Après pas moins de 11 ans de patience, c'est un ultimatum que viennent de lancer les dentistes à la Cnam, avec le 6 février 2018 pour date butoir. Khaled Tanazefti, président du Syndicat tunisien des médecins dentistes de libre pratique, nous explique les causes de ces menaces. «Ce n'est absolument pas un coup de tête car voici onze années que nous ne cessons d'établir un dialogue de bon aloi avec la Cnam sans résultat. Et si nous avons aujourd'hui décidé, de guerre lasse, de lui accorder jusqu'au 6 février prochain pour répondre à nos doléances, c'est avec le but de la faire sortir de sa torpeur. Nos revendications orbitent toutes autour de la défense du patient et nous n'avons pas de demandes d'augmentations d'honoraires. C'est là le problème principal car la Cnam nous écoute, mais finit par nous dire pourquoi ne parlons-nous pas de nos propres problèmes et pourquoi nous nous sommes attribué le droit de défendre le patient», s'étonne le Dr Khaled Tanazefti, président du Syndicat tunisien des médecins dentistes de libre pratique. C'est ainsi que le syndicat a décidé qu'il ne renouvellera pas son contrat avec la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) en vertu des articles 82 et 38 de la convention sectorielle signée entre les deux parties à partir du 6 février 2018. Refus de la Cnam de hausser le plafond de la couverture médicale Concrètement, les accusations du Dr Tanazefti et de son syndicat portent sur le refus de la Cnam de mettre à jour la convention et de hausser le plafond de la couverture médicale des médecins dentistes qui est invariablement resté au niveau des 200 dinars pour le chef de famille et 50 dinars seulement pour chaque membre de la famille, alors que le remboursement ne dépasse pas 50% (pour le syndicat, ce n'est rien moins qu'une dévalorisation du dentiste, alors que les autres spécialités en sont à 80%). Il dénonce également le refus de la Cnam de communiquer le nombre de malades couverts, les taux de couverture et le coût, alors qu'elle a promis de mettre toutes les informations à la disposition des praticiens. Pourquoi ce manque de communication qui a mené à la crise? Selon le Dr Tanazefti, la Cnam est tenue de réunir le Conseil national de l'assurance maladie qui compte tous les intervenants tous les 6 mois, justement pour anticiper toutes les problématiques qui risquent de se prononcer, mais le Conseil ne s'est réuni que 3 fois depuis 11 ans, alors que la loi 71-2004 l'exige. Malgré tout, il assure que le syndicat reste ouvert au cours de ces 8 semaines qui nous séparent du 6 février à emprunter toutes les voies aptes à trouver des réponses convenables à toutes ces revendications, mais nous fait savoir que, depuis l'annonce, il n'a reçu aucun signe positif de la Cnam et du ministère des Affaires sociales. Un dernier mot du Dr Tanazefti: «Nous avons soutenu, dès le début, le projet de la Cnam parce que nous avons considéré qu'il s'agissait d'un acquis national où l'esprit fondateur est l'ouverture du public sur le privé. C'est pour cela que nous assurons aujourd'hui, malgré la crise, que s'il y a des gens responsables, capables de concéder que certaines choses doivent être clarifiées, nous sommes prêts à renouer avec la Caisse».