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«Il est grand temps de dépolitiser la chose économique»
Entretien avec...M. Zied LAâDHARI, ministre du développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale
Publié dans La Presse de Tunisie le 31 - 12 - 2017

Zied Laâdhari est confiant. L'année 2018 verra, dit-il, l'accélération de la mise en place des réformes structurelles nécessaires pour soutenir l'économie en adoptant une approche de développement inclusive basée sur le renforcement de la bonne gouvernance, la libéralisation de l'initiative et la promotion du partenariat avec le secteur privé, ainsi que l'amélioration continue du climat des affaires. Il faudrait, à cet égard, «éloigner la chose économique des querelles partisanes et politiques»
A plus d'une année de la tenue de la conférence Tunisia 2020, qu'en est-il du bilan et y a-t-il des promesses qui ont été concrétisées ?
Avec une forte présence internationale, la conférence Tunisia 2020 a offert l'occasion de vérifier que le «site Tunisie» reste compétitif et attractif et ainsi faire retourner notre pays sur les radars des investisseurs du monde entier.
A cet effet, Etats partenaires et bailleurs de fonds ont annoncé un soutien de plus de 34 milliards à travers des engagements signés totalisant 15 milliards de dinars et des promesses exprimées pour un total de 19 milliards de dinars.
Notre priorité absolue c'est d'améliorer notre capacité de consommation de ces différents financements et de veiller sur un avancement convenable des projets faisant l'objet d'un appui de la part de nos partenaires. Notre mode opératoire doit être amélioré pour éviter les retards de décaissements et les blocages bureaucratiques sur les projets.
Sinon le processus de mobilisation des financements nécessaires a été enclenché pour l'exécution des projets du Plan 2016-2020 selon les priorités et les plannings qui y sont présentés. Ainsi, les dons et prêts signés et affectés à des projets à fin 2017 ont atteint 13 milliards de dinars soit presque 40% de l'enveloppe totale annoncée.
Ces projets ont couvert des domaines prioritaires en soutien à l'effort national de développement comme les infrastructures, l'environnement, l'agriculture, l'eau ou encore l'aménagement du territoire...
Par exemple, et rien que pour ce mois de décembre, nous avons signé avec la BEI un financement de 500 millions de dinars destiné au premier tronçon de l'autoroute du Centre (Sbikha-Jelma), un autre financement a été signé avec la BERD d'un montant 464 millions DT pour les ligne ferroviaires Tunis-Kasserine et Moknine-Mahdia. Nous avons aussi signé avec la BAD deux accords de prêts relatifs, d'une part, au projet d'appui au développement des compétences techniques et technologiques pour les collégiens et lycéens et d'autre part, à celui visant à soutenir la mise en œuvre du Plan national stratégique « Tunisie Digitale 2020 ».
D'autre part, de grands groupes privés ont concrétisé des accords signés pendant la conférence Tunisia 2020 tels que le Groupe PSA qui démarrera prochainement l'exploitation de son usine de pick-up Peugeot ou le groupe Qatari « La Cigale- El Majeda» qui bâtira à Gammarth un complexe de tourisme d'affaires pour un investissement d'une valeur de 500 millions de dinars.
Vous avez auparavant signalé que la Tunisie souffre d'un déficit d'image. D'ailleurs, le classement Doing Business a été assez dur. Comment pensez-vous pouvoir redonner à la Tunisie l'image d'un pays ayant des atouts propres à attirer les investisseurs et regagner leur confiance ?
Effectivement. La Tunisie a perdu 11 points dans le classement Doing Business 2018 passant de la 77e place à la 88e. C'est très regrettable. Même si beaucoup expriment des réserves sur ce type de classement, nous le prenons de notre côté très au sérieux. Il ne faut pas oublier que ce type de classement est très regardé par les investisseurs. Il est donc impératif d'agir. Notre démarche s'inscrit dans un plan plus global pour l'amélioration du climat de l'investissement et des affaires dans le pays. En réalité, nous n'avons pas attendu l'annonce du dernier classement pour commencer à travailler sur le sujet. Et nous ne limitons pas notre action au classement du rapport Doing Business. Nous visons tous les classements les plus importants comme celui de Davos ou de Transparency. Concernant Doing Business, nous avons d'ores et déjà adopté un plan d'action gouvernemental afin d'actionner les mesures nécessaires en focalisant en particulier sur l'amélioration des indices « Création d'entreprises », «Obtention d'un permis de construction », « Obtention de crédits» et « Protection des investisseurs minoritaires ». Notre objectif est d'intégrer le top 50 global et d'être parmi les 3 meilleurs en Afrique et dans les pays arabes d'ici 2020. Le chef du gouvernement suivra en Conseil des ministres de manière régulière les progrès réalisés et les difficultés persistantes, de manière à les débloquer au fur et à mesure. Nous changeons ainsi le mode de fonctionnement espérant ainsi des résultats concrets dans le premier semestre 2018.
