Les mineurs délinquants pris en charge au sein des centres de rééducation rencontrent des problèmes de réinsertion scolaire en raison du refus de certains directeurs de les réintégrer dans les établissements scolaires. La direction générale des prisons et de la rééducation vient d'organiser une conférence internationale les 6 et 7 décembre à Gammarth dans la banlieue nord, avec l'appui de la Fondation allemande pour la coopération juridique internationale (IRZ) et la participation de représentants de centres de rééducation en Allemagne, en Algérie et au Maroc. Au cœur des débats, la réhabilitation, l'encadrement et la réinsertion dans les centres de rééducation des mineurs délinquants entre la réalité vécue et la nécessité des réformes visant à généraliser les espaces ouverts dans ces centres et améliorer les programmes de rééducation et de suivi. La difficulté de réinsertion en milieu scolaire Les droits de l'enfant sont garantis par la Constitution tunisienne, a, d'emblée, rappelé Elyes Zalleg, directeur général des prisons et de la rééducation. Selon l'article 47, «les droits de l'enfant sur ses parents et sur l'Etat sont la garantie de la dignité, de la santé, des soins, de l'éducation et de l'enseignement. L'Etat se doit de fournir toutes les formes de protection à tous les enfants sans discrimination et selon les intérêts supérieurs de l'enfant». Le Code de la protection de l'enfant est venu appuyer ces droits. Ainsi, l'enfant, placé dans une institution éducative de protection ou de rééducation ou mis dans un lieu de détention, a droit à la protection sanitaire, physique et morale. Il a aussi droit à l'assistance sociale et éducative, tout en considérant son âge, son sexe, ses potentialités et sa personnalité, selon l'article 15 de ce code. La rééducation des mineurs délinquants est axée avant tout sur la réhabilitation. La situation au niveau des centres de rééducation des mineurs délinquants se présente plutôt bien. Ces centres sont au nombre de sept, dont cinq sont actuellement en fonction (Gammarth, El Mghira, El Mourouj, Mjez El Bab, Sidi El Hani, Agareb Souk Ejjdid), explique Ferid Bouraoui, chef de service des institutions de rééducation. Ces enfants sont âgés entre 13 et 18 ans, mais la grande difficulté qui pose problème, c'est celle de la réinsertion dans le milieu scolaire en raison du refus opposé par certains directeurs. L'autre problème soulevé par Ferid Bouraoui est celui de la formation des responsables travaillant dans ces centres. L'expérience réussie de l'espace ouvert au Centre El Mourouj Le directeur du Centre de rééducation El Mourouj, Samir Aloui, s'est arrêté sur l'expérience réussie de l'espace ouvert de ce centre, créé en mai 2016 avec l'appui du CICR. Les mineurs orientés vers ce centre peuvent mener leur vie normalement et aller à l'école ou suivre d'autres activités en compagnie de l'un des responsables et retourner à la fin de la journée au centre de rééducation. Il a, à son tour, évoqué certaines difficultés relatives à la réinsertion des mineurs dans les milieux scolaires et le financement des projets au profit de ces derniers. Ils sont 16 enfants à avoir bénéficié de l'expérience de l'espace ouvert en 2016, 10 d'entre deux ont recouvré leur liberté et 6 bénéficient de formation professionnelle (menuiserie, restauration, coiffure...).En 2017, le nombre des mineurs qui ont bénéficié de cet espace ouvert s'est élevé à 32. La majorité a bénéficié d'une formation professionnelle. Ce qui est important au niveau de cette formation, c'est que le mineur recevra un diplôme qui ne fera aucune référence au centre de rééducation pour ne pas compromettre ses chances de travail et mieux assurer sa réinsertion dans la société. Ces mineurs peuvent bénéficier, après leur libération, des services d'un fonds de réhabilitation et d'insertion pour pouvoir poursuivre des études ou suivre une formation professionnelle afin de les aider à monter leur propre projet, ont souligné les intervenants relevant de la Direction générale des prisons et de la rééducation. La direction générale a déjà conclu des accords de coopération avec certains ministères dans le cadre de la rééducation et la réhabilitation des mineurs délinquants. La cure plutôt que la détention Les participants allemands, algériens et marocains ont passé en revue l'expérience de leurs pays dans les centres de rééducation des mineurs délinquants. En Allemagne, on préfère les cures à la détention, excepté pour les récidivistes ou ceux qui ont commis un grave délit, a souligné Frau Silvia Hawliczek, directrice du centre des mineurs délinquants à Berlin. Généralement, les jeunes ne dépassent pas plus de 14 mois dans les centres et sont généralement orientés vers les centres de formation. Le problème rencontré est celui de la langue. En effet, 50% ne maîtrisent pas l'allemand. De l'encadrement psychologique aux soins assurés, à la formation professionnelle, aux conditions de séjour satisfaisantes, la Tunisie a toujours accordé une importance majeure à la protection de l'enfant, même dans les centres de rééducation des mineurs délinquants, ont tenu à confirmer les organisateurs de cette conférence internationale. Les défis persistent toutefois, surtout au niveau de la généralisation des espaces ouverts, de l'infrastructure dont disposent les autorités de tutelle, de la formation des responsables dans ces centres et de l'efficacité même du système de rééducation qui doit toujours être doté de nouveaux programmes de réinsertion dans la société.