Le Mix énergétique mise, à l'horizon 2030, sur une plus grande contribution du renouvelable dans la production électrique La facture énergétique, de plus en plus lourde, est sans conteste le défi le plus urgent auquel la Tunisie est confrontée. Nonobstant une transition démocratique qui joue les prolongations avec tous les risques de dérapage possibles, certains aspects économiques et stratégiques, comme l'avenir énergétique de la Tunisie, ne supportent plus aucun retard. La question, difficile, qui se pose avec toute son acuité est : comment alléger la facture énergétique au moment où les ressources locales conventionnelles baissent (pétrole et gaz naturel) et la consommation énergétique nationale croît ? La Tunisie présente, en effet, un déficit structurel de son bilan énergétique depuis 2001. Le pays importe actuellement jusqu'à 60% de ses produits pétroliers et 47% de sa consommation de gaz naturel (gaz algérien). L'Etat débourse chaque année 5.200 MD en subventions (directes et indirectes) pour payer la facture énergétique. Ces subventions sont réparties comme suit : 43% pour les produits pétroliers, 41% pour l'électricité (la demande électrique croît annuellement de 5%) et 16% pour le gaz naturel. Soleil et vent : 30% de la production électrique à l'horizon 2030 L'impact économique de ce déficit énergétique est sans appel : baisse de la compétitivité de l'économie nationale, subventions publiques à l'énergie de plus en plus lourdes (10% du budget de l'Etat en 2013), etc. Conjuguée à la forte croissance de la demande nationale en énergie et au souci de protéger les couches sociales vulnérables, cette situation a amené les pouvoirs publics à réfléchir sur ce qu'on appelle la transition énergétique. Ou : comment remplacer progressivement le pétrole et le gaz naturel conventionnels importés ? Selon les études et les prospections du ministère de l'Industrie, le Mix énergétique envisage à l'horizon 2030 une plus grande contribution des énergies renouvelables dans la production électrique, soit 30% contre 2% actuellement. Outre l'intensification de la recherche et de l'exploration du sous-sol pour les énergies fossiles qui contribueront à hauteur de 70% dans la production électrique. Ce n'est pas par hasard si la Tunisie s'est intéressée au développement des énergies renouvelables depuis le début des années 90. Le potentiel en ressources énergétiques renouvelables est inépuisable (soleil, vent) et la stratégie claire pour compenser un déficit énergétique chronique est de plus en plus problématique. Force est de constater que la Tunisie s'est essentiellement orientée, depuis le début des années 80, vers l'énergie solaire photovoltaïque (électrification des zones rurales et habitations isolées). Mais également vers l'énergie éolienne. Producteurs-consommateurs d'électricité propre Une première centrale éolienne d'une capacité de 10 MW a été installée par la Steg en 2000 à El Haouaria (Cap Bon). Sa première extension de 10 MW a été réalisée trois ans plus tard, puis, une deuxième de 35 MW. Dans le cadre du programme national de maîtrise de l'énergie et de développement des énergies renouvelables, des centrales éoliennes d'une puissance totale installée de 120 MW sont également décidées pour la région de Bizerte. La loi de maîtrise de l'énergie promulguée en février 2009 encourage, pour sa part, la production d'électricité propre, à partir des énergies renouvelables, par les établissements ou groupes d'établissements exerçant dans les secteurs industriel, agricole ou tertiaire. La loi sus-citée autorise les entreprises produisant l'électricité d'origine éolienne pour leur propre consommation à injecter l'énergie produite au réseau électrique national, à vendre l'excédent d'électricité à la Steg, exclusivement et dans une limite de 30%, et à transporter l'électricité produite par le réseau électrique national. Cette orientation sera renforcée par le programme quadriennal de maîtrise de l'énergie (2008-2011) qui table sur l'installation d'une puissance éolienne globale de 60 MW par les établissements industriels grands consommateurs d'énergie. La réalisation de ce programme devrait permettre une économie d'énergie de 45.000 tep et éviter le dégagement dans l'atmosphère de 100.000 tonnes de CO2 par an. Maîtriser les technologies Le monde est en guerre pour la maîtrise des ressources énergétiques par les grandes puissances et la course pour le développement des technologies de transformation du soleil et du vent en énergie électrique atteint sa vitesse de croisière. La Tunisie passe par une période difficile et la conjoncture actuelle retarde les grandes décisions qu'on prend habituellement dans un climat serein de stabilité politique et sécuritaire. Le ministère de l'Industrie a, tout de même, annoncé la promulgation prochaine d'une loi d'orientation de la politique énergétique de la Tunisie. Une loi qui vise à terme la mise en place d'un système énergétique durable qui repose sur plusieurs sous-défis comme le renforcement des ressources et des infrastructures énergétiques, l'amélioration de l'efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables. La Tunisie a, pour cela, tout intérêt à maîtriser la technologie éolienne tout comme la technologie photovoltaïque, pour une meilleure exploitation de son potentiel éolien et pour ne pas prendre plus de retard en termes de transition énergétique. Pour ce faire, il y a lieu d'encourager la recherche scientifique et de soutenir les inventions technologiques locales en la matière, car elles existent.