Plus pitoyable qu'une défaite, plus sinistre qu'une débâcle, plus amer qu'une ambiance polluée jusqu'aux racines, c'est dans l'entourage du club, ouvert à tous les vents, que se joue l'avenir du ST. Point de moyens, point de résultats. Telle est l'issue inévitable d'une équipe qui ne peut aspirer à un nouveau statut en l'absence des dispositions requises. Si les problèmes sont connus de tous, les solutions deviennent aujourd'hui impossibles, notamment dans un contexte extrêmement défavorable. Pourtant, l'avertissement ne s'est pas fait attendre. L'idée que le club soit replacé, à travers ses différentes composantes, à sa juste valeur ne date pas d'aujourd'hui. Les véritables besoins et impératifs, ignorés jusque-là sous l'effet d'arguments erronés, ont fait que l'on continue à se tromper non seulement de priorité, mais aussi de conjoncture et d'opportunité. La défaite cuisante de la première journée du championnat n'est pas une surprise, même si elle est concédée sur un large score. Elle signe la perte du cap symbolique, mais aussi d'alternatives et de solutions susceptibles de faire avancer les choses. Le Stade vit aujourd'hui un miracle au quotidien. Face aux problèmes financiers de tout bord, il lui est de plus en plus impossible de pouvoir gérer même le minimum de ses affaires courantes. On ne saurait s'interdire de penser à tout ce qu'il aurait dû accomplir si les moyens financiers étaient autres, si les responsables avaient aussi plus de réflexion. La débâcle face au Club Africain était presque attendue. On voyait mal des joueurs sans réelle motivation, en proie à toutes les dérives, ne disposant pas de leur droit le plus élémentaire (salaires et rémunérations), répondre aux aspirations. Il est de plus en plus difficile pour les quelques bonnes volontés qui restent de résoudre l'équation impossible d'être une minorité dans un entourage instrumentalisé. Entre le souci de transparence et le grand déballage, le club s'est égaré. Et les résultats déjà obtenus, et ceux qui suivront certainement, traduisent le danger qui guette le club. On ne voudrait pas ici trop alourdir, mais sur les détails il y a lieu de s'inquiéter sur le sort du ST, à la vue des dérapages qui n'en finissent pas. Le problème se situe au niveau du groupe, des individualités, des noms, des aptitudes, des compétences et des approches. Autant dire que ce qui a été entrepris depuis quelques années n'est pas conforme aux exigences du moment et des temps modernes. La persévérance et la régularité en souffrent. Et après, on s'étonne qu'il y ait un fossé entre ce qui est souhaité et ce qui est possible. On s'étonne que les résultats ne suivent plus. La large défaite face au CA, on ne la voit pas seulement comme un dérapage, mais aussi et surtout comme une déviance constituée et entretenue. Cela confirme l'idée que tous ceux qui sont parachutés aux plus hauts postes de commandement n'ont plus aujourd'hui qu'une durée de légitimité déterminée. La majorité d'entre eux se distingue par un trait commun : ils ne disent pas ce qu'ils font et ne font pas ce qu'ils disent. Il y a dans leur inconscient collectif comme une légitimité de l'échec qui ne cesse, du reste, de provoquer la division et les complots. Sport, argent et pouvoir... Il est souvent difficile d'imaginer ce qui peut se passer dans un match de football, encore moins dans un derby. Mais la prestation des joueurs stadistes suscite le désenchantement. Cela tient vraiment à une faillite à la fois d'ordre individuel et collectif. Des défaillances qui n'ont pas de limites. Des insuffisances qui remettent en cause les dispositions les plus élémentaires du football. Le sort de l'équipe dans la confrontation face au CA ne dépendait pas des joueurs, mais des répercussions d'une préparation faussée. Elle devait exister et parvenir à ses fins. Ce qui était pratiquement impossible. Irréalisable. Plus pitoyable qu'une défaite, plus sinistre qu'une débâcle, plus amer qu'une ambiance polluée jusqu'aux racines, c'est dans l'entourage du club, ouvert à tous les vents, que tout s'est joué. Préjudice moral, préjudice sportif, tout s'entremêle, tout s'entrechoque. Le Stade s'est égaré dans les chemins annexes où se mêlent les dérapages de tout genre. Une situation où l'on découvre et redécouvre la fragilité d'une arrière-garde fragile et fragilisée, d'une attaque silence radio et d'un milieu de terrain sans inspiration et sans imagination. La vérité est que tout ce qui est entrepris au club compromet le présent et obscurcit l'avenir. Autant dire qu'il est dans ses temps de passages inhabituels et qu'il trace sa route dans la confusion, les limites des ressources, l'absence de réflexion et l'échec de gouvernance. Il ne fait plus désormais amende honorable, ni auprès de son public, ni sur la scène sportive. Difficile de savoir aujourd'hui où est-ce qu'il peut aller et comment il peut affronter ses démons, ou encore s'il est vraiment capable de survivre à son destin. Celui de ne pas parvenir à poser le socle de gloire comme on accroche un drapeau au sommet d'une montagne enfin vaincue. La priorité, c'est une vraie réflexion sur la gouvernance du club. Il faut s'interroger sur la manière avec laquelle il est géré, entre sport, argent et pouvoir. Un problème typiquement stadiste qu'il faudra bien exorciser une fois pour toutes. Le ST est au bout du système appliqué au football. On ne peut plus rester dans une gestion molle qui conduit à l'immobilisme.