Saber Hammi a mijoté un «Parlement des femmes» à la sauce actuelle en respectant l'esprit de la comédie d'Aristophane. La pièce servie par des comédiens endiablés et drôles a été présentée devant un petit nombre de spectateurs. Les festivités ont été annulées à l'avenue Bourguiba en solidarité avec le peuple palestinien après les déclarations du président américain Trump de transférer l'ambassade américaine à El Qods. Par contre, le programme voulu, cette fois-ci éclaté, des cérémonies d'ouverture a été maintenu mais les horaires ont été décalés. Prévues pour 21h00, les représentations ont été données à 22h00. «Le parlement des femmes», mise en scène de Saber Hammi et qui représente le Centre d'art dramatique et scénique du Kef, a été présenté au Mondial. Le public, qui n'avait pas la tête au théâtre, est venu en petit nombre assister à cette pièce adaptée de «L'Assemblée des femmes» d'Aristophane qui fait écho à l'actualité tunisienne. Cela commence par un déguisement, une manière de nous indiquer qu'on est bien au théâtre. Des femmes se mettent dans le costume des hommes pour se diriger vers le parlement. Dans cet espace consacré à la politique, alignées sur des chaises au dos haut, elles décident de faire leur révolution en adoptant de nouvelles législations qui attribuent un pouvoir absolu. Le droit de la femme laide, de la vieille femme, de choisir son amant, le partage à égalité avec les hommes de tous les biens, l'interdiction à l'homme d'entretenir une relation sexuelle avec une jeune femme avant d'en avoir une avec une femme laide ou vieille. Les hommes se réveillent et trouvent qu'ils sont dépouillés de leurs vêtements. Ils portent les habits de leurs épouses. Tandis que leurs femmes au pouvoir organisent une fête pour célébrer les nouvelles législations. Le déguisement participe au bouleversement de l'ordre établi. Et les hommes, qui avaient le monopole des décisions, se retrouvent exclus dans ce jeu de rôle. Comédie grinçante qui veut probablement se moquer de la société en délitement et des institutions politiques, et louer les femmes tout en les moquant. Chaque geste, chaque parole et chaque déplacement participent à l'harmonie de la pièce. Vivacité des dialogues, absence de longs monologues. Les comédiens ont imprimé à cette création humour et rire parfois forcés. Leur jeu est outré, proche de la Commedia dell'arte mais plein d'énergie. Un petit souci au niveau des tenues vestimentaires qui rappellent celles de la pièce «Farka Saboun» et n'ont rien d'originaux.