Le scénario du passé va-t-il se reproduire de nouveau, ou est-ce que le CSS et les autres poursuivants ont encore le souffle et la patience pour rattraper l'EST ? Il faut remonter loin, très loin pour voir un écart aussi conséquent entre l'EST à la tête du classement et ses poursuivants . Nous avons parlé de ça il y a une semaine et on revient encore une fois pour lancer un débat sur la suite du championnat et se demander si l'EST, qui a pris le large avec 8 points sur son poursuivant immédiat, a assuré le titre bien avant la reprise. Cela rappelle la longue parenthèse de 1999 à 2004 où l'EST n'avait aucun adversaire et se baladait seule en championnat. Un championnat qui était monotone et déséquilibré à tous les niveaux. Qu'est-ce qui s'est passé cette saison ? On a une EST qui a fait le break lors des 6 premières journées : des victoires de suite (dont deux contestées à cause des erreurs arbitrales en sa faveur contre l'ASG et l'USM), au moment où l'ESS et le CA ont baissé de régime et craqué même sur le championnat local et aussi au niveau continental (l'humiliation des Etoilés contre Al Ahly leur a joué un mauvais tour). Du coup, les Sang et Or, qui ont aussi totalisé 5 points devant leurs adversaires directs traditionnels, survolent la compétition avec un paradoxe et un problème de riches : la manière n'y était pas et Benzarti a dû être limogé et est sorti par la petite porte. Et c'est Kebaïer qui va avoir deux missions : préserver l'avance et l'échappée, et surtout embellir le jeu et exploiter au maximum les potentialités de l'effectif. Y aura-t-il un championnat équilibré et un retournement de situation ou est-ce que les jeux sont déjà faits ? Poursuivants fragiles On se souvient du public espérantiste qui a humilié Benzarti après la victoire du derby et le nul contre le CSS. Ce dernier a fini par partir de l'EST, qui a, pourtant, dominé la compétition mais en adoptant un jeu musclé, direct où trois milieux récupérateurs costauds ont rendu difficile la touche esthétique. Quelques jours après un nul au goût de défaite face au CSS, les Espérantistes (après la défaite du CSS à Monastir) se trouvent avec 8 points d'avance avant la trêve. Ils désignent Kebaïer comme entraîneur et pensent déjà à la suite du championnat avec un objectif clair : rafler un énième titre de champion et améliorer la qualité du jeu pour réussir la campagne africaine (le véritable défi de Hamdi Meddeb). Et les adversaires de l'EST dans tout cela ? Ils n'ont pas sa régularité et la richesse de son effectif et ne peuvent pas tout expliquer par les coups de pouce des arbitres. Contrairement à l'ESS et au CA qui se sont effondrés et sont entrés dans des crises aiguës juste après leur élimination en coupes Afrique, l'EST encaisse les échecs, souffre un peu mais se relève vite et compte sur un réseau solide pour atténuer les effets de n'importe quelle crise. Les Etoilés, qu'on pensait les plus aptes à leur tenir tête jusqu'à la dernière journée, avec un effectif très bon et une longue expérience, ont bloqué après l'humiliation contre Al Ahly. L'arrivée de Madhoui ne va pas à très court terme changer les choses. Pour le CA, c'est l'éternel mal-être et les carences. La sortie de Slim Riahi, la mauvaise qualité de l'effectif qui se vide de jour en jour, les tensions et bras de fer entre les différents clans, ont fait que les Clubistes traversent une période difficile qui va leur rendre impossible un retour sur l'EST. Marchand, qui n'a pu rien faire contre l'ASG dans un match qu'il fallait gagner pour revenir vers le haut du tableau, va-t-il pouvoir réussir un miracle avec cet effectif faible, après le départ en cascade des joueurs de métier ? Venons-en au vrai adversaire de l'EST, le CSS, qui a fait un bond de qualité en comptant sur un effectif stable et qui, maintenant, peut utiliser ses joueurs recrutés. Les jeunes promus dès la saison dernière avec le Portugais Motta ont progressé, et les recrutements bon marché se sont révélés très efficaces (Amamou, Ben Ali, Marzouki, en attendant Hedhli, Zouaghi, Ragoubi et Harzi), mais tout ça ne compte pas beaucoup quand on parle de titre. Le CSS a raté 2 points à domicile face à l'ASG, fêté un nul face à l'EST (mauvais message) et puis une défaite à Monastir et 8 points de retard. En 10 jours, Dridi, qu'on présentait comme le meilleur de sa génération, a pris 2 points sur 9 possibles. C'est comme ça qu'on interprète les chiffres de la course au titre. Les Sfaxiens doivent ne plus perdre et attendre quelques faux pas de suite de l'EST, leur sort n'est plus dans leurs mains. Cette saison risque d'être ennuyeuse avec la mainmise de l'EST qui survole la compétition. Elle est aidée plus par l'irrégularité et la fragilité de ses adversaires que par sa supériorité...