En même temps, le déficit d'image du pays nous interpelle tous sur notre responsabilité collective dans la promotion de notre pays. Notre débat public, avec ses excès et ses polémiques, participe à créer des confusions dans l'esprit de l'investisseur étranger. Souvent des querelles politiques internes prennent en otage le débat économique et font dresser un tableau noir, sans nuance, de notre économie nationale et donnent une version biaisée de la réalité du contexte de transition, par définition très complexe.
Il est donc grand temps de dépolitiser la chose économique et de l'éloigner des querelles partisanes et politiques. Ceci aidera à donner plus de sérénité au débat économique mais aussi à préserver les intérêts économiques supérieurs de la nation et contribuera à donner une idée plus juste sur les dynamiques positives en cours dans le pays et son immense potentiel économique. Et permettra à la Tunisie de regagner la place qui est la sienne comme destination privilégiée pour l'investissement extérieur.
La loi de l'investissement avait pour objectif de booster l'investissement en offrant des incitations et en axant sur les régions. A-t-elle réussi jusqu'ici à réaliser cet objectif ?
Avec la nouvelle loi la Tunisie bénéficie désormais d'un cadre juridique attractif, et offre aux investisseurs les garanties auxquelles ils aspiraient conformément aux meilleurs standards internationaux. S'agissant des effets concrets de ce cadre juridique, Il semble difficile de se prononcer sur l'effet d'une loi en si peu de temps, la loi de l'investissement ne comptant que quelques mois d'existence depuis son entrée en vigueur en avril 2017, le cycle d'investissement quant à lui prend jusqu'à deux années entre la décision d'investir et l'entrée en activité.
Cependant on constate que la loi a déjà eu un effet positif sur l'intérêt des investisseurs à « la destination Tunisie » par l'augmentation du nombre de visites de prospection, les demandes d'information et les intentions d'investissement.
Par ailleurs, l'évolution du flux des IDE pour les 11 premiers mois de 2017, par rapport à la même période de 2016, est de 8.4%, mais en intégrant l'effet des investissements en portefeuille, qui ont évolué de 86.7%, on atteint une évolution totale des investissements étrangers de 11%, ce qui dénote une reprise qui sera confirmée, nous l'espérons l'année prochaine.
Je veux insister à cet égard sur le fait que la loi ne constitue qu'une composante de l'effort national d'attraction des investissements extérieurs. Le gouvernement et les organismes d'appui ont aussi un grand rôle à jouer dans ce sens en collaboration avec les acteurs du secteur privé , les organisations nationales et les chambres mixtes et autres organismes professionnels sectoriels. Nous devons tous jouer un rôle proactif et ne pas nous contenter d'attendre que les investisseurs viennent à nous. Il faut aller les chercher là où ils se trouvent. Il faut leur montrer les succès sur place et les différents atouts du pays, souvent méconnus. Les membres du gouvernement continueront à appuyer cet effort collectif. Le chef du gouvernement y veille personnellement et contribue de son côté à présider des délégations dans plusieurs pays. Je poursuivrai en tant que ministre de l'Investissement l'expérience réussie commencée au ministère de l'Industrie et du commerce, où j'ai conduit des délégations d'entreprises tunisienne telles que celle représentant le secteur automobile qui s'est déplacée au siège du constructeur automobile Italien FIAT à Turin, ou lorsque j'ai accompagné les industriels tunisiens au Salon international de l'aéronautique au Bourget. Aller sur place, montrer le savoir-faire tunisien et faire parler des entreprises avec leurs homologues s'avère toujours un pari gagnant.
L'Union Européenne reste le partenaire commercial historique de la Tunisie. Mais n'est-il pas temps de se tourner davantage vers d'autres partenariats porteurs afin de diversifier les échanges commerciaux et contribuer également à une dynamique de l'investissement dans le pays ?
La géographie comme l'histoire ont fait que l'Europe soit notre premier partenaire. La révolution nous a encore plus rapproché car nous partageons désormais la croyance en ce même idéal démocratique. Un socle de valeurs en commun. L'Europe, collectivement en tant qu'Union mais aussi nos principaux partenaires européens, notamment la France, l'Allemagne et l'Italie, ont fortement soutenu la transition. Nous continuerons à œuvrer pour mieux consolider ces relations privilégiées et les développer davantage, tant sur le plan politique qu'économique. D'ailleurs, une nouvelle feuille de route est actuellement en cours d'élaboration pour donner une plus grande impulsion à notre partenariat stratégique. Encore plus près de nous, l'Algérie reste notre partenaire stratégique avec qui nous continuons à travailler pour générer davantage d'opportunités économiques des deux côtés tant le potentiel de coopération économique entre les deux pays est immense. La Libye, une fois stabilisée, reprendra aussi la place qui est la sienne. Nous devons dynamiser davantage notre coopération avec les USA, les pays du Golfe, pays avec lesquels nous avons des liens historiquement très forts. Mais aussi avec la Chine et la Turquie, l'investissement pouvant permettre dans ce cas de rééquilibrer nos échanges commerciaux déficitaires.
