Sommes-nous en train de revivre le scénario où l'EST gagne son titre depuis l'aller ? Il faut remonter loin, très loin pour voir un écart aussi conséquent entre l'EST à la tête du classement et ses poursuivants. Cela rappelle la grande parenthèse de 1999 à 2004 où l'EST n'avait aucun adversaire et se baladait seule en championnat. Et même quelques années plus tard, elle n'avait pas cette facilité au bout de l'aller ou de 14 journées comme c'est le cas cette année. Il y avait toujours une ou deux équipes qui résistaient à la concurrence, du moins, jusqu'au dernier quart de la saison (l'ESS et le CA en premier lieu). Qu'est-ce qui s'est passé cette saison ? On a une EST qui a fait le break sur les 6 premières journées : une série de victoires (dont deux sont contestées à cause des erreurs arbitrales en sa faveur en l'occurrence face à l'ASG et l'USM), au moment où l'ESS s'est effondrée après l'humiliation en Ligue des champions face à Al Ahly et un CA victime de ses problèmes internes ( la sortie douloureuse de Slim Riahi et l'incompétence de Marco Simone et de son staff). Du coup, les Sang et Or, qui ont aussi totalisé 5 points devant leurs adversaires directs traditionnels, et même sans trop convaincre, survolent la compétition, et pour certains observateurs, ont pris option sur le titre étant donné la fragilité de leurs adversaires. Un problème de luxe La défaite de l'EST à Radès contre Al Ahly a été une énorme déception pour les dirigeants et pour le public. Se rattraper en championnat était la moindre des choses et cela n'a pas satisfait le grand public qui n'a pas apprécié les victoires étriquées de son équipe et la mauvaise gestion de Benzarti (fidèle à son obstination de ne faire appel qu'à 15 joueurs et d'ignorer ceux qu'il n'aime pas comme Ben Htira ou Rejaïbi). On se souvient du public espérantiste qui a humilié Benzarti après la victoire du derby et après le nul contre le CSS. Il a fini par partir et confirmer qu'il est un entraîneur qui ne changera jamais : il débarque en héros, il fixe un groupe de 15 joueurs qu'il use, il gagne un titre grâce à la qualité de l'effectif qu'il a ( comme à l'ESS) et puis il crée des problèmes avec certains joueurs et finit par sortir par la petite porte après avoir lessivé ses meilleurs joueurs (le même scénario avec l'Etoile avec Lahmar, Negguez et Brigui saturés et qui n'ont jamais pu retrouver la forme). L'EST, qui a adopté un jeu musclé et direct où trois milieux récupérateurs costauds ont probablement ôté de la création sur les manœuvres. Quelques jours après un nul au goût de défaite face au CSS, les Espérantistes, après la défaite du CSS, se trouvent avec 8 points d'avance. L'histoire nous montre que très souvent, c'est une affaire close ( hormis le scénario de 1990 où les 13 points se sont évaporés mais ce n'est plus le CA de cette époque !). Le prochain entraîneur ne devra pas apporter le titre seulement : il doit charmer par le jeu et utiliser l'effectif doré et qui coûte cher. Les Bguir, Rejaïbi, Ben Htira, Machani, Bessghaïer doivent avoir plus de temps de jeu. Adversaires fragiles Peut-on imputer seulement le retard des adversaires sur les erreurs arbitrales (qui ont un effet bien sûr) ? Nous ne le pensons pas. Les adversaires de l'EST n'ont pas sa régularité ni la richesse de son effectif. C'est ce qui fait la différence. C'est un club qui sait mieux gérer ses problèmes et qui se fait assez discret avec un bon lobbying médiatique. Contrairement à l'ESS et au CA qui se sont effondrés et entrés dans des crises aiguës juste après l'élimination en Afrique. Les Etoilés qu'on pensait être des adversaires redoutables jusqu'à la dernière journée, et avec un effectif très bon et une longue expérience, ont régressé après l'humiliation contre Al Ahly. Jenayeh et Jaziri, avec Velud ont été sacrifiés, alors que les résultats, entretemps, en championnat, n'ont pas suivi. Beaucoup de nervosité, de fragilité et surtout de points perdus sur l'EST (10 points d'avance). Pour le CA, c'est l'éternel mal-être et les carences en savoir-diriger. La sortie de Slim Riahi, la mauvaise qualité de l'effectif, les tensions autour de l'équipe et puis un Marco Simone dépassé par les événements, ont fait que les Clubistes traversent une période difficile. Le rebond fait et surtout les 6 points contre le CSS et l'ESS relèvent du miracle. Kamel Kolsi et Tiouiri ont réussi à créer de l'envie et du sérieux chez l'équipe et c'est grâce à eux que les résultats se sont améliorés. Marchand, lui, a battu l'ESS et le COM (grâce à Charfi), mais fait match nul contre l'ESZ et perdu face à l'ASG ( il n'a trouvé aucune solution pendant 80'), et devra faire plus pour éviter de terminer la saison dans un classement déshonorable ( il faut qu'il y ait aussi des renforts, le Français n'assume pas tout à lui seul !). Venons-en au vrai adversaire de l'EST , le CSS qui a fait un bond de qualité en comptant sur un effectif stable sans pouvoir recruter. Les jeunes promus dès la saison dernière avec le Portugais Motta ont progressé, et les recrutements bon marché ont été très efficaces ( Amamou, Ben Ali, Marzouki, en attendant Ragoubi et Harzi), mais tout cela ne compte pas beaucoup quand on parle de titre. Le CSS a raté 2 points à domicile face à l'ASG, fêté un nul face à l'EST ( exagéré et dénotant l'infériorité du club face au leader) et puis une défaite à Monastir et 8 points de retard. En 10 jours, Dridi, qu'on présentait comme le meilleur de sa génération, a pris 2 points sur 9 possibles. C'est comme ça qu'on interprète les chiffres en course pour le titre. Les Sfaxiens méritent beaucoup d'encouragement avec un modèle économique et de valeur qui a permis à l'équipe de lutter avec l'EST mais il manque encore ce mental, et ces joueurs qui peuvent gagner des titres. Ce n'est pas la génération de 95 (Fekih, Trabelsi, Souayah, Salem entraînée par José Paolo) ou celle de 2003 à 2006 ( Nafti, Guemamdia, Essafi, Mrabet, Abdi entraînés par Mahjoub puis Decastel). Cette saison rique d'être ennuyeuse avec la mainmise de l'EST qui survole la compétition. Elle est aidée par l'irrégularité et la fragilité de ses adversaires qui retrouvent les années où le titre se joue en décembre et le peloton tente de gagner...la deuxième place. Retournement de situation après la trêve ? Difficile mais pas impossible.