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Les rendez-vous de l'Histoire de Carthage
Evénement à Beït al-Hikma
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 01 - 2018

La première journée du colloque se présente sous forme d'alternance entre conférences et tables rondes. La première table ronde traite des «Diversités ethniques et crispations» et la deuxième, qui s'est tenue l'après-midi, a présenté un volet thématique d'actualité, à savoir «Palestine, concurrence des histoires».
L'Académie des sciences des lettres et des arts, Beït al-Hikma, donne un rendez-vous avec l'Histoire. Avec l'Université ouverte et l'Institut du monde arabe à Paris, Beït al-Hikma organise le deuxième rendez-vous de l'Histoire de Carthage sur le thème «Le Monde arabe, de l'historiographie à l'Histoire». Le thème de la première session, ayant déjà eu lieu le 17 février 2017, avait porté sur la région du Maghreb, la présente session qui se tient sur deux jours, les 4 et 5 janvier, s'interroge sur la question de «Repenser les récits nationaux, le Machreq en questions».
La séance inaugurale s'est tenue en présence du président de l'Académie, Pr Abdelmajid Charfi, de la directrice du département des sciences humaines et sociales de l'Académie, Pr Mounira Chapoutot-Remadi, et du co-président de l'association tunisienne Al Jamiaa al-Maftouha (JAM), Pr Zine Al Abidine Hamda Chérif.
Si les points de convergence existent entre le thème de la première session, «le Maghreb», et celui de la deuxième, «le Machreq», comme le fait remarquer Pr Charfi lors de son mot de bienvenue à l'adresse de ses hôtes, des distinctions importantes existent. Et le professeur d'ajouter : «Lorsque les chercheurs se penchent sur les récits nationaux, c'est parce que des facteurs nombreux et complexes influencent les récits. Ainsi, il est nécessaire de préciser qu'outre les facteurs externes et les politiques coloniales de l'époque moderne, il y a l'héritage historique de plusieurs siècles dont il faudra tenir compte. La politique du Sultanat ottoman qui s'est déployée dans cette partie, par exemple». Une politique directe qui a ses répercussions sur les récits nationaux. Egalement, dans cette région du Machreq, apparaissent les idées et les mouvements naissants du nationalisme arabe, analyse encore le président de Beït al-Hikma, ajoutant que sans devoir évoquer toutes les autres causes qui ont impacté les récits, les chercheurs sont appelés à les recenser et les analyser, afin de trier ce qui est essentiel à la compréhension et déterminant sur les faits, des autres événements aléatoires engendrés par la conjonction de circonstances temporaires.
L'Orient renaît de ses cendres
Présentant quelques aspects de la rencontre, la coorganisatrice de l'événement, Pr. Chapoutot, a exprimé sa gratitude à la Fondation Rosa Luxembourg qui a apporté une précieuse contribution pour en assurer le succès. Elle ajoutera en outre que dans sa note introductive, elle évoquera l'Orient qu'elle connaît bien jusqu'au 16e siècle, étant médiéviste. Ainsi «le Proche-Orient qui à peine né de la fin des empires est entré dans la phase des Etats-nations par la main de l'Occident qui en a fabriqué les contours. Edward Saïd avait raison lorsqu'il disait que l'Orient avait été géographiquement créé par l'Occident. La fascination de l'Occident est aussi présente, certes, mais, autant que la guerre, les crises multiformes, les problèmes des minorités, etc. Les Etats-nations ont été souvent gouvernés par des régimes autoritaires et la guerre est devenue familière, presque banale, toujours présente. La question d'Orient n'est pas finie, elle renaît de ses cendres à chaque fois», énonce dans une note, un brin lyrique, Pr Chapoutot.
De quelle Histoire s'agit-il ?
Le président de la première séance, Pr Moncef Ben Abdjelil, professeur d'Histoire et de pensée islamique ancienne, a lancé des pistes de réflexion inspirées par le célèbre anthropologue Talal Assad présentées dans l'introduction de son livre «Généalogie de la religion». La première fait valoir que les anthropologues reconnaissent bien l'Histoire comme un domaine de réflexion, d'échange et de débat. La question qui se pose est de savoir de quelle Histoire s'agit-il ? s'interroge l'ancien doyen de la faculté des Lettres et des Sciences humaines de Sousse. «Autrement dit, qui écrit l'histoire, qui fait cette histoire, quels sont les enjeux sous-jacents à ces récits qui ont été construits de sorte à pouvoir parler d'un corpus d'Histoire».