En même temps, nous nous félicitons de la récente dynamique envers l'Afrique subsaharienne. Cette nouvelle orientation africaine est primordiale et nous pouvons la développer aussi dans une démarche triangulaire gagnant- gagnant –gagnant, en synergie avec nos partenaires stratégiques et historiques.
L'impulsion du processus d'intégration régionale au niveau du continent avance à grands pas, notamment au sein de deux des principales zones économiques du continent, à savoir la Comesa et la Cedeao, processus sur lequel j'ai eu moi-même l'honneur de travailler au Ministère du Commerce, et qui aboutira inchallah au cours de l'année 2018 par l'intégration de la Tunisie, en tant que pays membre de la Cedeao et pays observateur pour la Cedeao.
Des critiques ont été émises concernant l'exécution du budget 2017 et son incapacité à réaliser l'objectif de relance économique. Même chose pour le budget 2018 puisque certains estiment qu'il induira un creusement du déficit courant, de l'encours de la dette à plus de 70% et du taux d'inflation qui a dépassé actuellement les 6%. Qu'en pensez-vous ?
Le budget 2017 était basé sur un changement de notre modèle de croissance en misant sur l'investissement et les exportations comme «drivers» de la croissance, une rupture par rapport à un modèle de croissance tirée principalement par la consommation comme ce fut le cas ces dernières années. De même, le budget 2018 se caractérise par une meilleure maîtrise des équilibres macroéconomiques du pays en gardant le déficit budgétaire en dessous de 5% et en donnant un coup d'arrêt au creusement de l'endettement public. La ferme volonté du gouvernement d'union nationale de réformer l'Etat et les finances publiques y apparaît très fortement et pour la première fois depuis plusieurs années.
En termes de réalisations, l'année 2017 a été caractérisée par une amélioration des principaux indicateurs de l'activité économique due principalement à la performance des secteurs des industries manufacturières et les services marchands dont notamment le tourisme et le transport. Mais aussi une amélioration des indicateurs liés à l'investissement national et étranger ainsi qu'une évolution des exportations ayant progressé à deux chiffres, une première depuis cinq ans.
En revanche, le déficit de la balance commerciale, imputable essentiellement à la détérioration de la balance énergétique (30% du déficit ) et la dépréciation du Dinar face aux principales devises, demeure un vrai défi.
Quant au budget économique 2018, l'accent sera mis sur la consolidation du rythme de la croissance économique prévue au taux de 3% et une hausse de l'investissement global de 13.0% à prix courants. Notons que le gouvernement a adopté un programme pour activer les PPP en fixant un certain nombre de projets réalisables en 2018 dans divers secteurs, une maîtrise relative du déficit courant de 8.2% du PIB contre 9% prévus en 2017 et le déficit budgétaire sera ramené à 4.9 % du PIB contre 6.1 % en 2017.
De surcroît, l'année 2018 verra l'accélération de la mise en place des réformes structurelles nécessaires pour soutenir l'économie en adoptant une approche de développement inclusive basée sur le renforcement de la bonne gouvernance, la libéralisation de l'initiative et la promotion du partenariat avec le secteur privé, ainsi que l'amélioration continue du climat des affaires. L'action des réformes englobera entre autres la modernisation de la fonction publique, la restructuration des entreprises publiques, la pérennisation des caisses de la sécurité sociale, la poursuite de la mise à niveau de PME, le ciblage des subventions et transferts sociaux et la lutte contre l'évasion fiscale.
La délégation du fmi a mis l'accent, lors de sa dernière visite, sur l'accentuation des vulnérabilités macroéconomiques et la hausse de la dette publique qui atteindra 70% du pib d'ici fin 2017. Partagez-vous cette analyse et comment voyez-vous les perspectives pour l'économie tunisienne pour cette fin de l'année 2017 et pour l'année 2018 ?
Il importe de noter que les discussions avec le FMI lors de la dernière mission du mois de décembre 2017 ont été concluantes. La délégation du FMI a analysé les agrégats économiques du pays qui révèlent dans l'ensemble une amélioration de l'activité économique tout en mettant l'accent sur la nécessité d'accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles programmées ainsi que l'introduction des mesures appropriées pour maîtriser le déficit commercial et budgétaire et contrecarrer les tendances inflationnistes. A ce titre, le gouvernement s'est attaché, dans le cadre de la loi de finances 2018, à introduire de nouvelles mesure visant à maîtriser le déficit de la balance commerciale et le déficit budgétaire. Une politique monétaire rigoureuse sera poursuivie afin de cibler la maîtrise des prix.
