Nous sommes dans le mois enchanté, celui des paillettes et des rubans, des plannings ingérables et des listes à rallonges, des cadeaux et des douceurs, des expositions, foires, salons, lancements à n'en plus finir, celui des fêtes en un mot, toutes les fêtes pourvu qu'elles dispensent de la joie autour de nous, et du plaisir à ceux qu'on aime. Autour de nous, le tourbillon a commencé, et l'on s'en voudrait de manquer une seule de ses valses. Les galeries ont donné le rythme : un délicat jardin d'hiver chez Musk and Amber, où la céramique se transforme en bouquets rêvés, en boules florales imaginaires. Une serpillière insolente clame «pourquoi pas moi ?» chez Aïcha Gorgi, et prétend voler la vedette aux œuvres d'art. Des mobiles aux poissons volants chez Kalyste promettent de la chance pour l'année qui vient. Espaces beauté et concept stores ne sauraient être de reste, et se font arty à souhait. Mac a donné le signal, celui du glitter, de l'or scintillant, en accrochant de la lumière à ses dernières collections, en les habillant de paillettes, de nacre et de bronze, en offrant de la feuille d'or et d'argent comestible à boire aux journalistes et bloggeuses venues découvrir la collection Holliday. Mooja et Farès Cheraït, lui, prenait le contrepied de tout ce scintillement, et donnait la vedette à «la petite robe noire». Il invitait un panel de créateurs à décliner la tenue iconique, et à en montrer toutes les déclinaisons dans son nouvel espace jardin. Où l'on découvrait que rien n'est moins classique que la fameuse petite robe. Un peu plus bas, toujours dans le quartier de Mutuelleville, en train de devenir «the place where to be», le concept store Elyssa invite une artiste à calligraphier à main levée des poèmes de Nizar Qabani sur des écharpes de gaze de laine. Et présente une magnifique collection de Bagada, le clutch brodé de motifs de céramiques anciennes. A La Marsa, chez Articoncept, c'est une artiste peintre sur céramique qui présente ses délicates créations. Insaf Kilani Ennasser déploie des calligraphies sophistiquées sur des plats ou des ciboires de céramique blanche, et les nimbe de feuille d'or. A quelques mètres à vol d'oiseau, Dar Yass offre la vedette au cuivre sous toutes ses formes. Partant de collections anciennes, on y montre la continuité d'un savoir-faire vivace et pérenne, dont la créativité et la virtuosité ne cessent de se renouveler. XYZ entre dans la fête avec ses manteaux d'apparat, ses capes d'opéra, ses paletots de bal. Là, on est dans les velours, les brocards, les damas et les brochés, le spectacle et la théâtralité. Cependant qu'à El Abdelliya, trop rapidement cependant, les potières de Sejnane, encadrées par Mariem Besbès, présentaient de magnifiques terres cuites ajourées, réinventant un art millénaire et toujours furieusement contemporain Chez El Hanout, Kaouther Maâmouri prouve par A+B que chez elle, même la kachabia peut être élégante, stylée, branchée. La preuve, elles sont épuisées. Alors en ce mois des merveilles, des ors des scintillements, des rubans, des surprises, des imaginations débridées, offrons-nous le doux plaisir de rêver.