Autre observation que Talal Assad commente et que rapporte l'intervenant, traite de la problématique qui tourne autour de l'identité et des minorités. Aujourd'hui puisque c'est le Machreq qui a été choisi comme champ d'exploration et qui reste à redéfinir, «une question fondamentale se pose sur ce qu'on appelle la mobilité. Comment peut-on réfléchir en même temps sur la construction identitaire à travers ce rapport centre-minorités d'une part, et la question de la mobilité d'autre part. Un enjeu déterminant dans la construction subtile de ce qu'on appelle identité. Probablement la réponse à trouver, c'est à travers la perspective qui se manifeste à travers une identité en construction ou identité plurielle », analyse encore Pr Ben Abdjelil.
La troisième question se penche sur l'essence du fait historique, du travail de l'historien qui est appelé non seulement à réfléchir sur le passé mais à définir les appropriations et les explications des faits passés. «Par conséquent, un historien devrait être forcément sociologue, anthropologue, politologue, mais avant tout quelqu'un qui réfléchit de manière très critique de sorte à déconstruire ce qu'il observe autour de lui», conclut le président de la séance.
Les récits nationaux à travers les langues
La parole est ensuite donnée au Pr Layla Dakhli, docteure et agrégée d'Histoire, qui devait traiter dans sa conférence inaugurale du thème «Géopolitique du démembrement au Machreq et construction des récits nationaux : des accords de Sykes-Picot au Printemps arabe», mais elle a préféré tenter de suivre la trace de ce qui se joue dans ce palais. «Si je suis ces traces pour parler des récits nationaux et de la manière de comprendre les démembrements du Proche-Orient contemporain, c'est à travers des lieux qui ressemblent à celui-ci (Beit al-Hikma, ndlr), des lieux qui évoquent des modernités et des récits nationaux. Je parlerai de langues, de savoirs ainsi que de politiques», énonce la conférencière. La période balisée se situe entre la fin de l'empire ottoman et la Première Guerre mondiale et ses suites.
Les rendez-vous de l'histoire de Carthage «qui se présentent comme une occasion pour réfléchir sur l'Histoire de la Tunisie et du monde arabe en relation avec le passé, le devenir et l'environnement géopolitique» ont invité d'éminents intervenants pour en parler, à l'instar de Chérif Ferjani, professeur émérite de science politique, d'islamologie et de civilisation arabe, de Oissila Saâdia, agrégée d'Histoire et directrice de l'IRMC de Tunis, de Abaher El-Sakka, sociologue et chercheur à l'Université de Bir Zeït en Palestine et de Béchir Yazidi, professeur et chercheur à l'Institut supérieur d'histoire de la Tunisie contemporaine.
La première journée du colloque se présente sous forme d'alternance entre conférences et tables rondes. La première table ronde traite des « Diversités ethniques et crispations» et la deuxième, qui s'est tenue l'après-midi, a présenté un volet thématique d'actualité, à savoir «Palestine, concurrence des histoires ». Les conférences s'intitulent entre autres «Récits conflictuels au Machreq : le nationalisme arabe contre la nation » présentée par Pr Ghislaine Alleaume, «Palestine, de la révolution à l'islamisme» du Pr Chérif Ferjani, «De O'rabi à Place Tahrir, la conscience nationale en marche dans l'histoire», par Pr Frédéric Abécassis, ou encore «Les conflits régionaux et les récits concurrentiels des minorités» par Pr Mohieddine Hadhri. Ainsi, «si les hommes politiques maîtrisent les développements que connaît la région et ont leurs propres interprétations des faits, les historiens ont le devoir d'investir le terrain pour jouer leur rôle qui n'est autre que l'analyse scientifique objective de la réalité, tenant compte des avancées des sciences sociales modernes». Des historiens à pied d'œuvre deux jours durant pour interroger sans relâche les faits, les analyser et les commenter. Les actes de ce colloque qui aideraient à déchiffrer sans doute le monde actuel et mouvant dans lequel nous vivons seront certainement publiés ultérieurement.


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