En ce qui concerne la hausse de la dette publique, qui atteindra 70% du PIB d'ici fin 2017, nous constatons que la dynamique de la dette publique est préoccupante bien que toutes les analyses confirment jusque-là la soutenabilité des finances publiques à moyen terme. Mais l'enjeu essentiel pour nous est de mener une réforme structurelle des finances publiques.
Pour cette raison, le Gouvernement a inscrit la maîtrise de la dette publique en tête des priorités de l'action publique en se fixant un objectif de remettre la dynamique de la dette sur un sentier durable. Il est question tout d'abord de fixer un cadre d'ajustement budgétaire de moyen terme cohérent avec un point d'ancrage assez visible, à savoir l'abaissement du déficit budgétaire et le taux d'endettement public à respectivement 3% et moins de 70% du PIB en 2020.
A ce propos, un effort de rééquilibrage conséquent sera consacré dans la loi de finances 2018 qui a comme objectif la réduction du déficit budgétaire à 4.9% du PIB, et ce, grâce à la rationalisation des dépenses courantes notamment la masse salariale, l'amélioration de l'effort de recouvrement fiscal et la poursuite de la mobilisation des ressources de financement extérieures à des conditions appropriées.
Il importe enfin de persévérer sur la voie des réformes structurelles afin de minimiser les risques budgétaires sous-jacents via notamment la restructuration des entreprises publiques et la réforme des caisses de sécurité sociale et du système de subventions.
On a beaucoup parlé du PPP comme vecteur de développement de l'investissement. Mais il semble qu'il n'y ait pas encore l'engouement nécessaire pour booster l'investissement dans ce cadre. Quelles sont, selon vous, les entraves à cela ?
La loi sur les PPP, qui a été votée en 2015, a eu l'avantage de mettre enfin en place un cadre juridique clair pour ce mode d'investissement. Mais elle a aussi mis les PPP sous les feux des projecteurs, ce qui en a fait un sujet de tiraillements politiques.
Dans ce cadre, je pense que nous avons besoin de plus de pédagogie afin de promouvoir les PPP en plus d'améliorer la maturité technique des projets proposés et leur assurer un process d'exécution efficace.
Je peux vous assurer à ce niveau que la volonté politique existe afin de pérenniser ce mode d'investissement. Cette volonté passe par le lancement par le gouvernement d'union nationale d'un plan ambitieux à hauteur de 5.200 millions de dinars sur trois ans. Celui-ci sera consacré à la réalisation de projets en PPP et de concessions. Cela concerne aussi des projets planifiés mais qui n'ont pas été réalisés, comme le port en eaux profondes d'Ennfidha, des projets hydriques, électriques, environnementaux etc.
Les difficultés que connaissent les entreprises publiques constituent un fardeau pour le budget de l'Etat. Jusqu'à quand l'Etat sera-t-il le garant de ces entreprises et quelles sont les solutions envisageables ?
La réforme des entreprises publiques est cruciale. Au-delà de l'assainissement des finances publiques, elle permet d'améliorer la qualité des services publics et de contribuer à une plus forte croissance économique.
Notre approche est basée sur la capacité des entreprises publiques d'être des leviers de croissance économique : dans un contexte d'internationalisation de l'économie, l'étendue du spectre des leviers disponibles à l'Etat pour mettre en œuvre des politiques économiques est de plus en plus restreinte. Les entreprises publiques peuvent servir d'instruments de politique publique, à un moment ou un autre, à condition de les gérer en fonction des objectifs poursuivis et de s'interroger périodiquement est-ce que les objectifs poursuivis sont-ils encore valables ? En particulier, plusieurs du nos entreprises publiques sont appelées à jouer le rôle de locomotive du développement régional.
Au-delà du traitement des problématiques transversales de gouvernance (Le pilotage stratégique, le cadre de contrôle par l'Etat, la gestion interne, la transparence pour les parties prenantes, ...), il faut traiter les entreprises publiques au cas par cas, bien définir pour chaque entreprise ses problèmes structuraux et lui proposer une réforme spécifique (Plan stratégique de développement, éventuellement une réorientation de ses missions initiales .,,).
La sensible question de la privatisation des entreprises publiques pèse malheureusement très lourdement sur le débat et constitue un élément de blocage réel pour le traitement du dossier au niveau politique. Le traitement au cas par cas des entreprises publiques mettra les acteurs majeurs concernés à l'aise et permettra de débloquer la situation.
Si je prends l'exemple que je connais le mieux, celui relevant des départements de l'industrie et du commerce, je peux dire que grâce à un dialogue social avec l'Ugtt et des CMR organisés la réforme des entreprises sous tutelle a été d'ores et déjà amorcée.


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