'opinion publique, à l'instar de la campagne «Winou el pétrole», a souligné dans son intervention Amer Larayedh, président de la commission de l'industrie, de l'énergie, des ressources naturelles, de l'infrastructure et de l'environnement au sein de l'ARP. Ce dernier a mis l'accent sur le décalage entre la consommation et la production de l'énergie en Tunisie, ce qui a poussé le gouvernement avec l'aide des experts et la société civile à se pencher sur les solutions de rechange, parmi lesquelles figure l'incitation à l'investissement en matière d'énergies conventionnelles et d'énergies renouvelables. Ce dernier espère que la production des énergies renouvelables passe à 30% en 2030. Evoquant la question du gaz de shiste, Amer Larayedh a précisé que des concertations et une étude sont en cours autour de ce gaz naturel après les débats houleux et les voix qui se sont élevées contre son exploitation en 2015. Cette étude est actuellement menée par les ministères de l'Environnement et du Développement durable et de l'Agriculture ainsi que des experts tunisiens et canadiens et allemands et sera soumise en 2018 à l'ARP après concertation avec la société civile. La Tunisie, un pays mal exploré L'ère post-révolution n'était pas de nature à favoriser l'essor du secteur énergétique en Tunisie. Les statistiques présentées par le directeur général du département de la stratégie relevant du ministère de l'Energie, Mohamed Ali Khlil, poussent à multiplier les efforts pour sortir de la situation actuelle qui n'augure rien de bon et mérite réflexion. En effet, les contestations sociales observées au sud du pays ont causé une perte de 930 millions de dinars en quatre mois. Le nombre des autorisations de prospection et de forage a considérablement baissé, ce qui a engendré systématiquement la chute des réserves nationales de pétrole ainsi que la baisse de la production pétrolière. «On a en plus perdu notre indépendance en matière d'énergie. Une indépendance qui est passée à 59% entre 2011 et 2016 alors qu'elle était de 142% (de 1990 à 2000), du coup, notre balance énergétique est devenue déficitaire depuis 2011». Parmi les causes de cette chute, M. Khlil cite la régression naturelle de la production des puits de pétrole, la baisse du prix de l'hydrocarbure sur le marché mondial, et les vagues de contestations sociales dans le pays. La Tunisie est encore un pays mal exploré, a-t-il tenu à souligner, ce qui nécessite de gros investissements pour encourager et inciter les entreprises à mener des travaux de prospection, surtout au nord et au centre du pays. On est encore tributaire des pays étrangers en matière d'énergie, ce qui constitue une réelle menace pour la souveraineté nationale. Il rappelle à la fin que la stratégie du pays à l'horizon 2030 est axée sur le développement de l'énergie conventionnelle, l'accroissement de l'investissement dans les zones du nord et du centre du pays et l'appui des énergies renouvelables, et en premier lieu, l'énergie solaire.