Un regard sur les poursuivants potentiels de l'Espérance nous livre un lot d'équipes qui passent par une période de transition difficile à franchir sans dégâts. On ne laisse pas partir des joueurs clés, des éléments de grande qualité sans en payer le prix Pour instruire ce dossier, il ne s'agit nullement de consulter une boule de cristal. Le sport est, sans aucun doute, loin d'être une science exacte, mais il y a des vérités et des impondérables qui agissent sur le contexte et rendent toute affirmation difficile à soutenir, car les facteurs exogènes auxquels personne ne pourra se soustraire sont réellement incontrôlables. Plus sérieusement, il y a un nombre incalculable de facteurs qui entrent en ligne de compte: les moyens humains et financiers, le milieu ambiant, la qualité de l'aire de jeu et de l'effectif , la disponibilité physique des joueurs, les blessures, le public, l'enjeu, la stratégie de l'entraîneur, le moral de l'équipe et les conflits internes et, bien sûr, la chance. Et c'est loin d'être exhaustif. Les problèmes qui ont poussé l'actuel leader à changer d'entraîneur à deux reprises, alors qu'il caracolait en tête du classement, constituent une illustration parfaite de ces situations exogènes qui interviennent au moment où on s'y attend le moins et de la façon la plus étrange qui soit. Voilà un club qui ne manque de rien, qui peut tout se permettre aussi bien au niveau national qu'international, capable de recruter sans s'endetter les joueurs dont il a besoin, qui est dirigé de manière exceptionnelle pour une compétition qui ploie sous les contraintes financières et ...les bêtises administratives qui coûtent argent et points précieux, qui obligent les différents concurrents à s'endetter au fil des jours et à enfoncer la tête dans le sable pour oublier leurs malheurs, et qui se trouvent du jour au lendemain aux prises avec les exigences de leurs ...supporters. Pour une raison que l'on peut naïvement qualifier de futile, mais qui a eu pour résultat de faire limoger ou de précipiter le départ de deux techniciens de renom, les dirigeants se trouvent acculés et obligés à réagir. Les fans du club trouvaient que leur équipe n'avait pas de ....style de jeu et même si elle gagnait, elle ne faisait pas le spectacle. De quoi pousser un tifosi italien à se suicider en entendant pareille argumentation ! La plupart des observateurs demeurent, quant à eux, convaincus que l'élimination (surtout la manière) de l'équipe en compétition africaine, a été le principal déclencheur de cette crise. Une crise qui ira en s'amplifiant au point de causer d'irréparables préjudices. La réaction finale s'est enfin produite et les changements intervenus semblent avoir apaisé l'ambiance. Il n'en demeure pas moins que s'interroger à propos du cheminement futur de la compétition nationale pose automatiquement la question relative à la vraie raison qui l'a imposée. En effet, avec huit points d'avance, l'actuel leader et symbolique champion d'automne, l'Espérance Sportive de Tunis, semble être à l'abri de toute éventuelle mésaventure. Mais l'essence même du sport invite toute personne sensée à regarder à deux fois avant d'être catégorique. Une avance aussi importante a été remontée par le passé par l'un des adversaires les plus tenaces de l'actuel leader. Ce n'était, à cette époque-là, nullement une surprise, étant donné la valeur individuelle et collective de l'équipe qui avait réussi cet exploit. C'était à l'occasion du championnat de Tunisie de football 1989-1990 qui a été très mal entamée, par le Club Africain. La différence entre le CA et l'EST avait atteint.....treize points ! Sur le plan du fonctionnement, le club "Sang et Or" ne vivait pas du tout une période positive et quelques remous faisaient tanguer dangereusement le navire. La nomination de Faris Abbés à la tête du club et de ...... Faouzi Benzarti comme entraîneur de l'équipe a permis une vigoureuse reprise en main de l'effectif. La mise à l'écart des fauteurs de troubles effectuée sans hésitation aucune a remis tout le monde dans le sens de la marche. Le Club Africain enchaîna une exceptionnelle série de victoires et gagna le championnat. Lors de la dernière journée, les Clubistes avaient battu l'ASMarsa 1-0, sur un but de Kais Yaacoubi. C'est dire que, théoriquement, tout est possible en sport et que sans ces impondérables dont on est gratifié et ces points d'interrogation, que l'on se pose avant et après une journée de compétition, cette activité deviendrait une simple machine à engendrer l'ennui. Mais pratiquement, il s'agit de faire la part des choses. Ceux qui « menacent » la suprématie espérantiste, sont –ils en mesure de changer cette situation qui prévaut ? Un regard sur les poursuivants potentiels nous livre un lot d'équipes qui passent par une période de transition difficile à franchir sans dégâts. On ne laisse pas partir des joueurs clés, des éléments de grande qualité sans en payer le prix. Les jeunes sont certes là, mais ils ne pèsent pas assez lourd face à une formation espérantiste en pleine possession de ses moyens et qui n'éprouvera aucune peine pour se renforcer si besoin est, et qui dispose de toutes les manières d'un choix exceptionnel. Indépendamment de cet aspect technique à une ou deux exceptions, les prétendants les plus crédibles ne sont pas à l'abri des problèmes qui pourraient surgir d'ici la fin de saison. Des problèmes financiers, structurels ou autres de nature à freiner leur élan et à semer le doute dans les esprits. « Les victoires et les défaites sportives sont supposées être symboliques, mais en raison notamment de la médiatisation et de l'appropriation de la compétition par le public, elles mettent en jeu «un honneur qui rejaillit sur la communauté tout entière». La renaissance (malheureusement) d'un régionalisme que personne ne lève le petit doigt pour réprimer au nom de l'unité nationale, provoquera ici ou là des embûches pour les uns ou pour les autres, mais la différence de niveau et la qualité intrinsèque des individualités en présence finiront par payer. Le sport s'il n'est pas une science exacte, le classement l'est. L'actuelle position du leader et la valeur des poursuivants ne sont pas de nature à précipiter les événements. Tout peut se jouer sur un match comme c'est le cas en coupe, mais en championnat, la régularité étant le facteur le plus important, l'Espérance qui est une équipe régulière fera prévaloir cet atout. A moins, bien sûr, que ces sacrés impondérables n'entrent en lice. Nous dirons tout simplement : tant mieux pour le spectacle !